Suite à un commentaire de Webgirl sur Le paradoxe de la gameuse solitaire j'ai réalisé que j'avais en moi une pudeur de gamer qui fait que je n'arrive pas a jouer en public même s'il faut savoir faire la part des choses entre public et public. Pour le dire simplement quand je suis chez moi je ne joue pas si je ne suis pas seul, seul ou alors avec quelqu'un venu précisément pour jouer. Jouer à plusieurs avec des amis venus pour cela ; jeux de foot ou de combat - parce qu'il faut bien reconnaître en multi et en local les autres genres sont très pauvres - ça ne me pose aucun problème c'est même plaisant. Je peux aussi allumer la console si quelqu'un, gamer ou non, me demande de faire une partie. Par contre si je ne suis pas seul chez moi notamment si j'ai une amie ou une petite amie à domicile - mais ça marche aussi avec une mère, une sœur ou un pote de passage - je n'arrive pas à jouer. Je n'ose pas allumer la console et me faire une partie.

 

 

Pourquoi ? Et bien parce que je connais la pudeur du gamer, mais si je devais l'expliquer je ne saurai pas quoi dire précisément. C'est une sensation archaïque, un mélange de honte parce qu'au fond de moi le jeu vidéo n'est pas tout à fait une noble culture et que je n'assume pas, je crois, l'idée d'être pris en flagrant délit de pop culture mélangé à de vieux poncifs récalcitrants  qui disent que les jeux vidéo c'est pour les gamins. Et pourtant vous savez à quel point j'aime en parler, raconter, expliquer, j'assume d'en faire le sujet de mes écrits, de mes pensées, de ma parole et même de ma futur thèse. Mais jouer en public ça je ne l'assume pas alors que j'ai aucun problème pour ouvrir un livre et le lire en présence de quelqu'un, pareil pour regarder un film surtout qu'un film est une parfaite occupation de groupe parce qu'on est tous passif en même temps. Je trouve aussi que jouer aux jeux vidéo est une expérience égoïste et je n'ai jamais compris les non-gamers qui pouvaient rester des heures à regarder jouer des gamers. A mon sens l'expérience d'un jeu vidéo est perceptible seulement par celui qui tient le pad - parce que le coeur n'est jeu n'est pas la narration mais le gameplay et l'expérience du level design - et donc jouer en présence de quelqu'un c'est d'une certainement façon décider de laisser l'autre exclue, obligé de s'occuper autrement et ce parti pris égoiste met une claque à mes bonnes manières. Tout cela peut éclairer peut être ma pudeur de gamer. A l'époque où j'étais à la fac je sortais avec une fille - elle avait laissé tomber la fac et qui avait donc tout son temps et toutes ses nuits -, je vivais chez elle et le soir il n'était pas rare que l'on se couche en même temps, que l'on couche ensemble et que comme tous les hommes je finisse par m'endormir et c'est à souvent ce moment qu'elle se relevait pour aller jouer sur l'ordi ; peut être que cette expérience m'a traumatisé ... enfin j'en doute mais ça m'a permi de me retrouver du coté de celui qui ne joue pas et qui peut se sentir exclu et c'est peut être ça que je n'ai pas envie de faire connaître à la personne qui se retrouve chez moi.

 

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La pudeur c'est bien connu on n'en a pas quand on est petit, moi quand j'étais petit, jeune joueur à la fougue innocente, la console de jeu était dans le salon et je jouais sans me poser de question à la vue de mes parents, de ma sœur ou n'importe quelle personne qui était là. Mais avec l'âge vient le jour où tu as le droit d'avoir une télé dans ta chambre et avec la télé la console de jeu et la porte se referme et tu joue seul. Je jouais le plus souvent seul mais pas toujours parce qu'évidement il m'arrivait d'inviter des amis joueurs pour jouer ensemble et c'est toujours pareil, ma pudeur de gamer ne s'applique qu'avec des non gamers. C'est un peu comme aller dans un club échangiste ; faire l'amour devant les autres y est naturel parce que tout le monde est là pour ça, ça coule de source, par contre faire l'amour devant un des inconnus qui font leurs courses au supermarché ou dans un lieu public ça coince est c'est logique ; il faut un peu de pudeur et moi cette pudeur là je l'ai pour les jeux vidéo. Vous allez dire que c'est paradoxal pour un blogueur qui parle de jeu vidéo à longueur d'article, qui aime ça et qui s'exhibe sur Twitter et autres réseaux sociaux. Mais je n'ai jamais dis que j'étais cohérent et encore moins normal ; je suis un joueur pudique et je le revendique. Jouer en public, jouer devant un public me met légèrement mal alaise que ce soit devant ma mère, une petite amie ou une mon amie c'est la même chose.

 

Il y a donc peu de chance que je puisse incarner l'image du gamer qui devant sa télé lutte et gagne et qui joue fièrement avec sa console, non je ne suis pas un bon vecteur de rêve, non je ne vends pas de rêve quand je joue parce que je joue caché. Peut être que jouer aux jeux vidéo révèle d'autre chose de moi, peut être que je joue pour noyer ma mélancolie ou éviter de trop réfléchir et que ce sont des choses que je veux faire seul, peut être que je joue parce que ma vie est vide et que je n'ai pas envie qu'on le remarque mais alors si c'était le cas je jouerai toujours seul chez moi et je n'aurai pas a avoir de pudeur donc ça ne doit pas être la bonne explication. Bien sûr nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui vous diront qu'ils m'ont vu jouer et ça sera vrai, parce que je fini toujours par jouer au bout d'un moment parce que ça me manque, mais ce n'est pas parce que je joue en public que j'aime cela, soyez en bien sûr. Je connais la pudeur de gamer et à dire vrai j'aime ça ! Jouons heureux jouons cachés ! Mais toi es tu un joueur pudique ou un joueur impudique ? Oses-tu jouer devant les autres ?

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