L'histoire d'un mec qui joue à Flower puis il va se coucher
26 mars 2012Le mec il était entrain de jouer à NBA2K12, toute la soirée il a joué à NBA2K12 et même s'il était nul et qu'il s'est pris comme tous les soirs taules sur taules il a continué parce qu'il aimait ça. B.O hip hop à fond les ballons et puis il en a eu marre, trop de choses, top de balles et pas assez souvent au fond des filets percés. Alors le mec il a mit Flower. Comme ça, comme un fou, comme un con qui envoie chier le monde pour se mettre au vert, un mec qui troque ses baskets air max Jordan contre une paire de sandalettes en chanvre. La nature, la douce brise et le vent qui brasse les polèns ; lui rappelle au mec qu'il ne doit pas oublier de prendre ses antistaminiques parce que c'est la saison des allergies dans le vrai monde. Mais dans la console ça va il joue à Flower comme d'autres fumeraient un joint ; juste pour se détendre et dans les deux cas ça parle d'herbe et de volutes dans le ciel couchant et dans les deux cas la musique devient bonne et le monde merveilleux.
C'est l'histoire d'un mec qui fait une pause dans un champ où le soleil se lève ou se couche, les pétales volent dans la traîne florale qui le suit et dansent sur de la musique douce. Flower c'est presque le premier jeu qu'il a acheté sur sa console, c'était y'a bien plus d'un an et pourtant les fleurs ne sont pas fanées, pas encore, les lucioles toujours pas mortes et le jeu même pas fini. Mais Flower n'est pas un jeu, c'est juste du Xanax ou du bédo d'herbe douce ; le Maroc à la sauce Playstation 3, douce ivresse inutile et exotisme si proche de chez soi ; il y a tout cela dans Flower, tout cela oui. Non ce n'est pas un jeu, pas plus que ce n'est de l'art à peine plus drôle qu'un fond d'écran interactif, Flower c'est la douceur d'un assommoir, chemin tracé vers le sommeil constellé d'inutiles trophées. Expérience d'insémination naturaliste où les glaneuses ne pourront rien récolter ; Flower est un jeu sans enjeux, sans hommes et sans instants ; expérience limitrophe de la limite des abstractions. C'est l'histoire d'un mec qui joue à Flower parce qu'il n'a pas sommeil parce qu'on a changé d'heure et qui soudain se dit qu'il jouerait bien à Child of Eden sauf qu'il n'a pas envie de bouger, pas envie de jouer vraiment, juste l'inutile et vaine errance de quelques pétales comme les atermoiements chaotiques du sac plastique dans Américan Beauty.
Le mec était entrain de jouer à Flower quand il en a eu marre de bouger sa manette dans tous les sens pour que son agencement floral ressemble à quelque chose parce que Flower serait un jeu si son ergonomie ressemblait à un game play humain et non une expérience par l'absurde d'un mouvement archaïque ; le vent ne devrait connaître ni limite ni dompteur alors le mec il éteint sa console et il va se coucher et rejouera à Flower peut être dans 4 ans.Il aurait pu jouer à Journey le mec, juste un niveau comme on se dit quand on lit juste un poème avant de refermer le recueil, peut être que ça l'aurait diverti parce que finalement il a mal au cou comme si le vent lui avait tourné la tête jusqu'au torticolis, à moins que ça ne soit ça le sommeil ...