La première fois que j’ai entendu parlé de Lollipop Chainsaw j’ai réagi comme tout le monde ; je me suis enthousiasmé à l’idée d’un jeu développé par Suda51 mettant en scène une Pom Pom girl sexy maniant la tronçonneuse parce qu’elle est chasseuse de zombis. Il faut dire que ces trois éléments pris ensemble ; Suda51, héroïne sexy et zombis - pas nécessairement dans cet ordre d’ailleurs - ont de quoi séduire les amoureux de jeu vidéo dont, on le sait tous, la fantasmatique tourne autour des blondes à forte poitrine, des zombis et de quelques figures tutélaires du jeu vidéo.

 

Quelque temps après cette annonce, les trailers et l'enthousiasme de circonstance Lollipop Chainsaw est sorti. Je me suis empressé de lire tests et avis sur le jeu m’attendant à trouver éloges et louanges dans la continuité de l’enthousiasme initial, mais je n’ai trouvé que des réactions tièdes entre la déception polie et la détestation outrancière. Je concluais, à regret, que quelque chose avait foiré. Pourtant sur la carte le cocktail avait tous les ingrédients pour être délicieux … Étant un homme fidèle, surtout à ses premières impressions, ses premières amours et à ce qui un jour lui a fait envie je gardais en tête l’idée d’acheter Lollipop Chainsaw et bien évidement celui d’y jouer au nom du respect à l’enthousiasme qu’il avait un jour fait naître en moi. Même si la vie est une putain parfois étrange, elle reste quand même relativement rationnelle, j’ai donc acheté le jeu pour lui faire prendre la poussière quelques semaines sur mon étagère - oui je sais c’est honteux de ne pas faire la poussière plus souvent -. Le peu de passion témoignée par ceux qui avaient testé le jeu ne me poussait pas à me jeter dessus comme un Érythréen sur un supertanker. Et puis je me suis lancé, moi aussi, résigné à accepter la déception du jeu comme une forme de trahison à l’engouement premier.

 

On annonçait un jeu de chasseur de zombi avec une héroïne blonde et sexy développé par Suda51 et au final on se retrouve avec un jeu de chasseur de zombi avec une héroïne blonde et sexy développé par Suda51. Pourtant l'enthousiasme initial c’est transformé en déception ; voilà une affaire qui stigmatise encore une fois le fait que la blogosphère / twittosphère sont avant tout des lieux de posture, où #lesgens adoptent des postures pour suivre le mouvement - parfois pour lui survivre - cela au détriment de la sincérité, du spontané et du ressenti. En réalité Lollipop Chainsaw est une bombe, une vraie perle, une petite merveille qui tient parfaitement ses promesses.

 

Assez tourné autour du pot il est temps que je vous parle de ce jeu.

 

  • Une histoire d’héritage et de généalogie

 

Au premier abord Lollipop Chainsaw est un beat’em all à l’ancienne c’est à dire au level design simpliste couloir, couloir, salle, couloir, boss découpé en niveaux, sous-entendu boss de fin, écran titre intermédiaire, niveau suivant, dans lequel on bastonne du zombi. Au premier abord toujours, Juliet Starling notre héroïne possède un panel de coups limités et stéréotypés fleurant le gameplay à l’ancienne et le jeu de genre et au premier coup d’œil la réalisation technique, surtout graphique, semble souffreteuse. Il est évident que si l’on en reste à ce stade le jeu avec sa durée de vie ridicule est un jeu au mieux sympathique et distrayant et tout à fait dispensable. Mais quel véritable joueur en resterait à ce niveau d’impression sans voir dans Lollipop Chainsaw l'incommensurable jubilation de sa proposition vidéoludique ? Avant d’être tout ce que je viens d’énoncer Lollipop Chainsaw est avant tout un jeu sorti de l’esprit de Suda51 ; enfin sorti ce n’est pas le bon terme puisque le jeu n’est pas sorti - comme on dirait il n’est pas en dehors - de l’esprit de son créateur, bien au contraire il est totalement habité par l’esprit de Suda51 et cela prévaut sur tout le reste ; gameplay, level design, graphismes, ne sont que prétexte à mettre sur pied un objet culturel singulier et brillant.

