Aujourd’hui, un petit article en guise de coup de gueule. Parce que, j’en ai marre d’entendre les joueurs se plaindre de la possible et plausible disparition des jeux d’occasion. Les annonces respectives de la Playstation 4 et de la XBox One ont constitué un prétexte idéal pour relancer une énième fois les rumeurs, les débats, les prises de paroles libres sur la fin de l’occasion. Parler de la possible mort du jeu d’occasion comme si c’était vraiment important, comme si c’était une question de premier ordre, alors qu’il me semble que cette question est encore plus morte que l’est le marché en question.

Les amis soyons honnêtes avec nous-mêmes ainsi qu’avec les autres : le marché du jeu vidéo d’occasion est déjà mort !

Et ce n’est pas la faute des odieux éditeurs aigris de ne pouvoir toucher une seconde fois de l’argent sur des jeux qu’ils ont déjà vendu qui a tué ce marché. Ce sont les boutiques elles-mêmes qui ont sabordé le système. Alors s’il vous plait arrêtez de défendre l’occasion, nous ne pouvons pas être crédibles si d’un côté nous passons notre temps à fustiger les revendeurs de jeux vidéo, Mircomania en tête - vu que c’est presque la dernière franchise physique à perdurer - ses prix abusifs et ses vendeurs incompétents et dans le même temps, défendre le jeu d’occasion comme si c’était la panacée alors que c’est le marasme absolue.

Les raisons de ce sabordement sont nombreuses, le prix bien sûr, mais j’y reviendrais plus tard, avant cela, il y a une chose très simple qui plombe ce marché c’est la trop faible diversité des titres que l’on peut trouver en occasion par rapport à ce qui sort réellement. Une fois que l’on a retiré les cinq ou six saisons de FIFA, de jeux de catch et de Call Of Duty toutes rendues caduques par l’avènement d’une nouvelle version saisonnière, il ne reste plus qu’une trentaine de titres dont certains semblent sédimenter dans les rayons depuis des années. Si on ne devait se fier à cet instantané, on n’imaginerait pas la vigueur et la fougue de la production vidéoludique. En plus, parmi les jeux que l’on retrouve toujours en occasion fidèle comme l’est le pilier de bar qui lève le coude dès le matin il y a peu de titres phares, de jeux cultes et autres perles qui mériteraient d’être découvertes et jouées. Je pense par exemple à Catherine que l’on voit très rarement. Mais ce n’est pas le seul jeu, par exemple cela fait longtemps que je cherche un Tales of Grace f d’occasion à un bon prix. Il y a aussi Ni No Kuni que je ne vois quasi jamais en occasion depuis qu’il est sorti alors que jeu est un des tous meilleurs RPG de la console, et je me rappel aussi du mal que j’ai eu pour trouver un Assassin’s Creed II en occasion. Je suis sûr que la liste des exemples de jeux difficilement trouvables pourrait être très longue si chacun y allait de son exemple.

Passons rapidement sur l’esthétique douteuse des boutiques de jeux vidéo, sur l’absence d’un quelconque classement qu’il soit alphabétique ou par genre, une absence qui est rarement palliée par la compétence relative et arbitraire des vendeurs. Et comme pompon sur le gâteau, je rappellerai que l’état des jeux d’occasion c’est la loterie ; si les boutiques s’assurent que les jeux ne soient pas - trop - rayés et qu’ils fonctionnent bien, du côté des boîtes et des notices c’est souvent limite, parfois en dessous de la limite et quelques fois c’est indigent - je me suis retrouvé un jour avec un jeu PSP dont la jaquette avait trempée dans l’huile … -, en tout cas nous sommes très loin d’avoir des standards de qualité raisonnables comme on peut en trouver au Japon il me semble.   

Il y a des gens qui n'ont aucun respect pour l'objet jeux vidéo ... bon ok je mais cette photo pour racoler un peu

Il y a des gens qui n'ont aucun respect pour l'objet jeux vidéo ... bon ok je mais cette photo pour racoler un peu

Toutes ces raisons ont déjà à elles seules largement contribuées, selon moi, à éroder le marché de l’occasion. Mais c’est avec les problèmes de prix que l’on touche le fond. Il y a plusieurs choses ; déjà les prix prohibitifs pratiqués sur le neuf et qui se répercutent sur l’occasion. Dans les trois mois - et parfois plus - qui suivent sa sortie d’un jeu il sera vendu d’occasion à peine moins cher qu’en neuf, la différence est si minime que l’on aura vite fait de le trouver moins cher et neuf en fouinant un peu sur la toile - et sans même être obligé de passé par l’étranger -. Passé le laps de temps durant lequel jeu est bankable intervient le second problème lié au prix de l’occasion, c’est l’évolution arbitraire, semble-t-il liée au hasard, de la côte d’un jeu. Pour certains jeux les prix chuteront rapidement passant vite sous la barre des 20 €, puis de 15 €, d’autres mettront des mois, des années à descendre si bas. Et d’autres encore semblent indéfiniment stagner autour des 30 €. Quand on achète une voiture d’occasion, il y a une forme de logique, l’argus, le kilométrage, l’année, l’état, on est en mesure de comprendre un prix. Avec un jeu vidéo ça ne semble pas être le cas. On a du mal à cerner ce qui fait la côte d’un jeu ; ce n’est pas l’état du jeu et ce n’est pas la qualité intrinsèque du jeu, ni même sa durée de vie. On pourrait supposer que c’est la date de sa sortie, mais ce n’est pas vraiment le cas, on trouve de vieux jeux d’occasion plus cher que des jeux récent. C’est mystérieux, en tant que joueur, on ne peut pas faire de protectives parce qu’on ne sait jamais quel prix va atteindre tel jeu. D’autant plus que les prix du neuf varient, eux aussi, assez vite, ce qui fait que l’on se retrouve parfois en boutique avec des jeux neufs moins chers que des jeux d’occasions ce qui amène à douter de l’intérêt de l’occasion. Bref, les prix du jeu vidéo, c’est comme les prix des voyages en train, cela semble aléatoire, ça incite au doute et à la méfiance plus qu’à l’achat de confiance.  

