Je suis un rescapé, je suis une bizarrerie, je suis peut être un monstre parce que je joue aux jeux vidéo depuis plus de 20 ans et je ne suis pas devenu ultra violent. Je suis l'anomalie statistique, le grain de sable dans la tête de Nadine Morano et par chance nous sommes des centaines de milliers de grains de sable dans la tête de Nadine Morano qui laisse sous entendre que la hausse de l'ultra violence est liée aux films vidéo violant et à des jeux vidéos violent.

 

C'est une figure de style récurrente dans le paysage vidéo ludique, de manière cyclique un journaliste ou un politique - peu ou pas éclairé sur le sujet - fait une intervention médiatique liant la violence de la société à la violence des jeux vidéo ; une ruade pathétique et ridicule dans une veine conservatrice et réactionnaire qui cristallise tant la méconnaissance d'un média devenu important et populaire que la peur latente d'une génération qui se braque parce qu'elle se sent exclue de ce nouveau pan de la culture contemporaine. Cette année c'est Nadine Morano qui a lancé son pavé dans le cloaque nauséabond de la pensée réactionnaire "Il y a une augmentation de l'ultra-violence dans la jeunesse. Il faut se poser la question du pourquoi. Pourquoi au regard de l'éducation, donc la place des parents, pourquoi au regard de notre société, avec le développement de certains films vidéo très violents ou des jeux vidéo, certains très violents" et sur ça lancé elle a eu cette phrase d'une modernité fulgurante "Quand je regarde les programmes que nous avions quand nous étions enfant, comme Flipper le Dauphin, l’Autobus impérial, ou encore Bonne nuit les petits, je trouve qu'on ne les amène plus [les enfants] dans un monde de sérénité."

 

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Et paf dans nos dents de gamer ; attention Nadine tu titille des mecs et des filles qui on été biberonné à l'ultra violence, tu risque de connaître des représailles à grand coup de boule de feu, de kamehameha, de carapaces  de tortues  - bleues - et de lance roquette. J'ai connu la guerre avec Ikari Warriors sur NES, j'ai arraché mes premiers cœurs dans Mortal Kombat, j'ai tué mes premiers piétons avec du sang sur le pare-brise dans Die Hard Trilogy, je dépucelé la vue aérienne du premier GTA en entendant les cris de vierges effarouchées de Famille de France, j'ai fais la guerre dans Call of Duty, j'ai tué des innocent dans un aéroport, j'ai conduis des putes au travail, mafieux ou yakusa j'ai gravis tous les échelons de la violence au jeu vidéo et que suis-je devenu ? Un homme normal, tristement normal, pas un accro à ma casier, pas une agression, pas un vole, pas un viole, pas une voiture brulée, rien un mec tout ce qu'il y a de plus banal, presque ennuyant, social et suffisamment cultivé pour avoir un goût et un esprit critique, capable d'aimer les films d'horreur, les jeux violents, sans devenir un psychopathe.

 

Je n'imagine pas une seconde que Nadine Morano a prit le temps de jouer à un jeu ultra violent ; preuve en est quand pour Paris Match elle se laisse photographier entrain de jouer avec ses enfants et qu'elle fait semblant d'appuyer sur la manette que tient son fils, c'est devant GTA IV. S’il y avait eu une once véracité dans la scène j'ose espérer qu'elle n'aurait pas choisi ce jeu, preuve de sa méconnaissance et de son mensonge. Et si Nadine n'a certainement jamais joué à un jeu violent je suis presque aussi sûr que Nadine n'a jamais pris le temps de lire un des livres qui traitent de la question de la violence et du jeu vidéo. J'ai lu certains de ces livres, peut être pas tous mais une bonne partie, et si dans la majorité ils ne sont pas pour le gamer d'un grand intérêt la plus part vont dans le même sens à savoir que le lien accolant l'augmentation de la violence dans la société et l'apparition de jeux ultras violents n'est pas avéré. Au contraire certains chercheurs et certains psychiatres développent des thèses dans lesquelles la violence des jeux vidéo opérerait comme une forme de catharsis aidant le joueur à dépasser certaines peurs - comme celle de la mort - et à transcender certaine pulsions.