 

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On connaît Suda51 pour Killer7 et plus tard No More Heroes, des jeux à la réputation élogieuse - pour ne pas dire mythologique - qui lui on permis de forger sa réputation d’auteur de jeu vidéo ce qui est suffisamment rare pour être un tour de force. Dans cette mythologie No More Heroes se pose comme l’héritier Killer7 et à sa manière Lollipop Chainsaw rentre dans cette généalogie parce que Lollipop Chainsaw est le négatif de No More Heroes. Quand je dis négatif, ce n’est pas à prendre au sens négatif du terme - oui, je n’arrange pas la compréhension avec ce genre de phrase - mais au sens de négatif photo. Là où Travis Touchdown est l’archétype de l’otaku japonais, loser solitaire, obsédé sexuel cynique qui tue seulement motivé par la perspective d’une nuit torride, Juliet Starling est l’archétype de la Pom Pom girl populaire, fleur bleue et naïve, qui se bat contre les zombis parce qu’elle est une véritable amoureuse romantique. Sur ce modèle les deux titres ne cessent de s’opposer et de se répondre, dessinant en creux le même propos autour des figures caricaturales de la pop culture des années 2000 ; le teenager, le geek et la bimbo. Là encore où No More Heroes repose sur un imaginaire de geek principalement axé des références culturelles japonisant Lollipop Chainsaw repose sur un imaginaire globalement américain nourrit aux séries pour ado et aux teen movies. C’est ce qui donne à Lollipop Chainsaw une plus grande proximité avec le grand public ; si les deux jeux sont ultras référencés et offrent de nombreux niveaux de lecture Lollipop Chainsaw se montre plus maintsream que son prédécesseur comme si depuis Killer7 Suda51 travaillait à rendre son propos d’auteur plus populaire et plus accessible.

 

No More Heroes offre au joueur une certaine liberté un monde la ville-île Santa Destroy qui compose un monde semi-ouvert, l’autre jeu propose un univers ultra rigide et découpé qui ne laisse au joueur aucun espace de liberté. Lollipop Chainsaw permet de jouer une fille qui agit au nom de l’amour, l’autre jeu de jouer un homme libidineux simplement motivé par le cul. Etc. etc. etc. Si Lollipop Chainsaw et No More Heroes sont les deux parties complémentaire d’un moule - c’est le même type de métaphore que pour le négatif pour ceux qui n’auraient pas suivi - il est donc logique que ces deux titres s’opposent mais dessinent aussi la même chose, le même jeu. D’aucuns diront alors que Lollipop Chainsaw ne se démarque pas suffisamment de No More Heroes pour mériter que l’on dise de lui qu’il est réussi. Là encore je trouve ce jugement aussi rapide qu’absurde parce que les deux jeux communiquent et qu’il est donc normal, logique et nécessaire qu’ils parlent le même langage. Si des choses les opposent, des éléments les rapprochent comme l’approche et la place de la musique, leur nature de beat’em all classique, la relation sociale comme moteur narratif, un parti prit esthétique référencé du coté de pop culture exacerbé et la volonté affichée d’assumer jusqu’au bout leurs concepts et les ambitions qui en découlent. Et s’il y a encore des personnes qui portent cette affirmation de ressemblance comme une critique c’est qu’ils oublient une chose fondamentale : No More Heroes se joue à la Wiimote ou au PS move alors que Lollipop Chainsaw se joue à la manette, ce n’est peut être qu’un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup sur la différence fondamentale des deux approches.

 

Ne dit-on pas que c’est la marque des auteurs - les grands comme les petits - que de toujours faire le même film, le même livre et ici le même jeu vidéo ? Leur talent étant de renouveler l’expérience, faire varier les nuances tout en restant fidèle à leur obsessions. À ce titre là Lollipop Chainsaw s’inscrit parfaitement dans l’oeuvre de Suda51.

 

  • Un petit théâtre des horreurs

 

Ceci dit, dire que Lollipop Chainsaw fait partie de cette branche généalogique de Suda51 qui compte Killer7 comme ancêtre n’est pas suffisant pour cerner ce jeu qui ne peut pas se réduire à n’être qu’un descendant un jeu mythique. Lollipop Chainsaw c’est aussi une histoire ! Le point d’exclamation étant là pour souligner l’importance de la chose. C’est une histoire qui s’amuse avec les codes autant qu’elle s’amuse avec le joueur / spectateur. C’est un jeu vidéo qui raconte une histoire, mais l’aspect gameplay de ce titre n’est qu’une des nombreuses ficelles que Suda51 utilise pour faire du joueur le spectateur de son petit théâtre. Le gameplay est là comme un prétexte pour que vous restiez bien sagement assit devant le jeu pendant que le jeu joue sa propre pièce.