Tout cela pour dire que la défendre le marché du jeu d’occasion me semble idiot. Je ne comprends pas ces joueurs outrés quand une rumeur laisse entendre que tel constructeur, tel éditeur, veut brider ou interdire l’occasion. Je comprends que l’on ait envie de payer ses jeux moins chers, mais je doute de plus en plus que le jeu d’occasion soit la bonne réponse à ce désir. Pourquoi s’offusquer qu’un marché moribond depuis des années meurt enfin et qu’un nouveau modèle le remplace ? Parce que la vraie question ce n’est pas celle de l’occasion, c’est celle du prix des jeux vidéo ! Les jeux d’occasion sont une « nécessité » qu’une conséquence des prix du neuf que les joueurs trouvent trop prohibitifs. Bien sûr j’entends déjà #lesgens qui vont me dire « oui mais le prix des jeux vidéo n’a pas augmenté depuis la NES ou la Super Nintendo », d’accord sauf qu’à l’époque nous jouions moins, nous consommions beaucoup moins de jeux et surtout nos parents trouvaient déjà que c’était trop cher pour ce que c’était. Si vous voulez garder les jeux à ce prix d’accord, gardons les jeux vidéo à 60 €, mais ne demandons plus alors aux joueurs d’acheter une ou deux nouveautés par mois. En même temps moi je m’en fous je n’y joue pas aux nouveautés.

C’est cela la vraie question : en tant que joueur quel prix estimons-nous juste pour un jeu vidéo. Et accessoirement combien de temps ce prix est crédible ? Je n’entends jamais personne se plaindre que l’on ne trouve pas de jeux d’occasion pour mobile ou pour tablette, ni même personne qui souhaiterai revendre ses applications - à part quelques troll pour de purs débats de rhétorique de la mauvaise foi - tout simplement parce qu’à priori ils estiment avoir payé les jeux à leur juste prix. Et c’est pareil avec Steam, j’entends plus de personnes se plaindre d’avoir trop de jeu dans leur bibliothèque que de personnes se plaignant de ne pas pouvoir les revendre. Cessons de pleurnicher sur la disparition d’un marché qui est devenu sans intérêt et essayons plutôt de faire entendre aux constructeurs que nous sommes prêts à payer pour jouer, mais payer un prix plus juste pour un produit plus juste ; par exemple, je veux bien payer les développeurs, les graphistes, les programmateurs, mais je n’ai pas envie de payer les publicitaires et gens du service marketing qui me pondent une campagne de propagande à la con pour un jeu que l’on aura oublié deux semaines après sa sortie. Je suis d’accord pour payer plein tarif un jeu qui lance une licence, un moteur, un univers, mais je trouve abusif de payer le même prix pour un jeu qui n’a eu qu’à poursuivre le scénario de l’épisode précédent sans renouveler son moteur, son univers, etc. - parfait exemple Assassin’s Creed -. Est-il logique de payer en boutique le même prix qu’en dématérialisé quand on sait que pour le jeu en boutique il y a fallu imprimer le jeu, le transporter, le revendre, que chacun à prit sa part et payé ses taxes alors que le dématérialisé est exempt de cela ?

Sony avec son abonnement premium au PSN m’a habitué à payer moins pour jouer plus et dans ce « contrat », je suis d’accord pour accepter le dématérialisé et même accepter une date de péremption sur le titre que je télécharge si pour un prix raisonnable - 5O euros pour un an - et que j’ai accès à deux ou trois titres par mois auquel je peux jouer plusieurs mois. Et les pisse-froid ce n’est pas la peine venir jouer les rabat-joie en disant que c’est inadmissible l’on ne puisse pas garder son jeu ; je vous rappelle que c’est vous-même qui défendez le marché de l’occasion qui ne fonctionne que parce que des joueurs se séparent de leurs jeux. Si les jeux sont à un prix plus juste alors on se moquera de ne pouvoir les acheter d’occasion parce que dans le fond le joueur lui ce qu’il veut c’est jouer sans avoir à hypothéquer sa maison.

