Voici cinq objets pour ce joli projet, cinq objets qui m’appartiennent, qui n’en sont parfois pas qu’un, et qui sont tous hors sujet ou presque… m’en voudras-tu s’il n’y a ici aucun jeu vidéo ? Je suis une sorte d’ombre dans cet univers, celui qui va chercher les bières quand le réseau s’installe, joueur, pourtant, et, si je revendique mon désintérêt des choses matérielles, ces objets – et d’autres – sont bien là, entre mes mains, chez moi, et il faut bien dire qu’ils me dévoilent...

 

Un goban, cadeau superbe, pour un jeu que je maîtrise mal, mais qui me fascine précisément par la beauté de l’objet : noir, blanc, et l’immensité des possibles. Le go me rappelle aussi que je suis un grand joueur (grand par l’intérêt que je porte au jeu, c’est tout !) et que mes amitiés les plus intimes se sont construites autour du jeu – j’y reviendrai avec Cyberpunk, plus bas, mais maintenant il faut aussi dire que le Go me fait penser à un roman de Kawabata (Le Maître ou le tournoi de Go), puis à un autre, Pays de Neige et l’homme qui passe un doigt sur la buée dans le train, pour observer le profil d’une jeune femme, et se demande s’il est indiscret …

J'ai envie de paraphraser ces images avec une formule telle que - arts manuels J'ai envie de paraphraser ces images avec une formule telle que - arts manuels

J'ai envie de paraphraser ces images avec une formule telle que - arts manuels

Deux flûtes, une traversière et une flûte à bec alto en bois, très belle, dont je ne sors plus aucun son maintenant, mais qui est sans doute l’objet le plus précieux chez moi, un prolongement oublié de mon corps. Des tentatives diverses, toutes avortées ou mort-nées, et un signe de solitude, de la musique baroque au rock psyché, des moments électroniques bristoliens aux accents moites et bronzés des ventres rebondis de bière frappée do brazil.

 

Cyberpunk 2020, le jeu de rôle sur table, un parmi quelques autres, qui m’ont lancé dans l’écriture – mais celui-ci, Cyberpunk, fait des échos biomécaniques aux univers post-apocalyptiques, divers ou semblables, ceux des romans de Gibson, ceux de tas de jeux, surtout Car Wars et tous les jeux de Croc (ou presque), les combats de nains et de trolls dans les campagnes de Warhammer, le sérieux de Caylus (qui, du haut de son Moyen-âge, n’a rien à voir) et sa mécanique huilée au millimètre ou l’illustration de l’art de la fourberie manipulatrice de Diplomacy, sans doute LE jeu, ZE game, pour l’économie de moyens et sa résonance intime, la violence bien plus sournoise dans les phases de discussion hors plateau sur le plateau lui-même.

Dans le jeu, la place que je donne aux jeux vidéo est petite, toute petite, j’aime cet univers sans le connaître et sans y passer du temps, sauf pour les jeux cathartiques à la Left 4 Dead qui me permettent de flinguer (des zombies et) toute une semaine en terminant à 4 ou 5 heures du matin, un lundi, avant d’aller bosser, à refaire avec un pote, en parlottes, le dernier scénario, une bière et une clope à la main, face au gazouillement des oiseaux. Ça délégitime un peu toutes ces lignes, mais alors ? J’ai découvert, tard, mais j’aime, Farbrausch et leurs démos, donc, même si ce n’est pas du jeu, tout va bien, non ?

Portrait culturel d’un joueur - Naphta  Portrait culturel d’un joueur - Naphta

Lorna (Brüno), qui ouvre une porte sur la BD / les comics / les mangas, où le graphisme jaune et noir et l’histoire à-la Rubber (Quentin Dupieux) me rappelle que, de temps en temps, je parviens à rester connecté à la création contemporaine, et que, quand je travaille avec la conviction d’une certaine radicalité, je suis heureux de la retrouver, vierge et fraîche, dans mes goûts – à Lorna s’ajoutent tous ceux qui dessinent de jolis motifs poussiéreux sur mes étagères : Blast (Manu Larcenet) ou L’entrevue (Manuele Fior) ou … et qui me rappelle aussi que, de trains en bus en tram, j’ai souvent eu le temps de lire matin et soir, et que, maintenant, ce temps m’échappe – comment lire A la recherche du temps perdu quand on veut faire mille choses ? Je suis un dilettante velléitaire, mais j’aime lire, de la BD, des romans – et les romans, il faut que je les tienne, les possède, les range : le bouquin de poche comme objet culturel par excellence (numéro 1).

 

Un ordinateur portable, où j’écris, où je range mes photos, où je me suis refusé très longtemps à mettre de la musique, précisément par fétichisme pour mon objet culturel par excellence numéro 2, qui garnit des bacs dans mes salons successifs : le CD, pour lequel je traine de médiathèque en médiathèque, de ville en ville, dans lesquelles je glane, par simple délit de faciès, des sons, que je copie et grave (ô honte – mais je ne crois pas à l’art professionnel, bordel ! alors il ne reste de ce ô honte que le plaisir d’écrire « ô »), et que, pendant très longtemps – et même jusqu’à aujourd’hui : je n’ai pas abandonné mes jaquettes comme j’ai abandonné mes flûtes ! – j’ai illustré savamment de photos recadrées, coupées ici où là dans des magazines, sur des flyers, dans mes propres prises de vues… Alors, pour incarner cet objet, je choisirai Throw down your arms, de Sinead O’Connor, et ma jaquette au crayon – la carte de la Jamaïque.

J'admets que cette illustration de "l'ordinateur portable est un petit peu outrancière et un petit peu hors sujet, mais je trouve ça frais comme illustration. Et puis sur mon blog je suis Dieu !

J'admets que cette illustration de "l'ordinateur portable est un petit peu outrancière et un petit peu hors sujet, mais je trouve ça frais comme illustration. Et puis sur mon blog je suis Dieu !

Merci grand à Naphta pour sa plume généreuse et cet amour passion pour les jeux, les objets, la culture et la valeur symbolique des choses. Je ne connais pas vraiment Naphta pourtant je peux vous dire que son portrait lui ressemble ; il ressemble à sa plume et à sa prose débridée - que dis-je, parfois dévergondé -. En plus une personne qui comprend sans que je n’ai à réexpliquer le principe des portraits culturels et une personne qui offre un tel article ne peut être qu’une bonne personne ; un humain dans ce qu’il y a de meilleur et un humain numérique généreux - merci à lui - merci à vous pour votre temps de lecture.

 

Tu aimes les portraits culturels mais tu es trop paresseux pour en écrire un ? Alors tu peux toujours lire les autres ici : Portrait culturel de joueur & joueuse

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