Background

Dishonored plonge le joueur dans Dunwall ville victorienne en pleine mutation industrielle, une ville aux institutions corrompu et à la noblesse décadente. La ville est frappée par la peste. Le jeu propose de jouer Corvo ex protecteur de l'impératrice tombé en disgrâce accusé du meurtre de la dite impératrice d'où le déshonneur qui donne son titre au jeu. L'ambiance du jeu est mélancolique façon fin de siècle crépusculaire. Cette ambiance est réussie. Elle se dévoile progressivement par petite touche et monte en puissance pour imprégner le jeu d'une aura qui compense la relative discrétion technique du jeu. Malheureusement le scénario survole trop superficiellement cet univers baroque prompt à créer du fantastique et de la narration. Sur une base outrageusement classique le scénario est convenu, même après son semi twist est affreusement prévisible. Ceux qui prendront la peine de s’immerger de l’ambiance du Dishonored, affiches, lectures, conversation, exploration, observation, seront récompensés par une ambiance remarquable.

 

Interaction

La qualité majeure de Dishonored c'est son level design. Dunwall est une ville que l'on explore quartier par quartier, cela peut semble petit vis à vis des univers habituel mais la force de Dunwall c'est la complexité du level design qui offre mille et une façon d'explorer les petits espaces de la ville, d'avancer et de neutraliser les ennemis. Dunwall est une ville à explorer par ses profondeurs, ses hauteurs, parfois par la porte, la fenêtre ; il faudra souvent prendre le temps d’observer pour faire son choix. Avec les ennemis c'est pareil les interactions possibles offrent un panel variés entre la neutralisation non létal et l'élimination radicale. Là aussi plusieurs possibilités ; on peut faire dévorer son ennemi par les rats, l’égorger, le poignardé, le combattre à l’épée, lui tirer dessus, le piéger etc. Curieusement si le level design est poussé, complexe et riche permettant différent rapport à Dunwall les interactions avec le décor sont très limitées je trouve. C’est certainement cette libre façon d’interagir avec Dunwall qui fait le cœur du jeu et ça plus grande qualité.

 

Dishonored_des-putes-pas-sexy.jpg

 

La place du joueur

Avec son scénario convenu qui ne fait qu'effleurer la profondeur de Dunwall Dishonored fini par frustrer le joueur. On perçoit un grand potentiel épique qui ne se révèle jamais tout à fait et accouche plutôt d’une aventure un peu terne. Les différentes approchent possibles ont finalement assez peu d'impact sur le déroulement du jeu. C'est d'ailleurs là la limite du jeu, on peut prendre le jeu comme un jeu d'action, foncer, tuer, finir le jeu et ne profiter de rien. Le jeu donne sa pleine mesure quand on prend son temps mais rien ne nous oblige de jouer ainsi. Le joueur peut perde petit à petit son intérêt pour le jeu. Par chance le dernier tiers du jeu dédouane le joueur de la pesanteur fade de son scénario et donne au jeu un tour légèrement plus épique, chaotique et décadent.

 

Métaphysique

Dishonored pose finalement très peu la question du déshonneur et de la rédemption. Les choix moraux sont superficiels vis à vis du scénario mais ça a ceci d'intéressant que la violence ou l’éthique dont peut faire preuve Corvo ne relève que de votre choix de joueur. Plongeant le joueur au cœur d'une ville en pleine mutation et au cœur d'un scénario qui sans vous spoiler cherche à lutter contre ce changement Dishonored met le joueur en prise avec la fatalité ; quoi qu'il fasse l'histoire, la grande histoire imposera sa destiné avec une force implacable. Essayer de jouer comme vous le souhaitez dans le fond vous n'êtes qu'une vaguelette à la surface de l'océan.

 

Scène culte : la traversée de la Porte Rudshore

Arrivant dans le dernier tiers du jeu cette scène magnifiquement éclairée a des allures de Terminator 2 steampunk complètement hypnotique. Le jeu nous fait goûter là à ce qu’il aurait pu être donnant la pleine mesure de son charme baroque. Même si elle arrive tardivement cette scène m'a en partie réconcilié avec le jeu.

 

Dishonored-Tallboy-porte-rushore.jpg

 

Conclusion

Dishonored est un jeu intéressant avec un background riche et dense, un level design d'une rare qualité et un gameplay plutôt intuitif qui fonctionne bien. Corvo héros doué de pouvoirs paranormaux et porté par la marque de son déshonneur traverse malheureusement le jeu sans vraiment avoir de prise avec lui. Si on se donne la peine d'écouter Dunwall et si on aime les villes malades alors on pourra tomber sous le charme de Dishonored, mais si l'on cherche autre chose on risque de quitter la ville déçu


 

 

Background 15/20 riche mais sous exploité

Interaction 17/20 un level design d'une complexité devenue trop rare

La place du joueur 13/20 Corvo manque de charisme et le joueur manque de raisons de s'impliquer

Métaphysique 14/20 un bel hommage au changement historique vu comme la maladie des siècles

Conclusion 14/20 un jeu aux charmes nombreux mais à qui il manque le géni d’un vrai scénario pour ficeler joueur, univers, interaction dans un titre mémorable.

Retour à l'accueil