J'avais presque oublié à quel point Kane & Lynch 2 était un bon jeu. En tout cas j'avais oublié à quel point Kane & Lynch 2 est un jeu auquel j'aime jouer. Dans le désarroi d'un soir où ma connexion internet état en panne et que ma console avait coupé son cordon ombilicale numérique, j'ai eu ce réflexe de me tourner vers d'autres jeux ; d'autres jeux désigne ces jeux auxquels j'ai envie de jouer quand je ne peux pas jouer en ligne. Curieusement quand je sais que je suis relié à des joueurs j'ai tendance à mettre jouer pour jouer avec ou contre eux et comme je ne suis pas FPS et frag en plein tête en ce moment c'est surtout NBA2K12 mais ça peut être un bon vieux jeu de combat où même un jeu de course, ou même parfois Journey. Bref tout ça pour dire qu'à un moment m'est revenu en tête que je n'avais jamais fini Kane & Lynch 2, pas par dégoût du jeu comme certains pourraient le penser mais juste parce que c'est comme ça. Alors histoire de le finir j'ai remis le jeu dans la machine et je me suis replongé immédiatement dans ce Hong Kong sale, moche, humide, qui sent la pisse et la poudre et j'ai instantanément j'ai aimé cela. En fait Kane & Lynch 2 est un de ces jeux qui me propse une expérience qui colle parfaitement à mon imaginaire et à mes fantasmes. Oui je suis un mec comme ça moi, un mec qui fantasme sur les villes glauques et ces expériences urbaines interlopes qui peuplent un certain imaginaire. Lumières sales, néons, la pluie la nuit sur la ville et ses rencontres improbables quand on a l'impression que tout peut se passer et en même temps que rien n'est arrivé parce que cet instant entre chien et loup n'existe pas ou alors juste dans notre imaginaire. D'ailleurs il n'est pas impossible de me croiser la nuit en ville entrain de marcher, juste pour le plaisir, juste comme ça, un appareil photo à la main souvent et la probabilité augmente les jours de pluie parce qu'il n'y a rien de plus beau qu'une ville mouillée.

 

Tout ça pour dire que Kane & Lynch 2 colle exactement à cette idée que j'ai de la ville et encore plus des grandes mégalopoles. Bien sûr ce jeu n'est pas une visite touristique mais il exploite à plein tous les clichés de cette ville nocturne impersonnelle et intime en même temps. Et je suppose que les amateurs de films d'actions des années 80-90 retrouvent comme moi dans ce jeu la même ambiance. Non vraiment je prends mon pied sur ce jeu. Bien sûr quelque part il est un peu radical - c'est ma façon à moi pour dire qu'il a beaucoup de défaut - surtout sur deux points ; sa maniabilité et sa direction artistique. D'ailleurs la direction artistique que je trouve géniale est une magnifique mise en abîme du jeu vidéo d'une certaine manière puisque le jeu est "montré" comme si un caméraman suivait en permanence l'action. Mais pas un mec avec steadycam non un mec qui filmerai à l'arrache comme dans ces films façon Cloverfield ou le Projet Blair witch. Des films qui eux même ont largement étaient influencé par l'expérience du FPS en jeu vidéo. On a donc dans Kane & Lynch 2 une mise en scène qui s'inspire de films qui s'inspirent du jeu vidéo. Le tout à la sauce real tv, image crade et pixélisé et floutage de rigueur quand ça montre du sexe ou des têtes qui explosent. D'ailleurs ce prit pris real TV - que l'on adore ou que l'on déteste parce que le traitement visuel est très poussé - pourrait laisser penser à une sorte de twist scénaristique ou au moins en finissant le jeu un dernier plan sur le caméraman seul sur la piste de décollage pendant que vous, vous vous enfuyez en avion. Mais non rien de tout cela. Ensuite oui j'ai retrouvé la fameuse maniabilité de Kane & Lynch 2 à savoir un héros pataud comme tout et une imprécision légendaire des tirs. Mais vous voyez moi j'adore ça ! Je trouve que ce game play offre une expérience d'immersion en pleine fusillade vraiment intéressante. Qui n'a jamais canardé à l'aveugle dans Kane & Lynch 2 en espérant miraculeusement tuer quelqu'un n'a rien connu dans sa vie. Ce jeu parvient à retranscrire un chaos que je trouve bien plus familier que celui gavé à la pyrotechnie d’un Call of Duty ou d’un Battelfield. Ici le chaos s’exprimer avec une économie de moyen mais il reste généreux en éclat de violence, en âpreté fulgurante, en panique absurde et en lisibilité réduite. Oui dans Kane & Lynch 2 le chaos est palpable, proche et rugueux tout en restant délicieux tellement il est foutraque. C’est une expérience qui est à la portée de tous.

 

Finalement après avoir bouclé le jeu et rejoué à quelques chapitre que j'avais beaucoup aimé j'en viens à me demander si Kane & Lynch 2 n'est pas le digne - et quelque part le seul crédible - héritier des beat’em all à la Final Fight. On y retrouve un duo de héros plutôt très bad boy qui traversent une ville pour un prétexte à la con tout en massacrant tout le monde. Oui bien sûr le principe du beat’em all c'était de tuer les gens à mains nues, et ici on a des flingues. Bien sûr que dans un Final Fight on bastonnait des punks, des putes, des obèses, des homosexuelles et des noirs et dans l'esprit c'était vachement moins politiquement correcte que maintenant. Mais avec Kane & Lynch on tue indistinctement des mafieux, des policiers, des gens du GIGN local, des civiles, des femmes et des loubards c'est déjà pas mal. Mais ce qui m'interpelle le plus dans la ressemblance finalement c'est le rapport à la ville. La ville comme décor et comme lieu unique de toutes les mauvaises rencontres. Une ville exotique, caricaturale mais en même temps très proche de nous.

 

Vraiment sur la trentaine de jeu que je possède Kane & Lynch 2 est un des trois que je préfère et peut être celui qui me parle le plus. Celui dans lequel je peux me plonger avec ce plaisir innocent de gamer sans peur d'être perdu ou de devoir mobiliser ma mémoire pour me replonger dans l'univers. C'est un peu ma madeleine de Proust glauque. Un peu comme le film Collatéral qui film la ville d'une manière qui me parle et qui fait que dans chaque plan je suis un peu chez moi. Et puis ce jeu possède l'écran titre le plus extraordinaire que je connaissais et je dis ça sans ironie ni exagération. Ces scènes de vie que l'on observe par un écran fixe, la fenêtre d'un taxi ou d'une chambre d'hôtel par exemple est une pure merveille. Dès le départ le jeu annonce son amour pour la ville et pour sa dimension interlope, proche et exotique. D’ailleurs j’ai cherché à mettre l’écran titre en illustration mais je n’ai trouvé aucune vidéo de ces écrans dommage. Enfin bref - et maintenant à cause de la série Bref j’ai toujours l’impression de faire référence à eux quand je dis bref - j'ai tellement aimé rejouer à Kane & Lynch 2 que j'ai décidé d'acheter le premier ! Comme quoi ça a du bon les coupures d'internet parfois.

 

 

 

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