Nous vivons une époque formidable en pleine avalanche sur-médiatique de jeux vidéo estampillés cultes, hits, must-have avant même que l'on ai eu le temps de poser la manette dessus et d'en faire le tour en long, en large et en profondeur parce que c'est en pénétrant profond dans un jeu que l’on sait s'il a le pixel soyeux et étroit idéal pour nous faire jouir ou s'il est large et rugueux bref plutôt inhospitalier à notre plaisir solitaire. Résistant aux vagues de FPS à la con, aux assassins et aux aventuriers plus ou moins masqués j’ai cru voir en Saints Rows : the third comme une délivrance ; l’espoir vidéo ludique de cet automne. Il faut dire que le jeu se prétend être décalé et explosif faisant la promesse d’une expérience fun et délirante. Je n'avais pas grand chose à perdre à tenter le diable mauve de Saints Row : the third. J'ai donc exploré le jeu en profondeur, jouant de longues heures avant d'en arriver là ; là étant ce moment où habité d'une prose active je me mets à vous parler du jeu.

 

Pour ceux qui ne sauraient rien de la série des Saints Rows c'est simple : ce sont des GTA-like. Si vous ne savez pas ce qu'est GTA c'est que vous avez sûrement passé une part considérable de votre vie dans une grotte ou enfermé dans un cave avec un autrichien pas très net du slip je laisse donc à votre psy la responsabilité de vous éclairer sur la nature de GTA. Dans Saints Row : the third vous êtes à la tête d'un gang qui va faire son possible pour prendre le pouvoir de Steelport votre ville d'adoption. Cela signifie faire des trucs de gang comme dealer de la drogue, frauder l'assurance, mettre des putes sur le trottoir et bien entendu faire la guerre aux autres gangs de la ville tout cela dans le but d'augmenter votre respect. Plus votre respect sera grand et plus vous aurez accès à des améliorations pour votre personnage, améliorations qu'il vous faudra quand même payer avec l'argent généré par vos activités mafieuses. Dans Saints Row 2 le très sous estimé second opus de la série Saints Row il fallait atteindre un certain seuil de respect pour accéder aux différents chapitres de la trame narrative principale et c'était bien comme ça parce que cela conférait une cohérence au jeu donnant le liant entre les missions principales et les missions secondaires. Dans Saints Row : the third c’est en parallèle des activités annexes qui peuvent se faire de façon totalement aléatoire que vous pourrez suivre une histoire avec une véritable narration - avec un début, un milieu, une fin - dont les rebondissement déclencheront certains événements qui modifieront l'ambiance dans les rues de Steelport. Les chapitres se débloquent les uns après les autres ne nécessitant plus d’atteindre un niveau de respect donné, du coup on se retrouve avec un jeu qui donne une sensation curieuse plutôt bancale. Il y a deux niveaux de jeu au sein du même monde ouvert, deux jeux presque similaires mais aussi presque totalement étrangers l'un à l'autre. Faire les missions annexes ou les activités revient a faire une sorte de level up répétitif et vain puisque ces phases de jeu n'affectent jamais la narration. A coté de cela on peut se plonger dans l’histoire et peut importe que vous contrôliez ou non une partie de la ville la narration se déroulera de la même manière. On est libre de passer d’un niveau à l’autre du jeu au risque de se laisser prendre par la lutte contre les gangs adverses et délaisser l’histoire ou inversement de se prendre à l’histoire et traverser le jeu sans se préoccuper de la ville. J’imagine que la nécessité d’augmenter la puissance de notre héros impose artificiellement de passer d’un niveau de jeu à l’autre mais c’est très artificiel et cela nuit à l’ambiance et au rendu général du jeu. Et tout Saints Row : the third est à cette image, un peu bancal jongleant en permanence avec deux niveaux de jeu qui ne parviennent pas à se compléter ou s'équilibrer.

