Avec le multivers de Marvel j’ai commencé à prendre l'habitude de m'attendre à ce que les bonnes surprises viennent des héros et des films marginaux. Quand je parle de films marginaux je parle de ceux dont le personnage principal est généralement un personnage qui n’est pas le cœur de cible des Avengers. Je n'ai rien contre la saga des Avengers, ni contre les héros qui la compose mais j'ai de plus en plus de mal à me passionner pour cette forme sérielle où l'on n’a qu'un ou deux épisodes par an. L'avantage des personnages marginaux de l'univers Marvel c'est que généralement les films qu'ils leurs sont consacrés sont pensés comme des films et non comme un hypothétique épisode à suivre, c’est plus concentré, mieux rythmé, plus dense.

Avec sa magie qui est une approche des pouvoir super-héroïques rompant un peu avec les autres héros et son acteur charismatique, la promesse de Docteur Strange avait de quoi me séduire et en sortant de la salle je pouvais dire que mes espoirs avaient été comblés ; sur un mode divertissement et claque visuelle dans la tête métaphorique du spectateur Docteur Strange envoie plutôt du très lourd.

Avec le charisme que lui procure son je ne sais quoi de flegme anglo-saxon qui pue la classe Benedict Cumberbatch s'annonçait comme un magicien magnétique et probablement très crédible. Je redoutais un peu la place que tiendrait sa part d’humanité, le temps que l’humain imbu de lui parte en quête de rachat, oui j'avais peur que son chemin vers la rédemption soit long, lent et ennuyeux. Mais au lieu de cela, Scott Derrickson ne s'attarde pas sur ce sujet, juste assez pour nous présenter Stephen Strange comme le fils illégitime du Docteur House et de Christian Troy le chirurgien esthétique de Nip/Tuck. À peine à ton le temps de cerne les contours obscures du personnage, qu'il est déjà en nez à nez avec un miracle capable de soigner ses mains détruites dans un accident de voiture et de briser sa vision de la réalité.

Le film avance vite, merci à lui. Mais ce n'est pas ce qui fait que le film est cool, c'est juste une bonne pratique que je voulais remercier. Ce qui est fait que l'on passe un excellent moment devant ce film c'est son esthétique, sa virtuosité graphique surtout quand il est question de représenter la magie et le monde tel qu'il est de l'autre côté du voile qui sépare la réalité et l’autre monde. Lorsque l'on bascule dans cet autre côté c'est la grande claque, géométrique, psychédélique et gravitationnelle. Cet autre monde, ce reflet, ce fragment, ce qu'il se passe par delà les frontières du réel s'appuie sur une très jolie relecture du visuel d'Inception, celui où la ville se replie sur elle même comme si elle n'était que la page d'un livre d'images. Plutôt que de parler d'une relecture pour cette illustration d'une forme de magie capable de tordre la réalité je devrais parler d'une prolongation, une recherche qui continue d'explorer la trouvaille visuelle née avec Inception. Dans Docteur Strange de l'autre côté du voile la ville se plie, elle se duplique et offre un paysage qui semble tout droit issu d'un kaléidoscope.

Là où l'effet était tout au plus cosmétique dans Inception, dans Docteur Strange ce décor tout droit inspiré des images impossibles conduit à des scènes d'action que je qualifierai avec un excès de facilité de « renversantes ». Le film s'ouvre sur une scène de combat entre des mages qui déboulent dans la réalité par une fenêtre dans une façade mais au lieu de tomber, la gravité ne s'impose pas comme elle devrait et les mages continuent de combattre comme si la façade était le sol. Rédigé ainsi ça tombe un peu à plat, mais la scène est parfaite pour entrer dans le film. Elle n'est pas sans me rappeler quelques scènes du jeu Bayonetta où il arrive aussi que la sorcière traverse des zones où la gravité la colle aux murs comme s'ils étaient le sol. C’est vraiment cool que Docteur Strange ne se limite pas à créer un décor spectaculaire sans impact sur la réalisation, il ose jouer avec ce que ce paradigme implique. Plus loin dans le film la scène de poursuite dans cet univers de ville broyée par un kaléidoscope est vraiment superbe. On frôle parfois le burlesque, mais qu'importe, ça fonctionne très bien.  Les personnages courent dans des directions abstraites, sautent et montent vers le sol plutôt que de tomber, ils franchissent des angles, le mur devient le plafond et le sol se multiplie jusqu’à s’allonger, se réduire, se répéter dans une danse follement esthétique.

