1999, année de l’arrivée de la Dreamcast en Europe, une autre époque, un autre siècle, on payait les jeux vidéo en francs et moi, jeune homme désœuvré ayant laissé tomber la fac de sciences, j’ouvrais ma boutique de jeu vidéo.

 

J’étais un passionné de jeux vidéo, terme fourre-tout pour dire que j’y jouais beaucoup. J’avais laissé tomber la fac où je m’étais égaré ce qui me donnait beaucoup de temps à tuer - et du temps pour jouer à la Playstation cela va de soi -. Un jour j’ai eu l’opportunité de lancer ce projet fou d’ouvrir une boutique de jeux vidéo. « L’opportunité » c’était surtout l’aval de ma famille qui acceptait de me soutenir dans ce projet, moralement et financièrement.

 

Entre le jour où la décision a été prise et le jour où ma boutique a ouvert il s’est passé une dizaine de mois. Cela m’a semblé très rapide, presque vertigineux. Il faut savoir que je ne n’avais aucune compétence en la matière, je ne savais rien de la vente, du commerce, ou de la comptabilité. Je n’étais pas du tout préparé à cette expérience et pour couronner le tout j’étais terriblement timide ; le genre de timide qui se paralyse quand il doit décrocher le téléphone ou parler à des inconnus. Mais bon le projet était lancé, je n’allais pas reculer au dernier moment. Je partais donc de zéro. Il me fallait tout improviser, découvrir, apprendre et gérer.

 

J’étais peut-être timide et introverti, mais je savais ce que je voulais, enfin je savais ce que je ne voulais pas. Je ne voulais pas d’une boutique franchisée sans âme. Je voulais une boutique avec de la moelle, du cœur, de l’âme et pleine de bonnes intentions. Au départ, j’avais l’idée de vendre des jeux vidéo, mais je voulais aussi vendre des livres de science-fiction. Si sociologiquement le terme geek n’existait pas encore, j’avais en tête l’idée que le joueur / acheteur de jeux vidéo était porté sur d’autres domaines comme la SF. Malheureusement, la dimension libraire ne se fera pas par la difficulté que j'ai eu à me forger un catalogue et parce que c'était trop ambitieux pour un débutant de porter ces deux objets culturels. Mais j’avais d’autres idées. À cette époque j’étais déjà hanté par l’idée de valoriser la culture du jeu vidéo. Je voulais profiter de ma boutique pour faire un mini musée de la console où j’aurais fait tourner de vieux jeux vidéo. C’est d'ailleurs une chose que j’ai faite durant quelque temps ; chaque semaine je faisais tourner une vieille console chinée au puces ( à l'époque on trouvait très facilement des antiquités vidéoludiques ) mais j’ai fini par renoncer pour deux raisons. D’une part ce projet occupait de la place dans la boutique et c'était de la place où je ne pouvais pas proposer de chose à vendre, et d'autre part parce que dès qu’on laisse un jeu à disposition les gens abusent pour les plus civilisés, et volent ou détériorent pour les moins civilisés qui ne sont malheureusement pas les moins nombreux. Sinon je voulais aussi que la boutique ait de la gueule. On a donc choisi de faire réaliser un décor de SF par une décoratrice de théâtre. Elle a plutôt assurée pour retranscrire nos idées, mais le rendu est assez difficile à décrire. Le plus simple serait que je vous montre les photos, mais je ne sais plus où sont ces photos. Mais promis, dès que je les retrouve, je les scanne et je les mets en ligne. Et je crois que ça, ça a été réussi.

 

Tout ça c’est pour la forme, la coquille, le contexte, reste la réalité du marché quand on débute, quand on se lance sans franchise, sans expérience et qu’il faut faire tourner la boutique. Les fournisseurs sont gentils, tant que l’on paie, ils fournissent. C’est con à dire, mais c’est très vrai. Bien sûr, quand on est une petite boutique et que l’on commande de petits volumes, on paie le prix fort et on ne peut pas espérer faire de marge sur les jeux neufs. On était prévenu, mais cela reste une réalité qu’il faut gérer. Au départ on se sentait obligé d’avoir toutes les nouveautés en magasin mais il fallait réussir à les écouler. Si on prenait trop d’exemplaire d’un titre qui ne se vendait pas c’était un handicap dans le budget. Il faut ce dire qu’au départ ce n’était pas facile de faire tourner sa boutique sans être jamais dans le rouge. Par contre, sur les consoles et les accessoires à l’époque on margeait un peu plus. Mais bon on ne vendait pas les Dreamcast comme des petits pains non plus pour notre malheur et celui de Sega.

