Je suis un joueur de jeux vidéo de déclin
02 déc. 2013Hier encore j’étais à la pointe. À la pointe de la technologie, enfin en tout cas à la pointe de la technologie vidéoludique ; j’avais une console de dernière génération, une manette pour détecter le mouvement, une connexion aux réseaux et le sentiment d’appartenir au présent et au futur ; Mais depuis peu tout cela est fini. Terminé. Le futur tourne la page. Le présent aussi. Et moi voilà, je reste sur le recto, sur le revers de cette page tournée et je me sens comme un con.
Oh, pourtant j’étais là cet été devant la conférence Sony qui annonçait pour l’hiver sa nouvelle console, j’étais là sur la toile à écouter avec une certaine incrédulité bien que le terme ne soit pas juste, disons que j’étais là, j’écoutais, mais cela restait abstrait. C’était hier, et aujourd’hui elles sont là les consoles de la nouvelle nouvelle génération, consoles superstars qui passent dans ma télévision, dans les journaux, dans les médias mainstream. Il n’y a pas de doute à avoir, je suis devenu old school. Comme ça, d’un coup, hier encore j’étais à la page et aujourd’hui je me retrouve de fait amateur de rétrogaming. Et je déteste le rétrogaming ; enfin je détestait ça avant que d’en faire parti de fait, de force, par la force des choses.
Ce matin je regarde ma PS3, ça fait des semaines que je n’y ai pas joué, elle arbore fièrement un couleur grise dû à la couche de poussière sur le dessus de sa coque noire et il y a quelques toiles d’araignée sur les coins ; c’est un signe, un message. Bien sûr, j’exagère, en tout cas un peu - mais pas sur mon aversion du rétrogaming, j’ai réellement eu toujours du mal avec le concept de rétrogaming est un de mes tout premier article parlait de cela d’ailleurs, En finir avec le rétrogaming ! ni sur la poussière je n’ai pas fait le ménage récemment - et je sais que je ne suis pas devenu du jour au lendemain un joueur has-been rétrogradé à la case de rétro-joueur ou pire de joueur du grenier. La vérité nue c’est que je suis devenu un joueur qui pratique le entre-deux-eaux-gaming ou le jeux-vidéo-de-déclin : un joueur-de-crépuscule. Ma console n’est plus un fleuron de l’industrie du divertissement vidéoludique de pointe, la vedette a été prise par des consoles plus jeunes, plus puissantes, plus connectées, plus je ne sais quoi encore, plus chers surtout, plus vendeuses, plus racoleuses aussi, plus hypes, plus tendances et je suis sûr qu’elles sont même plus swag. Mais ma console et l’autre de sa génération vont connaître un entre-deux vidéoludique parce que des jeux sont encore programmés pour leur ventre fatigué, des sorties vont avoir lieu encore, quelques-unes, sûrement un grand hit encore, peut-être deux, on va continuer de jouer avec, de trouver du monde sur les serveurs pour faire semblant que l’on possède encore quelques amis joueurs virtuels. Mais le crépuscule n’a qu’un temps, il est beau, flamboyant et puis c’est la nuit.
La page se tourne, le monde change et moi, c’est con, mais je me sens seul. Je me demande pourquoi tu as cédé si vite aux sirènes de la nouveauté. Il est vrai que le joueur de jeux vidéo, le geek, le gamer, c’est ce que l’on fait de mieux en niche sociale de consommateur ; influençable, avide, versatile, consumériste et ostentatoire. En écrivant cela - j’écris cela avec une pointe d’ironie moqueuse, je dirais 27 % et donc 73 % de sincérité sérieuse - je me demande si le geek n’est pas à ce titre l’archétype social le plus postmoderne et donc le plus adapté à la pensée contemporaine … Bref, c’est une piste à explorer ultérieurement. Le joueur est donc presque conditionné à être attiré par la nouveauté comme le moustique par la lumière, même s’il sait le geek que cette premier fournée de console possède infiniment moins de jeu que la génération précédente et que cette fournée technologique va essuyer les plâtres du tâtonnement dû à une sortie presque prématurée. D’ailleurs, je ne saurais que trop peu vous remercier de cela. Parce que c’est sûr, à mon tour j’y viendrai à la next-gen, je veux dire la next-next-gen, j’y viendrais plus tard quand la machine ronronnera, Quand ces consoles offriront une expérience de jeu réellement nouvelle. Pour le moment, je vis très bien de me passer d’un gap esthétique. C’est quand les jeux vidéo seront enfin différents sur les nouvelles consoles que je ressentirai le besoin impérieux d’y venir. À moins que le sentiment de solitude du joueur de jeux-vidéo-de-déclin m’y pousse avant …
Pour le moment j’ai une tonne de jeux auxquels jouer, des jeux à découvrir, des jeux à finir sur ma PS3. D’ailleurs le dernier jeu offert sur le PSN premium que j’ai téléchargé c’est Remember Me. Je ne sais pas vous, mais j’y vois comme un message. Soit en certaine Playstation 3 je ne t’oublie pas.
C’est un article de retour, un article de reprise, on sent que j’ai la plume un peu grippée encore bien que j’aime beaucoup cette idée qu’entre le retrogaming et le gaming actuel il puisse y avoir un jeux-vidéo-de-déclin, formule que je trouve aussi belle que juste - et je ne dis pas ça parce que c’est moi qui vient de l’écrire. Joueur-de-crépuscule c’est joli aussi mais ça fait trop penser à une classe de personne en jeux de rôle. J’espère que personne ne pensera que si j’ai écrit cet article c’est parce que je suis aigri ou trop pauvre pour être passé à la nouvelle génération. Ni que je fais un reproche aux joueurs qui y sont passés. Certes j’écris à un moment que le geek est influençable, avide, versatile, consumériste et ostentatoire mais ce n’est pas méchant et en plus je suis sûr qu’une partie d’entre vous est d’accord avec moi. Bref, un article à 3/5 pour un retour je trouve ça plutôt cool. Et puis ça me donne envie d’écrire encore. Merci de votre lecture et de votre fidélité - sous-entendu votre capacité à ne pas m’oublier même quand je n’écris plus d’article -.