Comme d’autres de ma génération j’ai connu Matrix au cinéma lorsque le film à grand bruit a fait son apparition dans notre vie culturelle. Comme ceux que ma génération j’étais à point pour recevoir ce film puis par la suite cette trilogie. Nous venions de sortir de l’adolescence et nous étions prêts, avides et impatients d’utiliser les outils culturels que nous nous étions forgé au prix de lecteurs, de VHS et de jeux en tous genre qui nous semblaient avoir échappés aux codes des générations précédentes. Internet n’était encore qu’un hybride de Minitel et nous redoutions sans vraiment y crois ni vraiment le démentir le bug de l’an 2000 ; autant dire que nous vivions à l’âge de pierre des générations actuelles et pourtant nous étions près à poser sur l’autel de nos adorations une nouvelle idole, celui-là même qui serait le mieux à même d’incarner notre goût pour la culture populaire, cette vague émergeante qui allait devenir quelques années plus tard la culture geek.

Nous savions inconsciemment, donc autant dire que nous ne le savions pas réellement, que nous avions manqué Star Wars, Blade Runner, Alien, Terminator, tous ces films et ces sagas qui avait inscrit la science-fiction au rang d’œuvre majeur du cinéma devant ainsi les étendards d’une culture que nous connaissions et que nous aimions sans pouvoir dire que nous étions là au point de départ. C’est ce qui nous rendait prêts à recevoir Matrix à l’aube des années 2000. Sa matière, sa méthode, sa mise en scène embrassait nos désirs et nos passions avec une forme d’exactitude visionnaire qui ne pouvait que nous séduire. Je suis donc allé voir Matrix l’année de sa sortie certainement la semaine de sa sortie et comme beaucoup d’entre nous je me suis laissé séduire.  

Le film avait tout pour me plaire, déjà son esthétique urbaine froide où la sensation d’étrangeté flirt avec le banal d’un quotidien repoussé comme une frontière et puis le film n’hésitait pas à mettre au cœur de son scénario des questionnements métaphysiques et transhumanistes sans avoir peur de perdre en route le spectateur qui n’aurait pas adhéré ou pas compris et cela avait de quoi me réjouir. Et puis évidemment il y avait la mise en scène de la matrice autant comme concept intellectuel que comme concept visuel, parvenir à donner une représentation de la matrice et donc de la virtualité et donc par extension du jeu vidéo c’était ce que nous attentions ; parvenir à montrer la matrice en illustrant principalement la matrice par son hors champs, son contre champs, sa contre proposition qu’est la réalité. Mais nous n’attendions de Matrix d’être simplement un film conceptuel et intello, nous voulions un film d’action et Matrix était ce film d’action dans la grande veine des films où la violence est une chorégraphie magnifiée.

J’avais toutes les raisons du monde d’adhérer à ce film et d’en faire le pilier de cette culture que je défrichais pour me l’approprier. Et pourtant lorsque je remonte mes souvenirs 18 ans en arrière ce dont je me souviens ce sont principalement les critiques que j’avais vis-à-vis du film qu’au demeurant j’aimais déjà.  Comme je le disais Matrix est sorti au cinéma au moment où notre génération  sortait de son adolescence en ayant conquis ces propres sphères culturelles, avec ses références et ses exigences. Avec mes amis par exemple nous avions fait la connaissance et la conquête du cinéma asiatique grâce aux VHS de HK vidéo. C’est ainsi que nous avions découvert les chorégraphies de Yuen Woo-ping qui mettaient en scènes des artistes martiaux aux talents d’acrobates et de combattants indéniables. Forcément quand on apprit que Yuen Woo-ping était le chorégraphe des scènes d’action de Matrix nous étions excités parce que nous connaissions le talent du maître d’arme chinois mais nous étions par conséquent plutôt exigeants. Et c’est pour cela que nous avons été déçus je pense. Peut-être exactement déçus, mais un peu dubitatif devant le fait que c’était à Keanu Reeves de donner corps aux chorégraphies. Et malgré tous le bien que l’on pouvait penser du film, le détail des combats nous laissait un goût amer, nous faisant regretter que ce ne soit pas un artiste martial asiatique, acrobate et inconnu qui ai incarné le rôle de Néo. Nous étions jeunes, nous étions fougueux, nous n’étions pas totalement sortis de la révolte adolescente et nous donc nous aimions brandir haut l’étendard de notre déception quand les foules de nos semblables portaient Matrix aux nues.