 

Je disais au début de cet article que de juger sur l’aspect beat’em all à l’ancienne était une erreur et qu’il fallait prendre en compte l’esprit que Suda51 insuffle à ce titre et c’est justement dans la narration que cet esprit s’incarne le mieux. Ce jeu, c’est du théâtre ; soin des dialogues, unité de lieu et de temps à l’intérieur des niveaux, jeu des acteurs subtilement exagéré et ultra découpage de la mise en scène comme si chaque phase de jeu était une scène à part entière avec sa dramaturgie propre. D’ailleurs, chaque niveau / acte tourne autour d’un des membres de la famille de Juliet comme si celui-ci participait en guest à cette pièce. Ainsi, entre deux phases de gameplay, le jeu délivre des saynètes remarquablement bien dialoguées, souvent hilarantes. Les sous-titres français sont honnêtes mais imparfaits alors essayez de tendre l’oreille pour apprécier ces dialogues à la juste valeur de leur humour. Il faut dire que le pitch du jeu offre à l’intrigue le matériau idéal pour une histoire extravagante ; Juliet Starling est la cadette d’une famille de chasseurs de zombis, le jour de ses 18 ans, elle se rend au lycée pour y retrouver Nick son amoureux et fêter son anniversaire malheureusement tous leurs camarades ont été changés en zombis, ce qui va gâcher la fête d’autant plus que Nick se fait mordre. Tout le monde sait que la zombification est contagieuse par la morsure alors pour sauver son fiancer Juliet décide de lui couper la tête enfin de lui couper le corps puisqu’elle garde sa tête - qu’elle conserve en vie grâce à un sortilège.

 

Lollipop-Chainsaw-costume-list-sexy.jpgVous pouvez même cliquer sur l'image pour l'avoir en grand

 

Dans la plus part des jeux, surtout des beat’em all qui ne sont pas réputés pour la finesse et la profondeur de leur histoire, ce pitch serai le point de départ d’un scénario basic dans lequel Juliet se vengerait. Mais Lollipop Chainsaw s’applique à développer cette histoire d’amour étonnante détournant ainsi les code du beat’em all - qui lorgne généralement sur le revenge movie - faisant de ce jeu une sorte de comédie romantique absurde mais délicieuse. Juliet est une Pom Pom girl tueuse de zombi, mais elle agit et réagit à la manière d’une adolescente romantique et naïve c’est-à-dire que la part Pom Pom girl écervelée de sa personnalité prend le dessus sur la part tueuse de zombi. Et là où cela devient très fort et parfaitement exquis, c’est que Nick, enfin la tête de Nick que Juliet porte à la ceinture, perçoit parfaitement l’absurde de la situation et Nick n’a de cesse de faire des remarques dans ce sens. Les répliques de Nick semblent alors étonnamment réalistes, il réagit comme on réagirait tous si on découvrait que notre petite amie est une chasseuse de zombi alors que pour elle tout semble normal. Aucune des situations ne parvient à faire sortir Juliet de cette naïveté qui lui permet de jouer la parfaite amoureuse fleur bleue pendant qu’elle démembre à la tronçonne des hordes de zombis. Ce duo improbable parsème tout le jeu de répliques à l’humour absurde qui donnent à ce titre un esprit très particulier entre parodie ultime et la réflexion permanente sur le rapport entre jeu vidéo et joueur. Personnellement j’appelle cela du génie.

 

Si dans No More Heroes le geek moyen collectionneur de figurine, amateur de porno et secrètement amoureux de la bimbo du lycée peut s’identifier facilement à Travis Touchdown dans Lollipop Chainsaw le joueur s’identifiera à Nick. Enfin s’identifier à lui n’est peut être pas la bonne expression ; la vérité c’est qu’il sera piégé dans Nick. Cette tête que Juliet porte à la ceinture comme un porte-clef qui a toujours le nez collé à ses fesses est un piège à spectateur. C’est aussi la plus criante métaphore de la place du joueur dans le jeu vidéo. Et quand Juliet sans rien demander à son homme décide de coller sa tête sur le corps d’un zombi et que le jeu propose alors un QTE dont les touches son scandées par Juliet - qui retrouve là son rôle de Pom Pom girl avec ses je veux un Rond, je veux un Triangle, etc. - et qu’on peut voir Nick tituber et réaliser une action grotesque la métaphore atteint son paroxysme et le joueur peut légitimement se demander dans quelle mesure Suda51 est entrain de se foutre de sa gueule.