 

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Saints Row : the third a fait sa promotion sur une promesse, celle d'être décalé, délirant et explosif, une promesse ambitieuse mais nécessaire pour espérer sortir de l'ombre de GTA. En effet pour démarquer sa série du très pesant tutélaire GTA Volition a du opter pour une approche parodique et débridée très second degré. Mais n'oublions pas que l'enfer est pavé de bonne intention, vouloir c'est bien mais Saints Row : the third réussit il à tenir son pari ? La scène d'ouverture est une grosse claque, votre gang grimé en lui même se lance dans le braquage d'une banque arrachant le coffre-fort avec un hélicoptère. L'action est nerveuse, la mise en scène précise et les dialogues sont délectables. Cette scène inaugurale laisse entrevoir un grand jeu à condition que le reste du jeu soit du même acabit. Objectivement je ne peux pas dire que la suite parvienne toujours à se hisser au même niveau mais globalement l'histoire principale est foutrement fun. Saints Row : the third est comme une bonne dissertation, son introduction et sa conclusion sont si bonnes que l'on a une excellente impression de l'ensemble. Au passage il y a deux fins possibles - vous pourrez jouer les deux fins - mais je vous conseils la fin où vous choisissez de sauver l'un des membres de votre gang car c'est certainement une des fins les plus drôle, les plus WTF et les plus jubilatoire que j'ai peu jouer. Un bijou d'humour et d'hommage qui vient clore à la perfection la trame narrative sur une note absurde tenant ainsi la promesse d'un jeu décalé et délirant. Si la trame principale se montre au niveau de la promesse initiale - et cela malgré un problème de rythme et de dosage - malheureusement les missions annexes trahiront les ambitions du jeu. Explorer Steelport en quête d'activités annexe ramène le jeu dans les rails du genre. Même si c'est très bien réalisé les missions sont très convenues rompant avec les délires que dans la trame principale. C'est vrai que le jeu mise sur l'embalage, l'ambiance étant tout à la fois funky, acidulé et psychédélique. Vous pouvez incarner un héros à l'apparence délirante mais vous aurez beau être déguisé en astronaute, en poupée gonflable ou en pute des années 80 ça ne changera rien aux interactions avec les autres et le monde aussi ouvert soit il restera prévisible et ronronnant. L'attirail délirant de votre personnage ne suffit pas pour ramasser l’ambition du second degré quand l'action se cantonne à voler une voiture ou tuer une cible. C'est d'autant plus regrettable que la majorité des activités proposées étaient déjà présentes dans l'épisode précédant. A coté de ça ces phases là sont très bien réalisées et parfois amusantes. Ceux qui n'ont pas connu Saints Row 2 - qui a connu un succès modéré me semble t-il - devraient prendre du plaisir à escorter les putes, protéger les dealers, à faire des courses sur un quad enflammé ou encore participer au jeu du Professeur Genki.

 

Si on veut être sincère on doit dire que le game play proposé par Saints Rows : the third n'est pas toujours très subtile et il est plutôt répétitif. Le schéma type d’une mission consiste à se rendre dans un lieu, tuer tout le monde et s'enfuir. Mais pour le plaisir de vivre une fusillade dans un club SM qui se termine par une course poursuite en chars tractés par des esclaves sexuels on pardonnera à Saint Rows : the third ce défaut. En plus pour palier à ce manque de diversité de game play le jeu mise sur la surenchère et la générosité des contextes et de l'armement. Saints Row : the third n'est pas un de ces jeux pingres qui distillent les armes lourdes avec parcimonie. Très vite votre arsenal de base - disponible à tout moment - comportera mitrailleuse, fusil à pompe, grenade, lance roquette, drones de combat sans oublier le très fameux pénétrator la batte godemiché ! En plus de cela vous aurez l'occasion de débloquer des armes tout au long de l'aventure et d'upgrader les armes acquises dans une course folle aux grand n'importe quoi. Et si cela n'était pas suffisant pour assouvir vos penchant bellicistes sachez que vous aurez accès à des machines de guerres façon tank, hélicoptère ou avions de combat ce qui ne facilite pas une approche du jeu par la finesse mais qui peaufine outrageusement la violence gratuite que vous serez en mesure de distribuer autour de vous. Peut être que le jeu se répète mais il le fait dans une belle générosité dans la violence. Il n’y a pas que l’armement qui joue la carte de la surenchère ; les situations aussi deviennent de plus en plus absurdes préférant jouer la carte du clin d’oeil et de l’hommage à la pop culture plutôt que celle du sérieux. Je ne veux vous gâcher le plaisir de la découverte mais sachez que plus vous progresserez dans l'histoire et plus vous aurez droit à des scènes délirantes comme ce moment où vous incarnez un chiotte dans un univers à la Tron - mais non je ne l'ai pas dit -, plus on progresse et plus le jeu s'éloigne des canons du genre pour s'enfoncer dans la parodie et c'est la grande réussite du jeu.