 

Le vrai souci de ce genre de sortie médiatique à la Nadine Morano ce n'est pas qu'un personnage politique critique les jeux vidéo mais que la critique ne soit pas une critique censée, réfléchie, argumentée et étayée conduisant à ouvrir un débat de fond permettant de faire avancer les mentalités. Je suis las du mépris et de la superficialité de la parole de Nadanie Morano vis à vis d'un média qui intéresse des millions de personnes et qui représente une part majeur de la culture contemporaine. Stigmatiser les joueurs ou la violence ou les jeux en eux même c'est creuser le fossé qui sépare l'Etat et les gamers.

 

Fustiger l'ultra violence c'est aussi prendre le joueur pour un con incapable d'appréhender des images violente et confondant le réel et le virtuel. C'est supposer que le joueur n'est pas en capacité de prendre de recul pour discerner une mécanique de gameplay et ne pas la confondre avec la réalité. La majorité des joueurs, de tous âges, de tous sexes et de toutes origines sont capables de séparer le réel et le virtuel contrairement à ce que les réactionnaires veulent nous faire croire. La violence a toujours fait partie de l'imaginaire des contes pour enfants ; le loup qui dévore le petit chaperon rouge avant d'être lui même éventré, l'ogre qui décapite ses filles au lieu de décapiter le petit poucet et ses frères, les sorcières, les ogres, meurtre, brimade, abandon la violence a toujours était présente dans l'imaginaire et les enfants dans la majorité des cas savent l'interpréter. Les cas déviants, les dérapages, existent et existeront toujours non pas parce que les jeux seront plus violents mais parce qu'il existera toujours de personnalités fragiles.

 

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Mais je ne veux pas faire ma Nadine Morano, j'ai une expérience de gamer plus longue qu'elle et une culture sur le sujet peut être plus développée mais je ne sais pas tout et je ne veux pas ériger des vérités abstraites ou absolues à partir de mes ressentis. Alors ouvrons le débat mais avec la mesure, l'écoute et l'ouverture d'esprit nécessaire à conduire une pensée cohérente. Si nos politiques continuent de creuser cette voie des jeux violent qui rendent violant ils vont finir par nous dire que Mario Bros a provoqué une recrudescence de vocation de plombier et que le duo PES Fifa est responsable de toutes ces vocations de footballeur et là alors on aura touché le fond, ils auront perdu le peu de crédit que l'on pouvait encore leur accorder si nous voulions être optimiste.

 

Avant de prendre la parole pour parler d'un sujet qu'ils ne connaissent pas les politiciens devraient réfléchir ou au moins demander conseil à des personnes qui savent réfléchir. Parce que cette ruade contre les jeux vidéo est devenue un serpent de mer folklorique qui ressurgit au milieu des lacs calmes histoire de faire sourire le touriste. Jamais ces ruades ne provoquent de réel réflexion, jamais nous entendons les politiciens fustiger les parents qui ne contrôle pas à quoi jouent leur enfant, si des normes PEGI ont été mises en place ce n'est pas pour le plaisir de mettre des pictogrammes sur les jaquettes, c'est pour informer les acheteurs. Si Nadine Morano c'était un petit peu renseignée avant de passer pour une gourde elle n'aurait certainement pas acheté GTA IV à ces enfants.

 

Encore une fois Nadine Morano brille par l'inanition de sa pensée, c'est peut être qu'elle a trop regardé Flipper, parce qu'il avait beau être gentil et intelligent pour un dauphin Flipper reste un dauphin, et si ça fait bien un dauphin des un jeu vidéo - un souvenir pour Ecco jeu mythique - et dans les marinelande, un dauphin dans un gouvernement ça ne sert à rien, mais là je crois que je commence vraiment à divaguer alors je vais m'arrêter là. Je garde ma plume pour réagie à la prochaine sortie médiatique à l’encontre des jeux vidéo parce que je ne doute pas une seconde qu’il y en aura une.

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