Je suis resté fidèle à la trilogie jusqu’à sa fin même si elle avait eu le don de déchirer et décevoir les adorateurs de la première heure. Comme tous les films que l’on aime au point d’en faire un autel à la culture de notre temps, j’ai vu et revu Matrix, et ses suites, plusieurs fois ; en DVD d’abord, en disque bleu ensuite. J’y retournais et j’y retourne encore comme on remonte le temps à la recherche de son paradis perdu. A chaque fois que j’ai eu l’occasion de revoir le film je n’ai pas été déçu. C’est même l’inverse de la déception qui se produisait, à chaque vois que je revoyais le film j’apprenais à l’apprécier mieux, à l’apprécier plus, à apprécier différent des éléments qui m’échappaient ; le temps passant le film se bonifiait et fondamentalement je trouvais cela un peu étrange parce que l’air du temps changeait, les références changeaient, sciences, fictions, cultures, changeaient et faisaient changer le futur et pourtant la vision et les représentations à l’œuvre dans Matrix continuaient de fonctionner et j’avais même la sensation qu’elles brillaient avec une intensité croissante.

Dernièrement je crois que C8 (ou une autre chaîne de la TNT) à entreprit de passer la trilogie Matrix, et forcément je l’ai regardé. Je crois que c’est la première fois que je regardais le film à la télé, je ne dis pas la première fois que je le regardais dans une télé ou sur une télé, mais bien la première fois que je le regardais comme un programme diffusait à 21h00 sur une chaîne gratuite. J’ai la sensation que la télévision lorsqu’elle impose un film dans sa grille de diffusion, permet au spectateur averti, aguerri et déjà connaisseur de l’œuvre de prendre du recul. Jusqu’à présent j’allais vers le film de manière volontaire et de fait j’y perdais un peu d’esprit critique je suppose parce que j’allais vers lui comme un pèlerin va en pèlerinage, sous entendu déjà convaincu de la croyance qui est en jeu.

Du coup pour le moment j’ai revu les deux premiers épisodes de la saga et je réalise que si Matrix vieilli si bien, c’est que Matrix est encore actuellement bien au dessus des films de science-fiction actuel qui visent le même créneau actions / réflexions. Beaucoup trop de films de ce genre aujourd’hui cèdent aux effets de modes esthétiques et aux facilités des images de synthèses pour produire à grand coup d’esbroufe des mises en scènes confuses et brouillonnes qui éloignent le spectateur de l’immersion dans le film. Effets spéciaux tonitruants et montages cut épileptiques veulent nous faire croire que l’action c’est le chaos et la violence de l’image. En voyant Matrix entrecoupé de pub dans ma télé j’ai réalisé à quel point la mise en scène des frères Wachowski aujourd’hui devenu sœurs était au service des chorégraphies de Yuen Woo-ping qui elles mêmes étaient au service de l’action. Et même si les acteurs de Matrix avaient ce côté du bon élève appliqué qui récite très bien une leçon apprise par cœur sans forcément la comprendre, cette manière de faire donner toute l’importance à la chorégraphie. Et putain de bordel de mes couilles de fichtre bleu comme dirait le Mérovingien qu’est-ce que c’est jouissif. Ce soin visuel et esthétique apporté au travail d’un homme dont le talent et de savoir mettre en harmonie des personnages devant se battre c’est un délice. Un délice que je ne trouve pas dans les films de science-fiction actuel.

Alors d’accord, j’enfonce une porte ouverte mais ou Matrix est une réussite et c’est un film que j’adore. Comme le bon vin il se bonifie avec le temps et je me réjouis d’avoir pu chiner le coffret intégral en blu ray pour pouvoir me replonger dans cet univers. Je sais que cet article ne sert à rien, mais ça me fait plaisir de pouvoir enfin dire tout le bien que je pense de ce film même si effectivement ma critique n’a rien d’actuelle.

Et en plus dans Matrix Reloaded il y a une des meilleurs scènes de poursuite en voiture
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