 

Là où l’on faisait des marges raisonnables, c’était sur l’occasion et sur l’import. Rappelez-vous que je vous parle d’une époque où Internet est encore pour beaucoup une chose balbutiante en 56k et l’e-commerce une chose que les gens ont du mal à envisager. Donc pour l’import il fallait passer par les boutiques. Et très sincèrement on n’hésitait pas à abuser sur les prix. Cela pour deux raisons. Chronologiquement la première, c’est que rapidement après notre ouverture, on a été invité un soir à boire une bière par les gérants des boutiques concurrentes. On a cru naïvement que c’était pour nous souhaiter la bienvenue au club, en réalité c’était pour nous faire comprendre qu’il fallait que l’on remonte nos prix sur l’import parce qu’on avait vendu Seiken Densetsu 3 alias Secret of Mana 3 moins cher qu’eux. Ensuite c’est aussi parce que l’on a compris que le mec qui veut acheter en import - que ce soit sur des machines anciennes comme la Super Famicom ou sur des machines récentes comme la Dreamcast - c’est un passionné qui est prêt à dépenser plus que le joueur lambda. Ce sont les mêmes joueurs qui aujourd’hui précommandent des versions collectors hors de prix pour se retrouver avec trois merdes et le même jeu que les autres. Ces gens-là ne semblent pas se préoccuper des prix, pourquoi le ferions-nous à leur place ?

Cette illustration n'a aucun rapport direct avec l'article. Mais j'aime mettre de jolies images en couvertures d'article.

Cette illustration n'a aucun rapport direct avec l'article. Mais j'aime mettre de jolies images en couvertures d'article.

Encore une fois l’import c’est bien en termes de marge mais ça reste un petit volume de vente. Il reste donc l’occasion pour faire son beurre. Et pour vendre de l’occasion, il faut acheter des jeux aux joueurs, il faut donc proposer de bonnes reprises. À cette époque on avait décidé de reprendre en cash les jeux d’occasion parce que nos concurrents ne le faisaient pas. Cela nous permettait de nous démarquer et de nous constituer un stock sympathique. Quand un client vient revendre ses jeux, sa console, ou l’idéal sa console et son stock de jeu, c’est toujours un peu noël. Déjà parce que plus le lot est gros, plus le chiffre que l’on va annoncer au client sera gros et plus il sera content alors que s’il prenait le temps de rapporter le prix à la pièce, il se rendrait compte que la somme est normale, voire un peu basse. D’autre part quand on voit arriver un lot, on a toujours espoir qu’il y ait à l’intérieur un jeu rare ou bien côté. On sait tout de suite que à lui seul il vaut tout le reste du lot mais on garde son sang-froid, on ne s’enflamme pas et on propose un prix normal pour un jeu exceptionnel. Quand le client n’est pas expert, genre la mère de famille ou le noob, on sait que l’on va faire une super affaire, on jubile. Ce genre de moment fait partie des petits plaisirs du vendeur de jeux vidéo.

 

Et mine de rien les petits plaisirs sont rares. Parce que même si le domaine est ludique le job en lui-même est assez difficile, et pour peu que l’on soit timide il est même stressant. Pas difficile physiquement, mais mentalement. Je parle du point de vue du vendeur qui est aussi le gérant et donc le responsable de sa boutique. On court après l’équilibre de ses comptes. Ce qui sort doit rentrer et si possible rapidement. On se retrouve à jongler en permanence. C’est que l’on est à la merci du bon vouloir des clients, et le client est un animal imprévisible. Le plus difficile à vivre ce ne sont pas les jours où les clients se bousculent mais l’inverse, ces journées de février, mars, parfois avril où il n’y a personne, où les gens ne pensent plus à acheter de jeux vidéo. Il fait froid, il fait nuit tôt, la boutique devient presque lugubre et toi tu es là, debout comme un con et tu attends. C’est un peu la même chose en été, juillet, août et leurs longues journées d’attente, mais là tu peux te caler dehors devant ta boutique et regarder les gens qui passent dans ta rue, tu mates les jolies filles en robes, en jupes, sandalettes et peau bronzée et puis les touristes qui quelques fois achètent des jeux vidéo. Mais ça n’empêche pas qu’il y avait des jours où le temps était long, lent, long et où l’argent ne rentrait pas ; les personnes qui entrent et repartent sans acheter semblent te narguer et retourner le couteau dans la plaie. Tu es là et ça t’use, ça te ronge, ça t’obsède. Tu essaies de garder de la tenue, de la contenance, tu évites de bondir sur le moindre client et tu cherches à avoir l’air occupé. Mais ce n’est pas le cas, tu dois vendre, il faut vendre. Tout vendre, écouler ces jeux neufs qui ont coûté un bras et qui ne partent pas, écouler les piles de Fifa qui s’accumulent à chaque fois qu’une nouvelle édition vient la remplacer.

