Sleeping Dogs un an après ...
14 févr. 2014Il y a longtemps que je voulais faire ça, c'est-à-dire avec la distance et le détachement que permet le temps, rejouer à un jeu et mettre à l’épreuve mon jugement initial. Dernièrement l’amie Margoth a publié dans son Antre une série de carnets de bord plutôt inspirés et élogieux sur Sleeping Dogs et cela m’a donné envie d’y rejouer. Je n’avais plus touché à ce jeu depuis le printemps dernier, suffisamment de temps pour que le jeu laisse dans mon esprit un souvenir plutôt positif …
Je suis donc retourné dans Sleeping Dogs pour jauger de mes souvenirs. Et il n'y a pas à dire, ce sont les combats qui sortent vraiment du lot ; ce GTA-like a prit le parti de se spécialiser dans une phase du gameplay afin de donner au titre une mécanique jouable, intéressante et surtout cohérente avec l'esprit du jeu. Je reproche souvent aux GTA-like, et à GTA lui-même, d'être moyens dans tout et de n'exceller nulle part à cause de gameplay trop génériques et approximatifs. Mais Sleeping Dogs a bien travaillé ses phases d’action à mains nues, en m’y replongeant j'ai retrouvé ce que j'avais aimé, la précision d’un gameplay très simple qui construit un rythme lent, rapide, lent, rapide, au sein même du combat. Et plus le temps passe et plus j’accorde de l’importance à la gestion du rythme dans un jeu. Ses fights de rue qui passent par des phases d’observation, d’attaque, de contre, de finish fleurent bon l'esprit des films d'action asiatiques. C’est simple, c’est dans un esprit old school et du coup ça ne vieilli pas.
Malheureusement, expurgé de son scénario, l’univers de Sleeping Dogs tombe en désuétude absolue. Déjà, au départ, quand on découvre le jeu, le scénario peine à captiver. Par contre, la narration distille les phases d’action, gunfight épique ou combat de rue intense et construit elle aussi un rythme. Ces scènes héroïques étaient rares, cela créait une frustration agissant en catalyseur d’émotions fortes quand ces sécances jaillissaient dans le jeu. Sans le support du scénario, le monde de Sleeping Dogs révèle son infinie vacuité. La ville dort, la ville est vide, les missions annexes sont anecdotiques et très vite lassantes. On se promène dans un jeu où il ne se passe rien, on cherche à provoquer l’action mais elle ne prend pas. Et c’est d’autant plus dommage que la mécanique est bonne et elle donne du plaisir. La rejouabilité est donc très faible, c’est ennuyeux, j’ai comme une grosse impression de gâchis. Bien sûr cela pose la question des DLC, elles existent pour Sleeping Dogs mais cela vaut-il la peine de dépasser une sommes assez conséquente pour quelques heures de plus ?
Le jeu n’est pas moche et la ville assez vaste, et pourtant je m’y sens mal à l’aise. La faute à cette sensation désagréable que j’éprouve quand je traverse ce lieu purement artificiel. Cela fait naître en moi un sentiment d’angoisse qui n’a pas sa place dans un tel type de jeu. Ce Hong Kong de pixel manque de vie, et pour moi cela se joue au niveau de l’ambiance sonore. La ville est aussi silencieuse que vide. Même quand on monte dans un véhicule et que la radio se lance - gimmick nécessaire à tous les jeux voulant revendiquer une filiation à GTA - les musiques sont molles, les stations sonnent creuses. Et c’est un comble, parce que si GTA est moyen sur plus d’un point de gameplay on doit lui reconnaître sa parfaite mise en ambiance par le son, la musique et une playlist toujours au service de son univers. C’est ce qu’il manque à Sleeping Dogs : une musique et un univers.
Je me demandais avant de rejouer à ce jeu si mon avis allait être différent de celui que j’avais eu au printemps. Je viens de relire ce que j’avais écris à l’époque et tout était déjà en place. Je trouve même mes critiques particulièrement pertinentes, éclairées et éclairantes sur ce jeu. Du coup ce retour dans le temps n’apporte rien en matière de regard sur le jeu. Mais j’avais envie de le faire, rejouer et réécrire sur au sujet d’un jeu déjà connu. Ma vision ne change pas, c’est logique, mais je suis un peu déçu parce que j’aurai espéré changer d’avis. Oui c’est idiot.