Je suis un enfant d'un siècle passé
18 juin 2016Même s'il manque Goldorak et que s'y invitent Cobra et Jayce cette illustration parle bien à ce que j'éprouve de nostalgie et de plaisir à l'éprouver
Goldorak diffusé la première fois en 1975 et qui fait suite à Mazinger Z (1972) et à Great Mazinger (1974). Le Capitaine Flam première diffusion en 1979 inspiré de Capitaine Futur une série de romans illustrés parus à partir des années 1940. Albator, alias Harlock un personnage crée en 1969 que je découvre dans Albator, le corsaire de l’espace diffusé pour la première fois en 1978 forment un trio auquel vient s’ajouter Ulysse 31 qui arrive sur mes écrans en 1981 pour constituer le quatuor des figures de science-fiction qui ont marqué mon enfance.
Quatre héros qui sont inscrits dans des univers de science-fiction qui sont eux-mêmes ancrés dans un imaginaire d’un autre temps. Quatre fois le futur représenté aux travers de dessins animés qui basent leurs esthétiques dans une culture visuelle qui vit son crépuscule au moment où elle m’arrive. Je ne m’étais jamais demandé pourquoi la vieille science-fiction œuvrait sur moi comme une madeleine proustienne orientant implicitement mes goûts pour les œuvres culturelles qui glosent la patine désuète de ces visuels et de ces visions empreintes de ce que le futur aurait dû être. Je n’avais jamais réalisé que les quatre figures que sont Goldorak, Albator, Capitain Flam et Ulysse 31 ont été pour moi les précepteurs d’un goût que je pensais m’être venu d’ailleurs, par génération spontanée. Mais lorsque je me retour sur ces dessins animés que j’ai aimé, adoré, que j’ai regardé très jeune je réalise à comment ces univers m’ont imprégné. Mes premières passions culturelles sont nées devant ces dessins animés là et pas d’autres ; plus tard quand la vague animé & manga a déferlé j’y ai été un peu moins réceptif parce qu’en vérité j’étais déjà formaté par une esthétique et une visions issus de l’époque précédente. Mis à part Ulysse 31 ces séries sont nées dans les années soixante-dix et elles sont les fruits d’une période post Star Wars, en pleine conquête spatiale, en pleine guerre froide, en plein dans une période dont je n’aurai la connaissance que plus tard au travers d’un savoir acquis à postériori. Mais le visuel et la vision du futur que portent ces dessins animés ce sont ancrés en moi de façon sûre ; j’y vois mes premières influences.
Je me rappelle que lorsque nous étions petits avec ma petite sœur nous aimions entre autre jouer aux vaisseaux. Je ne me rappelle plus très bien du contenu de ces jeux, mais je sais que souvent nous y revenions. Jouer aux vaisseaux c’était s’imaginer en capitaine de vaisseau façon corsaire de l’espace qui commande son navire spatial avec un ordinateur. Je me rappelle très bien que nous nous étions crée des ordinateurs justement ; oui je vous parle d’une époque où nous n’avions jamais vu d’ordinateur personnel à la maison, du coup un ordinateur c’était en fait une de ces interfaces abstraites et absurdes avec des boutons et des lumières et des écrans radars comme l’on en voit dans n’importe quel film ou dessin animé de science-fiction. Ayant des parents bricoleurs, nous récupérions des choses qui nous inspiraient quelques choses de science-fictionnelle, des interrupteurs, des potards, des pièces de bric et de broc que nous plantions dans notre ordinateur qui était en fait de tranche de polystyrène l’un sur l’autre. Notre père nous avait installé de petites ampoules de lampe de poche derrière des écrans qui étaient en réalité de portes documents où nous posions des papiers claques où nous dessinions le contenu des écrans radars. Ce que je veux dire par là c’est que lorsque je repense à tout cela je réalise que ma vision du futur, de l’ordinateur par exemple, était parfaitement claquée sur ce que je voyais dans les dessins animés qui eux même retranscrivaient ce qu’ils pensaient que serai le futur. Mais c’était non-conscience en moi, je ne cherchais pas à reproduire le cockpit de l’Odysseus d’Ulysse ou du Cyberlab du Capitaine Flam mais c’est ce que je faisais parce que ces figures sont celles qui ont imprégné en premier la matière première de mon imaginaire.
En me remémorant tout cela pour écrire cet article je comprends tellement mieux pourquoi cette esthétique est devenue ma madeleine, pourquoi j’éprouve toujours un grand attachement à la science-fiction désuète et un peu kitsch alors que j’ai une toute petite retenue par rapport à la science-fiction plus dure. Parce que tout le reste de ma culture SF est venue plus tard, le second film que je vois au cinéma c’est Terminator 2, le premier livre que j’achète et que je lis est de Philip K. Dick, sans compter les jeux vidéo et les jeux de rôle ; tout à contribué à me forger une culture, à m’intéresser à une niche ou un domaine culturel donné, et tout cela forme aussi une part de ma personnalité actuelle. Mais en amont de tout cela, au début du début de moi, il y a le Capitaine Flam, Albator, Goldorak et Ulysse 31. D’autres ont été biberonnés aux films et personnages de Disney, d’autres avec les livres, les contes pour enfants, d’autres encore l’opéra et les grands classiques, et tellement d’autres choses encore, mais moi ça a été ces quatre figures de la science-fiction qui m’ont marqué et m’ont définis les points cardinaux de mon goût pour la pop-culture. Je ne cherche pas à dire que c’est bien, je cherche encore moins à dire que c’est mal, non je partage simplement cela avec vous parce que je viens d’en prendre conscience. Et je comprends mieux pourquoi les couvertures des vieux romans de science-fictions me parlent tellement lorsque je fais les vide-greniers pour chiner ma bibliothèque.