 

Il te faut de l’argent pour payer le loyer, les fournisseurs, et ton employé. Et toi, pour ton salaire, tu verras après. Tu passes à la fin, après les autres, après tout le reste. Tu te consoles avec les jeux que tu t’autorises à ramener chez toi pour jouer. Tu dis que c’est pour le boulot, pour la bonne cause, pour pouvoir parler de tous les jeux. Mais en vérité tu t’en fous, tu n’aimes jouer qu’à quelques jeux, les autres, tu les tests puis tu les oublies. Tu connais suffisamment les jeux vidéo pour en parler même sans y avoir joué. Tu lis les magazines de jeux vidéo et tu brodes, tu improvises. Tu essayes de bien sentir le client pour lui vendre ce qu’il veut, tu es prêt à lui dire ce qu’il veut entendre. Il n’est pas là pour l’objectivité et l’expertise du vendeur. Le client, il veut avoir l’impression d’être l’expert. Alors, tu fais en sorte que ce soit le cas, tu écoutes parler les gens et tu donnes l’impression d’être émerveillé par les banalités qu’ils déblatèrent.

 

Mais là je ne parle que des clients normaux, il y a aussi les geeks d’avant l’heure. Les joueurs compulsifs, ceux qui voient une forme de consécration dans le fait d’être amis avec le vendeur de jeux vidéo. Ceux-là sont gentils mais putain qu’est-ce qu’ils sont lourds. Leur activité principale c’est le jeu vidéo. Très bien, je n’ai pas de soucis avec cela. Mais ils n’ont que ça et ils cherchent quelqu’un à qui en parler - rappel nous étions avant l’époque forum / blog / réseau sociaux et geek triomphant  - donc ce genre de client là, il vient dans ta boutique juste pour te parler, pas pour disserter de façon générale sur le jeu vidéo, son avenir ou dieu sait quoi. Non, il vient pour te raconter sa partie. Vous n’imaginez pas le nombre de joueurs qui sont venus me raconter leurs parties de Final Fantasy VII, ou de Sky of Arcadia ou pire de Pokemon comme s’ils me racontaient leurs vacances à la plage. Ils ne se rendaient pas compte que toutes les parties se ressembles, que l’on était tous passé par les mêmes endroits dans FF VII. Au début, tu trouves ça mignon mais quand ça devient régulier, les joueurs qui vivent par procuration à travers les jeux vidéo c’est lourd.

 

Et puis il y a les boulets, je vous parle de l’échelon au-dessus. Ils sont moins nombreux heureusement, mais aux combien détestables. Quand un matin d’hiver, tu arrives pour ouvrir ta boutique et que devant le magasin fermé tu vois qu’il est là tu sais que ta journée sera longue. Il te serre la main avec ses mains moites, il garde son horrible manteau et toi tu essaies de mener ta journée à bien. Tu commences par le ménage parce que c’est important de présenter une boutique clean et lui il est là dans tes pattes. Il te raconte son week-end et tu t’en fous d’une manière phénoménale. Quand tu as un client, il essaie d’intervenir, il t’interrompt pour donner une information idiote. Tu as envie de lui mettre une claque, et même deux, mais cela ne se fait pas. La matinée se passe et il est toujours là, s’il y a un siège, il s’assoie - c’est pour cela que je les ai retirés les sièges - tu apprends qu’il n’a pas cours ou qu’il ne travaille pas. Tu en déduis aussi qu’il n’a aucun ami, aucune vie, sinon il ne serait pas là. Quant à midi, tu fermes pour aller prendre ta pause et manger tu dois le mettre dehors et il promet de revenir. À une époque, on ne fermait pas entre midi et deux et il est arrivé que le boulet envisage de pique-niquer dans la boutique.

