Le crowdfunding fait-il du mal aux boutiques de jeu de rôle ?
13 oct. 2017Se demander si le crowdfunding fait du mal aux boutiques de jeux de rôle c’est se demander si c’est l'œuf (cube) ou bien la poule qui est arrivé en premier ? Les boutiques de jeux de rôles ont-elles commencées à péricliter à cause du crowdfunding ou est-ce parce que les boutiques périclitaient que le crowdfunding a prit une telle place dans l'édition du jeu de rôle ? A dire vrai je ne le sais pas et je n’ai pas les moyens de savoir. Ce que je connais c’est mon ressenti de client, d’acheteur et de joueur. Et je suppose que je suis, comme d’autres personnes, partagé sur la question.
Lorsque j’ai découverts le principe du crowdfunding, j’ai trouvé cette pratique très stimulante. Je ne parle pas sur des projets exclusifs au jeu de rôle mais du concept en général. J’ai apprécié la sensation de soutenir en directe des projets et des idées auxquels j’adhérais. Lorsque j’ai rencontrés les premiers jeux de rôle crowdfundés j’ai immédiatement craqué sans me poser de question sur le rôle des boutiques. De mémoire c’était pour la boîte rouge de Dungeon World. En vérité cela faisait des années, des décennies peut-être, que je n’avais pas acheté de jeux de rôle en boutique. Les boutiques j’y allais surtout par nostalgie, pour passer le temps, regarder des figurines que je ne sais pas peindre, racheter des dés et feuilleter les nouveaux ouvrages. Et encore je dis « les » boutiques, mais j’en ai vu fermer plusieurs avant l’avènement du crowdfunding et il n’y en a plus qu’une seule où je me rends.
Ce qu’il y a de positif avec le crowdfunding c’est qu’il m’a redonné le goût d’acheter des jeux de rôle et même d’aller à la rencontre de jeux que je ne connaissais pas et que je n’aurai pas acheté en boutique. Le crowdfunding c’est effectivement une très bonne vitrine pour les jeux de rôle qui font appel à cette méthode de vente et de financement. En plus, pour la plus part des crowdfunding auxquels j’ai participé, je trouve qu’ils sont parvenus à créer un sentiment de communauté derrière la levée de fonds. Sentir qu’un projet décolle, que d’autres personnes témoignent leur intérêt pour tel ou tel jeu cela crée une dynamique qui est euphorisante et motivante. On a la sensation de faire parti d’un mouvement et moi ça me donne envie de partager le jeu et la découverte que j’en ai fait. Très bêtement le financement participatif procure la sensation que l’on a donné notre argent aux bonnes personnes. C’est pur subjectif et par toujours exactement mais c’est la sensation que j’éprouve. Quasiment de la main à la main entre le joueur et le créateur.
Bien sûr on peut reprocher aux crowdfundings de ne pas faire de distinction entre les petites productions indépendantes pour lesquelles la mécanique de financement participative est un outil important sans lequel le jeu financé n’aurait peut-être pas pu voir le jour et les grosses maisons d’éditions qui dans tous les cas auraient pu éditer et distribuer leur jeu sans l’aide du financement participatif mais qui y souscrivent parce que c’est un boost de popularité, une vitrine puissante et une forme de sécurité et de fidélisation du client. Mais au final le souscripteur est toujours libre de financer ou ne pas financer un projet s’il trouve un intérêt au projet en question. Il y a des jeux indépendants qu’il va être difficile de retrouver plus tard en boutique et pour lesquels souscrire au financement participatif s’est s’assurer de l’avoir facilement, une forme d’assurance contre la rareté. Ce sentiment de rareté peut d’ailleurs être une bonne raison de participer à un crowdfunding. A l’inverse, sur les très grosses productions dont on peut parfois penser qu’elles abusent du crowdfunding ont peut être sûr que l’on retrouvera l’ouvrage plus tard en boutique ou en vente par correspondance.
Je perçois les défauts du crowdfunding, les projets trop professionnels qui peuvent parasiter un peu la lecture que l’on peu avoir du mouvement crowdfunding, les délais de livraison des produits finis qui parfois explosent, la course au goodies inutiles qui frôle parfois le ridicule, une hiérarchie des pledges et des paliers parfois très difficile à comprendre et évidemment le fait que cette mécanique de financement court-circuite le rôle des lieux classiques de distribution de jeux de rôle. J’allais oublier aussi un défaut assez important, le fait que le crowdfunding vu son principe limité dans le temps force parfois à l’achat pour un jeu dont on ne jouera pas avant plusieurs mois ou années mais que l’on achète maintenant pour être sûr de le posséder ce qui pousse un peu à vider le portefeuille en mettant à mal un semblant de gestion de son budget loisir. Pourtant mon impression générale c’est que le crowdfunding est une chose positive. Cela permet à de petits projets d’exister ainsi qu’à des projets différents de voir le jour. Et puis j’ai la sensation que ça ouvre légèrement la visibilité du jeu de rôle à des publics un petit peu plus large qu’en boutique où je n’ai pas la sensation que l’on va par hasard. Et puis n’oublions pas une chose, lorsque l’on vit en province au fond de la campagne comme moi par exemple, se rendre en boutique simplement pour faire du lèche vitrine ce n’est pas naturel. Avec les différents crowdfunding qui sortent, occupent l’espace numérique et médiatique avant qu’un nouveau projet prenne le relais ça permet d’être remplacer le temps que nous passions plus jeunes à feuilleter les jeux, anciens et nouveaux, dans les rayons des boutiques de jeux de rôle.
Comme souvent lorsque je parle de ce sujet, je ne dis pas grand-chose d’utile ou d’intéressant, mais ce sont des sujets qui traversent la communauté et qui occupent mes pensées. Du coup écrire ce genre d’article ça me permet de me désencombrer l’esprit.
Pour clôturer l'article une illustration sans rapport avec l'agrent mais en lien avec le jeu de rôle
Vous avez échappé à cette illustration que je trouve belle mais sans lien du tout avec le sujet, sauf à se dire que le crowdfunding est un monstre qui avance caché
Et puis j'ai renoncé à cette illustration parce que c'était trop marqué du côté de Star Wars et que je n'ai pas souvenir que les jeux de rôle Star Wars soient passés par la case financement participatif