 

Et ainsi de suite Lollipop Chainsaw revisite les différents archétypes de la culture populaire américaine que l’on peut connaître au travers des séries et du cinéma : lycée, sport universitaire, campagne redneck et ça toujours dans une optique théâtrale. C’est qui donne au jeu sa structure si typique couloir, combat, saynète, couloir, combat saynète. Une structure que les nombreux temps et écrans de chargement viennent renforcer comme s’il fallait faire rideau pour que le machiniste installe les nouveaux décors pour que le spectacle continu. Finalement, ce gameplay qui au premier abord pouvait sembler simpliste lui révèle de la théâtralité ; le jeu regorge d’idées et principes de gameplay qui interviennent ponctuellement. C’est comme si on parcourait une fête foraine et que l’on s’arrêtait à tous les stands pour y faire différents jeux. Cela renforce l’aspect burlesque qui lui-même renforce l’aspect théâtralisé qui lui-même renforce le sur découpage du rythme.

 

Au fil du jeu l’intrigue qui se noue ne tourne pas autour vraiment autour de cette invasion de zombis mais autour de la relation compliqué entre Juliet et Nick. Cet adorable petit couple-modèle - sauf que l’homme n’est qu’une tête - va rencontrer toute la famille de Juliet donnant à chaque fois lieu à des situations absurde et des dialogues géniaux. Ces saynètes qui entrecoupent le gameplay sont les véritables perles de ce jeu. La narration s’amuse avec les codes, mêlant à cette amourette de lycée le surréalisme le plus total et un premier degré déroutant. Le jeu rejoue ces scènes que l’on a tous déjà vues au moins une fois dans une série US ou un film pour adolescents dans lesquels la fille populaire et sexy présente son petit ami à sa famille protectrice et un peu encombrante. Tous les éléments du genre sont respectés sauf que le petit ami ici n’est qu’une tête. Toutes les situations du quotidien d’une lycéenne deviennent comiques quand son petit ami n’est qu’une tête. Il y a les rabat-joie qui trouveront cela con moi je trouve ça excellent et je me marre. Le jeu parvient même à mettre en scène une dispute et une tentative de rupture où Nick veut quitter Juliet alors qu’il n’est qu’une tête à sa ceinture ; plaisir !

 

  • A la manière de Rabelais

 

On compare souvent le travail de Suda51 à celui de Quentin Tarantino et cela à juste titre. Les deux personnages offrent des œuvres postmodernes, amoureuses de la pop culture, de la musique et du cinéma de genre ; des œuvres truffées de références à différentes sous-cultures ravivant le principe d’une avant-garde inversée, des œuvres violentes, joyeuses et généreuses : de véritables œuvres rabelaisiennes qui parlent parfaitement la langue de leur époque et qui du coup parle aux individus de cette époque . Lollipop Chainsaw entre à merveille dans cette logique de jeu générationnel. Les références sont nombreuses, parfois flagrantes comme le nom du lycée où se déroule l’action : San Romero. Parfois plus discrète, la grande sœur de Juliet s’appelle Cordelia comme la Pom Pom girl écervelée qui deviendra l'acolyte de Buffy la tueuse de vampire puis de Angel le vampire détective. Et ce ne sont que des exemples, le jeu regorge de clins d’œil plus ou moins discrets à ce que l’on pourrait considérer comme la contre culture des années 2000. Les références ne sont pas toujours narratives, ce sont parfois les phases de jeu qui rendent hommage à tel ou tel titre à l’exemple du tronço rush qui permet à Juliet de planter sa tronçonneuse dans le sol pour passer en mode course automobile pédestre façon Wipeout du pauvre. Et c’est sans parler du niveau dans la salle d’arcade qui permet à Suda51 une réinterprétation très personnelle de Pac-Man et une autre de Arkanoïd. Comme les œuvres de son compère cinéaste les jeux de Suda51 donnent aussi une grande importance à la bande-son. Une bande-son qui parachève l’aspect postmoderne de l’œuvre mêlant des titres originaux composés par Akira Yamaoka avec des morceaux punk - rock - heavy métal légèrement rétro. D’ailleurs un peu à la manière d’un Scott Pilgrim, œuvre traversée par la musique, Lollipop Chainsaw est traversé par le souffle rebel, décalé et violent de sa bande son et ce n’est pas un hasard si chaque boss du jeu est le membre d’un groupe de heavy métal. D’ailleurs dans les fiches de présentation des personnages rencontrés les boss sont caractérisés par leurs influences musicales. D’ailleurs je conseil à tous le monde d’aller lire les descriptions des personnages que l’on débloque le long du jeu ; elles sont aussi débiles due hilarante comme la description de cette policière zombi dont on nous dit que le soir elle trouvait d’autre façon d’utiliser sa matraque ; ouai je sais c’est potache mais ça m’éclate.

