La critique express et retardée d’un grand mauvais film : Les chevaliers du Zodiaque
02 avr. 2015- ici une énième tentative d’accélérer la prose et de libérer la plume de l’auteur de blog en moi -
Chaque génération possède ses névroses, ses madeleines culturelles qu’elle chérie vouant une forme de culte un peu désuet à son œuvre tutélaire. Personnellement je m’inclus dans la génération qui fétichise quelque peu Les Chevaliers du Zodiaque. Peut-être parce que les jouets tirés de l’animé étaient très attirant ou peut-être parce que l’on a tous un signe astrologique ce qui facilite la projection du jeune spectateur vers les personnages. Plus sûrement, je pense que si Les Chevaliers du Zodiaque était une super série c’est parce qu’on y trouvait des mecs dans des armures super classes qui se castagnaient avec d’autres mecs en armures super classes … Inutile d’aller chercher plus loin l’intérêt qu’un jeune garçon pouvait trouver à la série - même si cette série, au même titre qu’Ulysse 31 ou les Mystérieuses Citées d’or, m’a permis de me constituer mon premier socle de connaissances mythologiques -. Alors, nécessairement, la perspective d’une adaptation au cinéma à éveillé en moi l’ombre d’un doute, c’est-à-dire de la peur nostalgique.
On ne va pas se tromper, j’ai aimé la récente adaptation en film de cinéma d’animation d’Albator et même si la bande annonce des Chevaliers du Zodiaque me disait tout le mal qu’il fallait penser de ce film la jurisprudence Albator ouvrait une brèche dans ma nostalgie. Bref, j’ai dit critique expresse ; donc à la faveur d’autres nostalgiques audacieux je suis allé voir ce film au cinéma, j’ai payé, remerciez moi pour ce geste.
Ce qui avait fonctionné avec Albator c’est que le film respectait l’esprit de l’animé d’origine. Il suffisait donc aux chevaliers du zodiaque de respecter l’esprit de la série pour s’en tirer avec les honneurs des vieux nostalgiques pathétiques que nous sommes. Il suffisait de respecter … la tournure de la phrase laisse comprendre que ce n’est pas le cas.
Le film entreprend de rejouer le premier arc de l’animé, celui où les chevaliers de bronze traversent le sanctuaire pour affronter les chevaliers d’or et sauver Athéna : un classique. La richesse que je trouvais à la série c’était l’épique, la montée dramatique, les personnages qui flirtent avec la mort, l’incertitude et le héros qui se transcende pour avancer. Mais bon, pour installer cela, même dans une série animée, il faut du temps. Et du temps le film en manque. Il y a beaucoup de défaut dans le film, tant en terme d’esthétique que de réalisation, mais cela aurai été mineur si le film avait su gardé ce souffle tragique voir tragédique. Au lieu de ça le film désamorce le moindre germe d’épique ou d’émotion.
On en arrive à voir un film avec les Chevaliers du zodiaque sans presque avoir aucun combat ; plus qu’un comble, c’est un crime contre l’esprit. Il est vrai que le premier combat aurait dû me mettre la puce à l’oreille ; au lieu de tabasser leurs adversaires et les laisser au moins KO sur le pont, nos héros préfèrent utiliser leurs attaques spéciales pour éjecter leurs ennemis loin, pas de vrais coups portés, pas de véritable violence. Une fois nos héros dans le sanctuaire alors que la série n’hésite jamais à maltraité les pauvres chevaliers de bronze le film avorte quasiment tous les combats. Même si le film voudrait suivre le premier arc de la série il se permet de carrément zapper le combat de la vierge et du phénix, Shaka contre Ikki, un des affrontements les plus symbolique et mémorable de la série.
Mais ce blasphème n’aurai pas dû m’étonner, parce qu’avant d’en arriver à zapper ce combat le film offre une scène pour le peu déroutante quand les chevaliers arrivent dans le temps du Cancer, alias Masque de mort. Dans la série le masque de mort est un vrai psychopathe, c’est la véritable première rencontre avec un adversaire bien barré dans sa tête. Dans la série, cette scène de rencontre se joue avec en toile de fond les visages des victimes du psychopathe d’or qui traversent l’image. Dans le film la scène commence comme une comédie musicale, le masque de mort dans le rôle du chanteur phare et les visages des victimes pétrifiées qui jouent les cœurs pour un morceau entrainement avec lumières chatoyantes et chorégraphie qui va bien. D’accord il doit y avoir des personnes pour penser que ce registre est parfait pour camper un personnage bien barré dans sa tête ; mais là quand même ce moment what the fuck vient comme un cheveux sur la soupe, cet ersatz de Johnny Depp en armure marche sur les espoirs du spectateur ayant connu la série.
Il faudrait parler de l’esthétique des chevaliers de bronze avec leurs armures qui se ressemblent toutes plus ou moins quand elles sont en mode combat, et un mode combat qui fait ressembler nos combattants à Sub Zéro ou à Scorpion. On pourrait parler de la forte influence de l’esthétique Final Fantasy XIII ( et autres opus ) qui se voit sur certains personnages - le Cygne - et surtout dans le décor du Sanctuaire ; et d’ailleurs ce n’est pas une critique, c’est une bonne idée de délocaliser le Sanctuaire et d’en faire ce lieu à l’esthétique étonnante mais parfaitement sous exploitée et mal exploitée. On pourrait parler de la scène dans une ruelle où le phénix intervient et qui n’a aucun lien visuel avec le reste du film, on pourrait parler de la montre d’Athena, on pourrait parler du look et du rôle de la déesse, on pourrait parler de beaucoup de chose, mais le film, mauvais, décevant et frustrant ne le mérite pas.
Il n’y a que deux plans qui sont intéressants, je ne parle pas de deux scènes, mais bien de deux plans, ça fait peu sur un film. Même si les intentions sont louables, l’échec est précis, concis, aboutis. Moi je voulais des combats, du drame, de la violence et l’esprit d’avant. Il suffisait de créer un nouvel arc et ça pouvait le faire. Mais non. Passons. Oublions.
Si j’ai la patience et le courage j’ai d’autre rapport de film à vous donner.
La comédie musicale du Masque de mort ; si certains trouvent cela dans le ton, efficace et drôle je respecte leur avis, mais pour moi non merci
Au final en écrivant la légende de la vidéo précédente ça m'a rappelé une question que je me posais durant le film : si moi, vieux visionneur de la série je n'ai pas réussi à entrer et apprécier le film, qu'est-ce qu'un jeune spectateur n'ayant pas vu la série peut penser de ce film ?