 

Il y a aussi les situations de crise à gérer, c'est-à-dire quand une bande de jeunes gamins - entre 10 et 15 ans - viennent mettre le bordel dans ton magasin. Tu as déjà essayé d’appeler les flics, mais ils arrivent entre 15 et 20 minutes après - alors qu’il y avait un commissariat à cinq minutes à pied - alors tu essaies de gérer ça seul. Mais ce n’est pas simple, même quand on est deux, il faut gérer les clients et gérer les sauvageons. Mais comment ? Tu te dis que tu ne peux pas les frapper, tu menaces, tu invectives mais ça les fait rire. Tu ne sais pas comment gérer, tu stress, tu es en tension et les sauvageons c’est comme les animaux sauvages, ils sentent que tu stress. Mais les situations de crise finissent toujours par se terminer, soit ils se lassent, soit tu finis par les mettre dehors, soit ils repartent d’eux même, c’est souvent le moment de faire le point sur ce qui a été volé. Il faut être solide pour enchaîner les jours, parce que tu sais que la réussite de ton projet est contingente à ta présence. Tu dois assumer quoi qu’il arrive, que tu déprimes, que tu stress, que tu désespères. Le simple vendeur, il peut venir et mettre sa tête sur off, il peut bosser en pensant à autre chose. Mais toi tu ne peux pas. Quand il faut virer ton unique vendeur que tu avais engagé parce que c’était ton ami ce n’est pas facile, quand tu dois licencier un vendeur parce que tu ne rentres pas assez d’argent ce n’est jamais facile.

 

Bien sûr, il y a les bons moments, les belles rencontres, la sortie des grands jeux où l’arrivée d’une nouvelle console. J’ai eu la chance d’être en place au lancement de la PS2, même si les attentes des joueurs étaient bien moins grandes que ce que l’on peut connaître aujourd’hui avec la sortie de la génération PS4 Xbox One c’était quand même quelque chose. L’effervescence des précommandes, la peur de ne pas être livrée, les clients qui sont là depuis le matin et le livreur qui n’arrive toujours pas et puis la console qui est là, les yeux qui brillent, et même l’émotion des clients du day one ça te touche. Tu es content. Et puis il y a les liens que tu crées avec les bonnes personnes qui deviennent des amis, les petites habitudes. Le mec qui ressemblait à Francis Lalane qui habitait à côté de ta boutique et tous les soirs à la fermeture il venait faire quelques parties de Soulcalibur et il te mettait à chaque fois des dérouillées d’un autre monde en sortant des combos que tu n’avais jamais vu. Et après t’avoir humilié deux trois fois il rentrait chez lui aussi énigmatiquement qu’il était venu.

 

C’est vrai que toi à force d’être dedans, tu joues moins, tu joues toujours, mais avec moins de passions, moins d’acharnement. Tu penses au bilan et à ton comptable qui ne sait toujours pas si tu dois repayer la TVA sur les jeux d’occasions. Tu penses aussi à devenir moins honnête. Ce n’est pas de toi que vient l’idée, mais de ton comptable. Justement il te conseille de seulement déclarer ce qui est nécessaire pour couvrir les frais et les salaires et tout le reste le faire au noir. Tu hésites, mais si c’est lui qui le dit … C’est comme quand le livreur, un bon gars que tu connais un peu parce qu’il t’achète des jeux de bagnoles pour sa Playstation, est venu te voir pour te proposer « un plan ». Il t’a expliqué que la prochaine fois que tu fais une grosse commande à ton fournisseur, tu le préviens à l’avance et lui il fera en sorte que ta commande se « perde » au dépôt. Bien entendu le livreur aura récupéré le colis et il te le donnera, à condition que tu lui paie à lui et en liquide la moitié de ce que représente la commande. Financièrement ce n’est pas honnête pour deux sous, par contre c’est très rentable. Tu l’as fait une fois pour voir si ça marchait, mais tu hésites à recommencer, tu n’oses pas, tu as peur. Tu manques des occasions de t’enrichir parce que tu as trop d’éthique et pas assez de couille. Pourtant l’éthique elle ne t’étouffe pas quand il s’agit de pucer les Playstation pour qu’elles puissent lire les jeux imports, et les jeux gravés aussi. On avait rencontré un jeune mec sympa, très doué avec un fer à souder. Je fournissais les puces, les clients et lui la main-d’œuvre. Il prenait 30% du prix de la pose, vu que les puces ne coûtaient rien c’était gagnant pour lui, gagnant pour moi. Pendant tout le temps que la boutique a été ouverte, on n’a foiré qu’une seule console. On faisait aussi dans la réparation, changement de bloc optique et nettoyage en tous genres. Là-dessus les marges étaient plus que grasses, on n’hésitait pas à faire payer le prix fort juste pour un petit nettoyage si la console fonctionnait à nouveau normalement.

