Fin de ma seconde session de jeu significative sur Bioshock. Mes impressions ont été intenses. J'ai été fasciné autant qu'émerveillé dès les premières minutes de Bioshock. Les premiers chapitres m'avaient pris au ventre me faisant passer de la peur à l'angoisse. En même temps lorsque je me suis lancé dans le jeu j’étais épuisé donc à fleur de peau et mes émotions étaient exacerbées. Aujourd'hui j'ai attendu la nuit pour commencer ma seconde session de jeu mais cette fois j'étais en forme, frais comme un gardon et je n'étais plus vierge de cet univers. Ce que je retiens de cette deuxième partie c’est que je suis nettement moins impressionné. Sans s’essouffler la mise en scène est moins virtuose, moins anxiogène.

 

J'avais aimé ces moments où l’on se retrouve plongé dans le noir et que des arcs électriques permettent d'apercevoir les Chrosomes se masser derrière une porte qui finie par scéder. Une mise en scène très simple mais diaboliquement efficace. Je n'ai pas retrouvé ce genre de mise en scène dans cette session. Par contre le level design est toujours aussi intéressant, surtout quand on pense que le jeu à déjà 5 ans ! Là encore on fait dans la simplicité et l'efficacité. Je pense qu'on peut même parler de classicisme. L'alchimie entre le level design de Bioshock et sa direction artistique fondent la part de génie à l'œuvre dans ce jeu. Après 5 ans, sous entendu après 5 ans de nouveaux FPS, de jeux d'ambiances et de jeux vidéo en tout genre Bioshock conserve une réelle force toujours capable d'impacter le joueur sans passer par le prisme de la nostalgie.

 

Mais ne me faites pas dire ce que je n'ai pas voulu dire bien entendu l'esprit de Bioshock repose à 200 % sur la nostalgie, mais une nostalgie des années 50 qui s'articule autour de leurs utopies et de leur uchonies toujours vivaces aujourd'hui. Quand je dis que le jeu impacte le joueur sans passer par le prisme de la nostalgie je veux parler d'une nostalgie vidéo ludique, le jeu date des débuts de cette génération mais le plaisir que l'on éprouve en y jouant est actuel ou intemporel si vous voulez.

 

bioshock petite soeur

 

Persévérer dans Bishock c'est se confronter à ce qui a fait la légende du jeu : les petites sœurs et leurs protecteurs - le choix moral qui découle de leur rencontre -. Les petites sœurs ce sont des fillettes inquiétantes qui traversent Rapture pour récolter l’Adam. On les regarde, on les redoute, on les aime, on les affronte et on décide de leur avenir. Avant de décider de la destinée d'une petite soeur on doit affronter son protecteur. Ensuite on touche au cœur du jeu : faire un choix.

 

Sauver la petite sœur, une petite fille possédée qui récolte l'Adam substance vitale à la survie de Rapture - d'ailleurs j'ai cru pendant longtemps que les petites sœurs récoltaient "la dent" et je trouvais ça normal sûrement parce que j'ai trop joué à Alice retour au pays de la folie -. En la sauvant on se voit accorder les faveurs d'un personnage de Rapture mais si au contraire on décide de condamner la petite sœur, on obtient beaucoup d'Adam nous permettant de devenir plus vite plus fort mais cela implique de tuer la petite fille. Peut-être que certains joueurs peuvent calculer l'intérêt de sauver ou de récolter les Petites sœurs en fonction de la difficulté du jeu. Sûr que le jeu est coriace, si on ne prend pas la peine de fouiller les niveaux de façon rigoureuse on se retrouve rapidement à cours de munitions et de trousses de secours. Il faut alors faire face aux adversaires armé simplement d'une clef à molette. Développer ses pouvoirs par le biais des plasmides permet de compenser cette difficulté et cela est censé nous motiver à tuer les petites soeurs. Mais j'avoue que cette carotte n'est pas suffisante pour me pousser à transgresser ce qui ressemble à ma morale.

 

Je n'arrive pas à récolter / tuer les petites sœurs. Ce n'est pas visuellement horrible mais l'idée de sacrifier ces petites filles de 7 ou 8 ans est une chose à laquelle je ne peux pas me résoudre. Bon je vais être franc j'ai essayé une fois, pour voir, par curiosité, comme on arrache les pattes des mouches quand on est petit et cette seule petite sœur que j'ai récolté m'a laissé un goût amère. Quand un jeu arrive à me faire faire un choix qui me met mal à l'aise je trouve que c'est une réussite.

 

Si la mise en scène et la narration perdent à mon sens en intensité assez rapidement, le jeu ne perd de sa profondeur. A mesure que j'avance dans Bioshock je m'étonne de sa richesse. Encore une fois il faut remettre cela dans le contexte de l'époque ; le jeu a 5 ans et il ne porte pas les marques du temps. Techniquement c'est un peu vieillot mais le gameplay est étonnant de subtilité. L'art de gérer les modifications "génétique" via les plasmides est au moins aussi intéressant que les modifications de Deus Ex Human Révolution, ce n'est d'ailleurs pas la seule chose que Deus Ex semble avoir en commun avec Bioshock, il y a les phases de piratage par exemple.

 

Le jeu permet aussi de gagner des informations sur les ennemis en les photographiant. Cela peut paraitre anodin pourtant ça diversifie le gameplay et ça opère aussi comme un catalyseur d'ambiance. Il faut approcher d'un ennemi discrètement pour l'observer et le photographier car on se est vulnérable pendant ces phases là - il faut choisir entre tenir l'appareil photo ou son arme -. Observer c’est rentrer dans le jeu par une faille sensible, par le regard, c’est une façon différente d’appréhender le level design. Bien sûr on peut juger que ces phases de photographie sont néfastes au jeu parce qu’elles hachent le rythme mais moi je suis fan. Je suis photographe dans l'âme et les jeux qui intègrent l'appareil photo dans leur gameplay sont tellement rare que je me régale de celui là et oui je ferai Beyond good & evil bientôt .

 

J'ai été réellement émerveillé par mes premiers pas dans Bioshock ; la simplicité efficace alliée à la direction artistique rétro futuriste frappe de plein fouet le joueur qui découvre le jeu. Par la suite mon aventure dans le jeu est devenu plus prosaïque et le plaisir de jeu a remplacé l'émerveillement ce qui est loin d'être un défaut. Jouer à Bioshock c'est comme boire un bon vin, un cru ancien qui a vieilli en se bonifiant. La suite quand j'aurai avancé dans le jeu CQFD

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