 

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Besoin de vous déplacer ? Volez donc un véhicule ! Steelport est une ville pleine de voiture, camion, moto, bus, voiturette qui ne demande qu'à être emprunté et customisé à votre guise. Enfin si votre guise n'a pas de grands appétits parce que les possibilités de custom ne flirtent pas avec les infinis. Il en va de même avec les accoutrements de votre avatar. La création de votre avatar offre une belle liberté de modélisation, surtout du visage, permettant de donner vie à un héros ayant les traits de vos fantasmes les plus inavouables - une apparence non définitive puisqu'un passage chez le chirurgien esthétique vous permettra de changer de tête, de coiffure, de manucure, de maquillage, de sexe ou couleur de peau sachant que la palette va d’une carnation rose des plus naturelle aux teintes métalliques les plus psychédéliques - mais le choix des tenues est étonnamment réduit. Vous pouvez vous rendre dans une des nombreuses boutiques de fringues de la ville pour customiser votre apparence mais on y trouve partout les mêmes choses. Avec un peu de persévérance vous débloquerez quelques éléments saugrenus mais ce n'est que trop peu. Globalement le monde ouvert de Saints Row : the third perd en diversité par rapport au second épisode de la série. Dans Saint Row 2 il y avait une dimension de gestion de son empire mafieux et commercial qui était plus poussé. Les environnements étaient plus variés comprenant la ville et des zones rurales et les possibilités de customisations étaient plus vastes mais aussi moins facile d’accès. Saints Rows : the third a misé sur la facilité et la disponibilité perdant par là même un peu de cachet même si le choix des costumes ne représente qu’un simple détail je trouve cela significatif de l'esprit du jeu.

 

En parlant de détail il y a une chose qui n'en est pas un c'est Steelport - quelle transition ! - votre terrain de jeu. La ville est vaste occupant la totalité de la carte sans pour autant être tentaculaire, tout y est bien délimité comme bien rangé, trop bien rangé peut être. Elle possède des quartiers bien identifiables, du centre ville à building à la banlieue dortoir en passant par les zones industrielles. La ville est constellée de bâtiments à acquérir, de commerces à acheter et d’infrastructures comme l'aéroport formant un tout très cohérant plutôt réussi visuellement. Evidement Steelport est peuplé d'innocents habitants à qui vous aller voler des voitures et que vous pourrez allégrement écraser jusqu'à ce qu'ils soient défendus par de valeureux policiers. Des policiers qui ont d’ailleurs tous la même tête - il y a différentes classes de policiers mais une seule tête par classes - ce qui donne aux interventions de la police un aspect très Matrix façon Mr Smith. Graphiquement le rendu de Steelport est réussi sans être éblouissant misant principalement sur la cohérence de l'ensemble et sur quelques éléments d'ornements ostentatoires très réussis. Un soin particulier a été porté à l'aspect extérieur des bâtiments, les façades fourmilles de détails ce qui leur confère un véritable charme et joue sur le cachet évident de certains quartier. Et pourtant Steelport manque de vie, enfin pas de vie mais d'âme. Les bâtiments sont beaux mais on ne peut quasiment jamais les visiter et si c'est le cas ils sont souvent vide. En tout cas je l'ai perçu comme cela ; Steelport est une très jolie coquille vide dans laquelle résonnent les sons de vos armes à feu. Dans un monde ouvert j'aurai aimé que la ville soit plus qu'un simple décor - aussi réussi soit-il - j’aurai aimé que la ville soi un personnage à part entière. Si Steelport est un grand et beau personnage ça reste un personnage qui ne parvient jamais à s'animer et prendre vie. Décidément Saints Row : the third pêche par son open world et brille par sa partie scriptée si je peux l'appeler ainsi. C'est plutôt paradoxal parce ce qui fait l'intérêt d'un open world c'est son monde ouvert et les interactions que l’on peut y commettre. Steelport est un monde ouvert, bien ouvert mais l'expérience de celui-ci est un ton en dessous de l'expérience offerte par la narration. Je pense que Saints Row : the third aurait fait un excellent TPS sur rail parce que c’est dans ces phases là que le jeu est le meilleur, que le scénario brille par ses situations délirantes et que l’action est la plus jouissive. Le monde ouvert de Saints Row : the third n’apporte rien de particulier, il n’est pas mauvais, au contraire il est beau, vaste et accessible mais l’expérience de celui-ci trahi l’esprit du jeu parce que Steelport est trop consensuelle.