 

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Lollipop Chainsaw est bien sûr que ce jeu est ultra raid, dirigiste - il en va de sa force métaphorique sur la place du joueur dans un jeu vidéo - c’est aussi un jeu surchargé, chaque interstice semble être rempli d’une dose d’humour / référence / clin d’oeil qui comble le joueur moderne qui aime qu’un jeu parle à sa culture dans sa propre langue. C’est surtout un jeu terriblement drôle, avec une palette d’humour étendu allant de l’humour potache au trait d’esprit spirituel en passant par l’absurde et le burlesque. On reproche à ce jeu d’être court, il est court c’est certain, plus encore si vous zappez les cinématiques. Mais ce jeu est bon, y jouer est une jubilation. On lui reproche d’être court ET d’avoir une rejouabilité limitée. Je compte revenir rapidement sur le concept de rejouabilité du jeu vidéo que je trouve totalement absurde et abusif ; pour moi la rejouabilité d’un titre relève du plaisir que l’on a y jouer, à y rejouer et à y jouer encore et non de savoir s’il y a de nouvelles choses à débloquer. J’ai fini Lollipop Chainsaw et je n’ai eu qu’une envie, c’est de recommencer. Comme au bon vieux temps de Final Fight. En plus ce jeu souffre du même syndrome qui frappe beaucoup de beat’em all de nos jours c’est de proposer un gameplay upgradable. On commence le jeu avec un panel de coup défini et limité et on trouve ça un peu ennuyeux et répétitif. Et puis on gagne de l’argent, des points, des trucs, qui nous permettent d’acheter / débloquer des nouveaux coups et petit à petit le gameplay s’étoffe, la difficulté s’équilibre et le plaisir grandi. Bien sûr, lors de la première partie Juliet ne possède pas énormément de coup et on répète en boucle les mêmes combos. Mais quand on a terminé le jeu et que l’on a débloqué certains nouveaux coups refaire le jeu est un vrai plaisir, on s’y amuse encore plus. Et s’il vous reste de l’argent, vous pourrez payer à Juliet de nouvelles tenues, toutes plus sexy les unes que les autres, sauf celles qui sont carrément bizarres. En même temps ne vous y trompez pas, Juliet n’est pas une salope, Juliet n’est pas une coquine, tout au plus on peut lui reprocher d’être une allumeuse, mais je vous jure qu’elle ne le fais pas exprès. Juliet est une Lara Croft ! Une fille à la plastique plantureuse, mais à la libido refoulée. D’ailleurs à un moment le père de Juliet émet l’idée qu’elle et son petit ami se sont déjà embrassés et à voir l’embarras et la gêne dans laquelle est plongée Juliet à cette simple idée prouve bien que c’est une vraie fille bien, une vraie romantique. D’ailleurs aussi improbable que celui-là puisse paraître, ce beat’em all déchanté plein de zombi ménage un dénouement des plus mièvres et romantique et le joueur devant de morceau de bravoure scénaristique ne pourra qu’être ravi.

 

Je me répète peut-être, mais je vous le dis Lollipop Chainsaw est un bonheur, une jubilation, un excellent beat’em up à l’ancienne doublé d’une parabole sur le rapport du joueur aux jeux vidéo doublée à son tour d’une histoire d’amour romantique et absurde. Ce jeu est ciselé comme de la dentelle, alchimie réussie d’humour, d’amour, de gore et références à la pop culture. Si ce jeu avait été un film, je suis convaincu qu’il aurait été adulé par tous les geeks, les gamers et les critiques arty du septième art. Alors, je ne vois pas de raison que ce jeu qui est un jeu vidéo et non un film ne soit pas reconnu à sa juste valeur comme une pièce maîtresse de l’œuvre de Suda51 et comme un objet vidéoludique régressif et intelligent qui mérite une place de joie au panthéon de cette génération de consoles. C’est le jeu qui dit ouvertement que le jeu vidéo coupe les couilles des joueurs pour en faire des marionnettes que les jeux s’amusent à triballer d’histoire rocambolesque en univers abracadabrantesques ; ne l’oubliez pas en jouant à Lollipop Chainsaw nous sommes tous des Nick et par passion pour le jeu vidéo nous sommes prêts à tout …

 

Et vous savez le pire dans l’histoire ? C’est que je viens de pondre un article interminable et j’ai pourtant la sensation de ne pas vous avoir parlé du jeu. Je vais donc essayer de faire un rapide résumé. Des graphismes vieillots mais un caractère design excellent, un humour omniprésent, un plaisir de jeu immédiat et jouissif, un gameplay inventif, un univers délirant et référencé, des musiques excellente, l’écran titre parmi les plus moches que j’ai pu voir, sexy, saignant, déroutant, une réflexion sur le jeu vidéo et en plus on peut voir la petite culotte de Juliet régulièrement ! Bref une perle. Merci d'avoir lu l'article jusqu'au bout.

 

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