Captain America : le soldat de l'hiver contre la bouteille d'eau
18 avr. 2014...
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Je me demandais, Captain America : le soldat de l'hiver on en parle ?
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Oui, je demande si c'est utile parce que c'est un film que l'on oublie. Pas tant parce que c'est un mauvais film, juste parce que c'est un film qui peine à inscrire une trace mémorielle au spectateur. J'ai l'impression qu'il y a longtemps que Marvel ne nous a pas pondu un film si calibré ; ça a toujours été le cas bien sûr mais les réalisateurs arrivent parfois à glisser un touche plus personnelle qui rend les films intéressants. D'ailleurs le Captain America premier du nom est un bon exemple de cela, d'un film de super héros qui parvient à prendre quelques aises et déployer dans les interstices de la calibration quelques élans intéressant avec son ambiance rétro burlesque. Avec sa suite, Captain America : le soldat de l'hiver on tient une caricature de blockbuster avec plus de block que de buster. Si j'avais une chose à faire ressortir de ce film c'est la prestation de Chris Evans en Candide à gros bras. Il faut dire que je me faisais de Captain America le personnage une tout autre vision que celle défendue par l'acteur. Je connais peu et mal le capitaine de l’Amérique en dehors des films. Pour moi c'était un bon gros patrioteva-t-en-guerre, prétentieux et porté sur la baston - parce que je l'ai surtout connu via les jeux de combat avec de vrais morceaux de super héros à l'intérieur -, bref je m'en faisais l'idée d'une sorte de George Buch avec des muscles et des collants. Au lieu de cela les films développent un Captain America plutôt candide, naïf, introverti, un vrai gentil au grand cœur qui connaît le doute et l'hésitation. Et je dois reconnaître que cette distance prise d'avec la caricature que j'en avais me plais bien. Mais sorti de cela, ce Captain America : le soldat de l'hiver me laisse perplexe. Je trouve les personnages plats, les scènes d'action poussive, le dialogues pauvres, l'humour asthmatique. Il y a dans tout le film comme un manque d'entrain, d'intérêt, d'engouement, de plaisir, qui donne la sensation que tout le monde, des réalisateurs aux acteurs en passant par les scénaristes ont travaillé proprement mais sans passion, sans envie. Et du coup, les quelques plans spectaculaires retombent assez vite dans l'anonymat de ce film. Ni mauvais, ni bon, juste du travail trop industriel, trop calibré, trop dicté par le marketing.
Je me disais avant d'aller le voir que cela allait être bien de pouvoir au moins matter Scarlett Johansson et son fameux décolleté so gorgeous, mais ce n'est même pas le cas, vu que la plupart du temps, elle est cantonnée à des costumes sans Eros apparent.
Je ne vais surtout pas vous parler du tarif exorbitant de ce film justifié par une 3D absolument sous-exploitée, invisible et inutile. Je l'ai vu après avoir vu 300 la naissance d'un empire, et franchement je préfère dix fois payer le prix pour voir un navet de série B qui assume sa 3D de façon un peu burlesque et foraine que de payer le prix fort pour un film comme
Captain America : le soldat de l'hiver dont la 3D est diluée dans le cahier des charges. Pour clôturer cette critique qui n'en est pas exactement une je voudrais terminer sur une comparaison, un match, mettre dos à dos ce film et un autre objet culturel afin de souligner les qualités de chacun.
Je voici donc Captain America : le soldat de l'hiver Vs une bouteille d'eau !
Pour les besoins de la cause j'ai choisi une bouteille de Quézac parce qu'à l'évidence son profil et sa couleur se rapproche le plus de Captain America.
Dans les deux cas, nous sommes en présence d'un produit très bien calibré, testé en laboratoire, soumis à mille et un contrôles de qualité avant d'être mis sur le marché. La forme ergonomique de la bouteille et la forme cinématographique de Captain America sont toutes les deux les fruits d'intense brainstorming des hommes et des femmes du marketing et de la communication qui se sont réunies pour donner naissance à un joli contenant de couleur bleue se revendiquant d'une histoire et d'un terroir plein de bonnes intentions. Jusque-là les deux objets culturels sont au coude à coude. Captain America est là pour sauver le monde, il lutte contre les méchants agresseurs et défend les opprimés, la bouteille de Quézac peut vous servir, elle aussi en cas d'agression, à condition qu'elle soit pleine, elle ferait un excellent projectile - comme le bouclier du capitaine - et si vous la preniez par le manche, elle ferait une arme contondante improvisée du plus bel effet. Par contre, si vous tenez le capitaine par le manche l'effet risque d'être différent ... Dans le cas de la bouteille de Quézac comme dans celui du Captain America, nous avons à faire à deux beaux objets pleins d'eau. Dans un des deux cas cela confère une qualité à l'objet en question, dans l'autre cas, nous trouverons là matière à déception. Bien sûr, la bouteille de Quézac est plus facile à transporter que le Captain America, d'autant plus que l'on ne trouve pas de super-héros par pack de six au supermarché. L'eau de Quézac est mise en bouteille après avoir longtemps séjourné sous Terre ; vous remarquerez qu'il en va de même avec le Captain America qui est resté longtemps sous Terre, pris sous la glace, avant de rejaillir à la surface et d'apporter ses bienfaits aux gens. La bouteille de Quézac dès qu'elle est vide peut être facilement recyclée, le Captain America aussi.
Pour conclure, je crois que nous pouvons déclarer un match nul entre Captain America : le soldat de l'hiver et la bouteille d'eau. Les deux objets partagent les mêmes intentions, les mêmes formes, les mêmes principes et ne divergent finalement que sur l'origine du terroir et sur la somme engagée par le marketing.
Les plus instruits d'entre vous et les plus vieux aussi auront peut-être saisi le clin d’œil présent dans cette critique. Un clin d’œil a un test paru dans Joypad quand j'étais adolescent. La plupart du temps, les jeux étaient comparés à d'autres jeux dans un face à face cohérent, mais il était parfois possible de voir passer des comparaisons absurdes ou idiotes dont le fameux, le très fameux, le mythique, le mythologique Q Bert contre le flan aux pruneaux. Cette critique est donc un hommage à la critique de l'époque, à cette blague potache qui m'a suffisamment marqué pour me donner envie d'écrire un jour mes propres critiques de jeux vidéo.