 

Après deux ans d’existence, j’ai compris que vendre du neuf ne servait plus à rien, il était difficile d’être exhaustif et de marger sur les titres neufs. Donc petit à petit j’en suis venu à ne faire plus que de l’occasion et des goodies. Pourtant au départ j’étais très dubitatif sur ce marché-là. Je me disais que jamais personne n’achèterait des figurines de jeux vidéo, ou des produits dérivés. Je ne sais pas pourquoi, mais dans ma culture personnelle le produit dérivé c’est une chose mauvaise, c’est le mal, le diable, c’est un sous-produit. J’avais tort sur toute la largeur de cette idée. La boutique vendait donc de l’occasion, de l’import et des goodies. J’avais fini par trouver un équilibre économique à tendance positive. Mais pour en arriver là il fallait que je sois seul, plus de vendeurs, juste quelques amis pour dépanner quand il y avait besoin. Ce n’est pas tant la charge physique de travail qui était difficile à supporter mais la pression nerveuse que je me mettais. Même si j’étais à l’équilibre, c’était un équilibre précaire, certains mois je ne pouvais pas me payer et il fallait tout gérer seul, du ménage à la gestion du stock en passant par les mises en place de vitrine, de décors, de thème, la gestion de la clientèle alors que j’étais toujours aussi timide et introvertie qu’au début, la gestion des boulets, des cons, des sauvageons, etc.

 

C’est l’accumulation de cette pression morale mêlée à une forme de lassitude qui m’a conduit à décider d’arrêter. J’avais ouvert la boutique en décembre 1999 pour profiter de Noël, et je l’ai fermée en février 2003 après avoir profité de Noël et des soldes d’hiver pour finir sur une bonne note. Je ne sais si cette expérience est une réussite ou un échec, à l’époque je l’ai vécu comme un échec, mais aujourd’hui je la vois comme une réussite. Elle m’a changé profondément. Aujourd’hui je n’ai aucun regret, aucun remord, à ce sujet, mais parfois j’ai un peu de nostalgie parce que je me dis qu’avec l’expérience accumulée et les outils qu’offre internet pour communiquer je ne ferais pas les mêmes erreurs et je conduirai ce projet de boutique de jeux vidéo différemment. Mais bon, en voyant la déroute de la franchise Game, la disparition des petites boutiques, la montée du dématérialisé, je doute que se lancer dans la vente de jeu vidéo soit judicieux aujourd’hui. En tout cas si on s’y prend de manière classique. Mais je suis sûr qu’il y a de la place pour quelque chose de différent, pour quelque chose qui ait une âme et une vision si radicale et tranchée qu’elle occuperait un segment unique sur le marché. Malheureusement je n’ai pas encore cette idée.

 

C’est un article confession. Un #jeudiconfession avec un jour d’avance. Je l’ai écrit suite à un tweet où l’on me demandait quel était mon quotidien quand j’avais ma boutique de jeux vidéo. J’ai essayé de répondre à la question de la manière la plus simple, la plus directe, la plus franche, la plus honnête. Je réalise que tout ça c’était il y a dix ans, c’est impressionnant. C’est un autre monde, c’était aussi un autre moi. Parce que ce que je dis à la fin de mon article est vrai, cette expérience m’a changé, radicalement changé. Entre le Rémy timide, introverti et terrorisé par le monde et le Rémy que je suis aujourd’hui il y a un monde. Et j’ai changé juste après avoir fermé ma boutique. C’est donc qu’il y a bien un lien de cause à effet.

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