Généralement les trouvailles visuelles qui illustrent la magie fonctionnent toutes très bien. La façon que les mages ont de manipuler une forme d'énergie lumineuse pour créer armes et défenses offre une palette d’effets très graphiques qui en jettent pas mal à l’écran. Cette manière de faire n'est pas sans rappeler la technique des mages du film Warcraft et qui déjà étaient eux aussi très cool. Qu’importe si ces effets ne sont pas hautement originaux, ce qui marque le spectateur c’est la qualité des effets spéciaux et de la mise en scène qui rend ces effets crédibles, un délicieux paradoxe pour de la magie.

Mais la magie ne s'arrête pas là, celle des combats est clinquante, celle du monde derrière le voile et géométrique et la magie dans son expression pure, cette forme qui est présentée au docteur Stephen Strange pour briser en lui sa vision étriquée de la réalité et l'ouvrir aux milles et une réalités des mondes de la magie s’exprime dans une forme très psychédélique. C'est tellement psychédélique que c'est même carrément rétro, délicieusement vintage. Entre ce trip néo hippie qui ressemble à une plongée sous acide, la vision kaléidoscopée de la ville et la scène finale avec le chaos de la dimension noire, il est très clair que Docteur Strange est un film traversé par une fougue visuelle psychédélique qui a ses racines dans le visuel des années 70. Et cela permet au film d'éviter une certaine pesanteur.

Mine de rien, le film est plutôt malin. Par exemple donner le rôle du sage, l'ancien, le mentor du Docteur Strange à Tilda Swinton est une super idée. Elle lui apporte ce supplément d'âme propre à ses rôles de composition. Là encore où le film est malin c'est dans la scène finale celle où le Docteur Strange doit affronter Dormammu maître démoniaque de la dimension noire. Sans vouloir spoiler, cette scène conduit à une fin dont le dénouement est pour le moins inattendu dans un  blockbuster de super-héro. En effet pour arriver à ses fins et battre le cruel Dormammu notre magicien fait preuve d'une ruse qu'un autre docteur n'aurait pas reniée ; je trouve effectivement que cette scène finale ne dépareillerait pas dans un épisode de Docteur Who.

Difficile pour un rôliste de regarder ce film et de ne pas penser à Mage, un des jeux de rôles issu du Monde des Ténèbres et dans lequel on incarne un magicien dans un monde contemporain où des forces surnaturelles sont en lutte dans une guerre secrète. Mage est le premier jeu de rôle que j'ai acheté et que j'ai maîtrisé. À l'époque où j'ai lu le jeu et que j’ai découverts son potentiel j'ai été un petit peu paralysé par son système. Les mages que l'on incarne possèdent un très grand pouvoir, celui de créer la magie et modeler la réalité comme bon leur semble. Le jeu ne reposant pas sur de longues listes de sorts mais sur la créativité des joueurs (et par extension du meneur). Cette très vaste liberté avait inhibé le jeu joueur que j’étais et je me souviens que j'ai fais jouer Mage dans une version assez étriqué à mes débuts. Jusqu'à ce que Matrix sorte au cinéma et que ça vision de Néo incarnant un héros sans limite dans la matrice éclaire mon imaginaire. Mais Docteur Strange illustre encore mieux, plus fort et plus loin le potentiel esthétique et créatif d'un jeu qui permet aux joueurs de faire ce qu'ils veulent (ou presque) avec la trame de la réalité. Depuis que je suis sorti de cette séance j'ai rouvert mon vieux livre de règles et je me suis replongé dans la lecture de Mage en me disant que ça serait cool de maîtriser une petite partie à la sauce Strange ... l'avenir nous diras si je trouve le temps de le faire.

Bref j'ai beaucoup aimé ce film, visuellement il est puissant, il est très bien rythmé et il parvient à tirer profit de ses décors tarabiscotés pour conduire des scènes d'actions musclées. Tous les films Marvel ne sont pas des films de super héros, mais à n'en pas douter ce héros là est vraiment super, comme promis Benedict Cumberbatch campe là un mage attachant qui n'est pas tant en quête de rédemption que d'un nouveau domaine de compétence dans lequel exceller. Je ne sais pas si je suis impatient de voir une suite, mais ce film là m’a rempli de plaisir. C’est tout ce qu’il y a à savoir.

Les images ne sont pas toujours originales dans Docteur Strange mais elles sont toujours superbes, esthétique, graphiques et surtout évocatrices.
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Ici le Docteur Strange dans sonbeau costume de comic book et en dessous la couverture du fameux jeu de rôle Mage, ce n'est pas celle de l'édition Français d'avant les années 2000 mais elle y ressemble beaucoup

Ici le Docteur Strange dans sonbeau costume de comic book et en dessous la couverture du fameux jeu de rôle Mage, ce n'est pas celle de l'édition Français d'avant les années 2000 mais elle y ressemble beaucoup

Ma critique de Docteur Strange
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