 

Même si je semble critique sur l'open world de Saints Row : the third j'ai une réelle tendresse et un véritable attachement pour l'expérience de jeu qu’il propose. Pourquoi ? Pour une raison particulière. Lorsque vous aurez atteins le niveau 50 de respect - niveau maximum - et que vous aurez accumulé assez d'argent vous vous offrir les augmentations qui vous rendrons immortel et vous conférerons aussi les munitions infinies - il faut peut être terminé le jeu pour débloquer ces options je ne sais plus trop - ; bref le niveau 50 de respect fera de vous un dieu. Jouer l’histoire de Saints Row : the third est un vrai plaisir parce que c’est souvent WTF et qu’on se marre bien. Mais une fois celle-ci terminé il vous restera une quête implicite : devenir un dieu. Quand j'ai eu terminé les deux fins du jeu j'ai choisi décidé de modifier radicalement mon personnage qui comme d’habitude était une rousse aux cheveux longs et à la poitrine généreuse. Maintenant que je suis immortel pour partir et finir la conquête de Steelport j’ai choisi un personnage nu avec la peau d'un beau bleu métallique. Oui je suis une sorte de Dr Manhattan, le Dr Manhattan de Steelport ! Je peux me tenir debout devant les tanks qui déchainent sur moi un feu fourni et quand je me lasse de leur cirque ridicule je déclenche une frappe aérienne pour les réduire en un tas de carcasses fumantes. L'immortalité fait perd en intérêt au jeu ce qu'il gagne en métaphysique. Etre un dieu dans un monde ouvert où il vous reste des missions à terminer c’est assez curieux comme expérience, suffisamment curieux pour mérité d’être faite. Surtout que visuelle Saints Row : the third provoque de situations absurdes comme se retrouver déguiser un prêtre avec une énorme tête de mascotte de chien entrain de balancer sur la foule des bombes puantes avant de s'enfuir au volant de sa Vespa rose fushia avec le petit néon dessous pour faire bien classe. C'est parfaitement inutile et comme tout ce qui est inutile c'est parfaitement jouissif.

 

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Alors que retenir de Saints Row : the third ? Il faut retenir le mauve parce que le mauve c'est la couleur de votre gang. Il faut retenir un casting très réussi avec des personnages qui campent ce qu'il faut de caricature pour être drôle et attachant avec une mention particulière à Zimos le mac qui ne parle qu'à travers son vocodeur. Il faut retenir une intrigue très classique sur la forme mais totalement débridée sur le fond. Il faut retenir l'expérience d'un monde ouvert en décalage avec l'expérience de la narration, un monde ouvert trop lisse et propre pour tenir la promesse délirante de l'histoire. Il faut retenir une maniabilité efficace de toutes les armes, un combat au corps à corps simple misant sur une palette emprunté au catch. Il faut retenir une durée de vie intéressante doublée d'une rejouablité accrue pour ceux qui souhaitent devenir dieu et contrôler 100 % de Steelport. Il faut retenir que Saint Row : the third est une excellente alternative à GTA. Il faut retenir un arsenal complet. Il faut retenir le manque de vie de Steelport. Il faut retenir le manque de variété des costumes. Il faut retenir que le jeu aurait pu conserver une dimension gestion plus poussé. Il faut retenir que l’on peut faire parfois des choix dans la trame principale mais que c’est trop rarement et trop inexploité. Il faut retenir que je vais faire gagner ce jeu via un concours dans le prochain article. On pourrait retenir un mode coop mais je ne l'ai pas testé alors retenez que je m'abstiendrais d'en parler. Il faut retenir que si vous cherchiez un jeu dans lequel vous pourriez incarner un personnage dans un costume de mascotte chat qui éclate des hordes de zombis avec un godemiché géant - enfin pour moi il semble géant mais si vous êtes bien membré peut être qu'il vous semblera normal - alors Saints Row : the third est fait pour vous !

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