Laissons donc mourir le marché de l’occasion et ne le pleurons pas, il a une fin de vie minable et pathétique. Au lieu de s’acharner à essayer de croire qu’il est beau, qu’il va bien, qu’il est utile laissons le partir. Les seuls à qui cela fera du mal c’est aux boutiques mais ça les amènera peut-être à réfléchir sur leur avenir. Je n’ai pas les clefs de cet avenir, je doute que le tout dématérialisé puisse prendre la place tout bêtement parce que nous n’avons pas une couverture internet suffisamment homogène pour cela. Il n’empêche que l’on est en droit d’aspirer à consommer les jeux vidéo différemment ; ce que j’ai envie de dire aux constructeurs au lieu de pleurnicher c’est « trouvez moi un nouveau mode de consommation du jeu vidéo, profiter de cette nouvelle génération pour mettre en place de nouveaux modèles ». En même temps je doute qu’un constructeur de console ou un éditeur de jeux vidéo lise mon blog …

Coups de gueule ; laissons mourir le jeu d'occasion

Petite mise à jour de l’article au sujet du marché de l’occasion sur internet.

J’avais pensé à le traiter dès le départ mais étant plus porté par l’idée d’un coup de gueule que de l’article objectif, je l’avais laissé de côté. Je prends donc ce que j’ai mis en commentaire ici.

Il reste bien entendu la vente d'occasion en ligne. Son plus gros avantage, c’est qu’elle permet de trouver les jeux que l'on ne trouve pas en boutique. Quoi que l’on cherche, internet est là pour nous le dégoter, surtout si on sait ce que l’on cherche ; sous-entendu on ne peut pas exactement flâner sur un site, ni même se laisser guider par un vendeur - mais en boutique non plus bien généralement -. Mais je trouve à ce marché deux petits noirs. Le premier, c'est que l'on est soumis à la bonne fois du vendeur sur l'état du jeu vu qu’on ne peut pas vérifier. Je viens d'acheter Grand Theft Auto IV & Episodes From Liberty City, il était annoncé en état « comme neuf », mais est arrivé un jeu dans un état qui mériterait juste un label "bon état". En soi ce n’est pas très grave, je l'aurais sûrement pris en l’état si je l'avais vu en boutique, mais là je reste sur la sensation d'avoir été dupé. Il y a quelques mois, c'était un God of War III qui refusait carrément de passer sur ma console, mais ma tête de lecture était en fin de vie, je dois être indulgent avec cette mésaventure puisque par la suite même les jeux neufs ne passaient plus. L’autre souci avec les vendeurs d'occasions en ligne qu’ils soient pros ou particuliers c'est que dès qu'un titre se fait un peu rare il y a une inflation qui simplement provoquée par la crédulité de certains "collectionneurs". Bien sûr ce marché existe, il est utile et souvent fiable, mais ce n’est pas la panacée parce qu’il n’est pas toujours très clair et il s’adresse surtout aux connaisseurs qui savent où trouver les jeux aux bons prix.

Du coup si l’on peut être critique au sujet des vendeurs spécialisés et des boutiques dédiées il reste et à priori il restera toujours le marché "informel" du particulier à particulier, des brocantes, des sites de petites annonces, les Cash Converters, etc. Cela existe et existera tant que l'on pourra avoir des jeux sur un support physique. On y trouve de tout, à tous les prix, on y fait de bonnes affaires mais l’on peut s’y faire avoir, on a n’y trouve pas nécessairement de conseils mais on y trouve des gens à des prix parfois bien plus intéressant qu’ailleurs - si on est prêts à passer un peu de temps ensuite à batailler avec la colle ben collantes des étiquettes -. Je n’hésite jamais a commander des livres, des BD, des DVD par ce biais mais je suis toujours un peu hésitant quand j'y achète des jeux. Faut-il faire confiance aux prix ? Dois-je prendre l’offre la moins chère ou cache-t-elle quelque chose ? Les offres plus onéreuses sont elles plus sérieuses ? Là encore avec ce marché « informel » il faut à la base être un peu connaisseur pour pouvoir s’en sortir a faire les meilleurs affaires.

Merci à Trulsrohk, Margoth et Léo pour leurs commentaires qui m’ont conduits à mettre à jour cet article.

Coups de gueule ; laissons mourir le jeu d'occasion

Note : un petit 3/5 parce que le coup de gueule ça fait du bien à celui qui le pousse mais en réalité ce n’est jamais ce qu’il y a de plus constructif ; et qui dit moins de construction dit note plus basse. En même temps ça fait plaisir de se laisser aller à la digression sur un sujet qui me tarabiscotait depuis quelques temps. Qui sait, je vais peut-être avec cet article lancer une série de coups de gueule sur les jeux vidéo, sur les joueurs et sur les blogueurs. Ou peut-être pas. Comme dans tous les articles coups de gueule on laisse un peu plus de place à la provocation qu'à l'argumentaire sérieux mais c'est cela qui est doux. Suite aux commentaires j'ai mis à jour cet article en essayant d'être un poile plus objectif mais toujours critique vis à vis de l'occasion. J'aime quand un article grandi suite à la lecture des lecteurs, continuez comme ça les amis

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