Hell Yeah ! La fureur du lapin mort un test qui sent le mort
09 oct. 2012Jouer à Hell Yeah ! La fureur du lapin mort me fait me poser une vraie question : peut-on faire un jeu vidéo avec une recette de cuisine ? Le jeu m’amène aussi à me poser une autre question plus secondaire peut-on produire un jeu vidéo avec un nom à la con ? Si la seconde question trouve une réponse affirmative qui éclate d’évidence la première question trouvera une réponse plus mitigée qui devrait osciller entre non et oui mais. Hell Yeah ! La fureur du lapin mort est un metroidvania, néologisme affreux que j’ai découverts en même temps que ce jeu et qui désigne un jeu d’action / plateforme laissant une part d’exploration dans l’univers linéaire des deux dimensions de la plateforme bref un jeu qui s’inspirerai plus ou moins du level design de Metroid ou de Castlevania. Bon le jeu veut nous la faire à l’ancienne alors je vais essayer de faire comme lui …
Graphisme …
… Papa ! Papa ! Mon lapin a mangé tous mes feutres, même les fluos !
Graphiquement Hell Yeah ! La fureur du lapin mort ne fait pas dans la demi-mesure. La 2D des décors est plutôt fine et les jeux de lumières éclairant ces même décors sont miroitants pourtant ce qui saute aux yeux quand on lance le jeu c’est sa palette de couleur virant vers le vraiment très vif, le violente et le fluo. Une palette de couleurs très tranchées et donne au jeu un aspect kitch. Il faut dire que ce jeu oscille entre l’hommage et la parodie c’est donc sans vergogne qu’à plusieurs reprises le jeu force le trait et propose des niveaux frôlant la caricature de mauvais goût. Globalement les décors s’en sortent bien grâce à leur variété qui évite que l’on réalise trop rapidement de la pauvreté des éléments qui les constituent. Mais je ne peux pas en dire autant du character design ; de notre ami héro anti-héro lapin aux ennemis névrosés qu’ils soient ponctuels ou récurrents le style cartoon manque d’originalité et de saveur. Quand je le regarde j’ai la sensation que les personnages ont été dessiné à la va-vite et sans imagination. Leur grossière simplicité tranche avec la chatoyance des décors. En même temps c’est le risque avec un jeu qui rend « hommage » à d’autres jeux et qui pioche des gueules dans d’autres jeux, ça laisse comme un goût de déjà vu, pire de réchauffé.
Musique …
… dis papa j’entends plus couiner mon lapin quand je le branche sur la prise, c’est normal ?
Si dès les premiers instants Hell Yeah ! La fureur du lapin mort confronte le joueur à un choc visuel proche de l’agression préméditée le jeu se rattrape avec sa musique. Ce n’est pas nécessairement de la grande musique mais c’est de la bonne musique rythmée, électrique et entrainante qui colle toujours très bien avec l’ambiance. Alors que les graphismes flirtent souvent avec la caricature et le mauvais goût, la musique s’écoute au premier degré si je puis dire, c’est sûrement pour cela qu’elle est si bonne. C’est une honnête qualité du jeu. Etant donné que ce lapin mort traverse des niveaux aux ambiances différentes on a droit à des musiques très variées. Ce qui est dommage c’est que dans ce jeu où les dialogues sont souvent savoureux j’aurai aimé pouvoir les entendre plutôt que les lire. Mais non, no voice in game - à part le SEGAAAA éraillé de l’écran titre - je suis déçu, cela aurai apporté un grand plus à l’ambiance globale du jeu. Graphismes et musiques c’est une chose, ils peuvent être géniaux ou médiocres ça ne reste qu’un détail parce que le véritable cœur d’un jeu c’est son game play, ne sommes-nous pas là pour jouer ?
Game Play …
… ma chérie pourquoi tu mets ta main dans le cul du lapin ? Ben pour jouer aux marionnettes papa.
Le but du jeu est simple, explorer un niveau pour y tuer suffisamment de monstres pour que ça débloque un passage vers une autre partie du niveau où on tuera d’autres monstres etc. En ce qui concerne le game play Hell Yeah ! La fureur d’un lapin mort déçoit, c’est même un euphémisme de le dire. Ce game play est un contre sens. Là où le jeu se voudrait comme parodique et déjanté ce qui suppose un game play fun et frénétique on se retrouve avec entre les mains un lapin qui répond mollement dans un jeu sans rythme. Le jeu alterne des phases où le lapin se déplace à pied et sans armes et l’autre où il est équipé de sa scie circulaire jet pack qui lui sert à se déplacer, à creuser le décor et à massacrer ses ennemis.
A pied le lapin marche doucement et saute, il double saute même parfois avec une précision relative. Le lapin peut aussi, à la sorti d’un double saut, se mettre à rebondir sur la paroi vers laquelle il saute ce qui fait que l’on se retrouve parfois en voulant bêtement sauter sur une plateforme à rebondir sur le mur et atterrir ailleurs que sur la plateforme ; en un mot frustrant. Et encore ce n’est rien comparé à la maniabilité de la scie roue jet-pack … Fini le double saut, cette fois si notre lapin veut sauter sur une plateforme en hauteur il faut appuyer sur le bouton de saut et maintenir le bouton. Alors il saute et sa scie roue jet-pack s’élève. On peut alors la diriger un peu comme si nous étions dans un monde à gravité réduite. Je ne sais pas si je dois dire que la scie roue jet-pack plane ou si elle flotte comme un navire dans les deux cas elle possède une inertie curieuse. Peu importe les mots que j’utiliserai ce qu’il faut retenir c’est que c’est mou, parfois imprécis et surtout lent. Bien sûr avec de l’entrainement on prend la mesure de cette inertie et on parvient à contrôler le personnage mais ce contrôle n’est pas du tout intuitif et il casse le rythme.
Et comme si la maniabilité ne suffisait pas à ralentir le game play, le level design de Hell Yeah ! la fureur du lapin mort est mal branlé. Construit comme un metroidvania le jeu alterne plateforme, action et déplacement mais ce jeu souffre d’un problème d’échelle - et pas d’échelle à barreaux que l’on gravie mais d’échelle de grandeur - tout y est trop petit et le cadrage trop serré. Les niveaux sont petits et contrairement à ce que l’on voudrait nous faire croire ils sont très linéaires. Pour cacher cette misère la caméra est toujours très proche du héro - à tel point que le jeu propose en pressant R1 de voir avec un petit peu plus de recule le level design histoire que le joueur comprenne le niveau - ce qui donne artificiellement l’impression qu’il faut se déplacer pour atteindre le prochain point de passage. Entre deux monstres à tuer il n’y a qu’un maigre passage de plateforme que l’on avale rapidement si on parvient à maitriser l’inertie du saut. Il y a trois types de monstres, le tout venant constitué de monstre récurant qui meurent très très facilement, ensuite il y a tous les monstres uniques, ce que le lapin tue pour débloquer les passages qui meurent très facilement et puis il y a un bosse de temps en temps qui se tue facilement bref un challenge pas loin d’être nul.
Scénario …
… papa pourquoi tu as jeté mon lapin dans les toilettes ? Parce qu’il était mort ma chérie.
Si tu as réussi à lire ce test jusqu’à ici tu mérite que je dise du bien de toi ; bravo tu es un bon lecteur, tu seras un encore meilleur visiteur si tu laisse un commentaire. Tu mérite aussi que je dise du bien de ce jeu parce qu’il n’y a pas tout à jeter. S’il y a une qualité dans Hell Yeah ! La fureur du lapin mort c’est son esprit déglingue qui aime se moquer du jeu vidéo. On sent que les développeurs connaissent leur jeu vidéo et ils savent en rire. Les références sont nombreuses et surtout délirantes. Et les interventions du lapin mort qui se retrouve à écumer les enfers parce que des photos de lui ont été diffusées illégalement sur un réseau sont souvent délicieuses comme quand il se compare à Sonic avec sa scie roue. Le jeu est truffé de ce genre de clins d’œil envers le joueur et pour ça le Monsterdex hommage burlesque au Pokedex est un délice, il référence tous les monstres que vous avez tué avec une petite légende ; absurde, nostalgique, con et délicieux ; j’aime quand pour le premier boss la légende fait pas d’un communiqué des boss qui s’excuse de la faiblesse du premier boss qui n’est pas représentatif de ce qu’ils peuvent faire. Quand Ash le lapin mort tue un monstre il doit le finir avec un petit QTE ou un minuscule jeu et là aussi Hell Yeah s’en donne à cœur joie dans le burlesque et la référence, souvent sanglante référence. D’ailleurs j’ai la sensation que les développeurs on construit tout leur jeu uniquement autour de ces références. Je ne doute pas qu’en brainstorming les idées fusaient et faisaient marrer tout le monde, mais pour fonder un jeu vidéo juste la dessus il faut un géni qui manque à Hell Yeah ! La fureur du lapin mort.
L’avis du critique …
... Papa y’a un monsieur qui note tout ce que je dis et qui me propose des bonbons. Papa ? Papaaaa ?
Vous l’aurez compris je me suis plutôt ennuyé ferme en jouant à Hell Yeah ! La fureur du lapin mort et s’ennuyer avec un jeu parodique c’est aussi con que de ne pas rire devant une comédie. Si les références aux jeux vidéo sont jubilatoires c’est malheureusement la seule chose qui sorte du lot. Le game play plombé par ses imperfections attise une frustration grandissante. Le level design quand à lui dévoile sa linéarité non assumée au fil du jeu. Le reste n’est pas suffisament remarquable pour que je le relève. La seule qualité du jeu c’est qu’il permet de gagner de la place sur son disque dur en l’effaçant aussi rapidement que l’on oubliera son titre. C'était un petit test à l'ancienne ; on l'aime ou pas c'est comme ce jeu, moi je me suis lassé plus vite que le temps qu'il faut pour le finir, et cela malgré le fun apparent, si le game play avait été plus nerveux et le level design plus ambitieux je suis sûr que Hell Yeah ! La fureur du lapin mort aurait été un hit au lieu d'être un titre régressif un peu mou des genoux et de la patte
Ce test a été réalisé après 4 heures de jeu répartie en trois sessions. Au délà de ces 4 heures je n'ai plus eu envie de jouer même pas par acquis de conscience pour donner à ce test plus de valeur
PS une petite dédicasse à Margoth, tu as raison c'est amusant parfois de changer de style
d'écriture de critique ;)