J’ai téléchargé Candy Crush Saga sous le coup de la hype
25 août 2013Alors que l’été semble déjà être chassé par les Indiens, je crois qu’il est temps pour une renaissance estivale et profiter de cette renaissance pour vous parler de mon jeu de l’été. J’ai beau jeu de dire sur les réseaux sociaux que l’été je ne joue pas aux jeux vidéo, la vérité c’est que même si je joue nettement moins que le reste de l’année je joue quand même. J’ai donc inévitablement un jeu de l’été à vous chroniquer. Et le jeu de mon été c’est : Candy Crush Saga.
Oui, oui vous avez bien lu.
Non, non je ne rigole pas.
Candy Crush Saga est contre toute attente devenue le jeu de mon été, tant en terme de temps passé dessus qu’en terme de partage, d’échange et de discussion autour de ce jeu - essentiellement des discussions avec ma mère, ce qui prouve selon moi que ce jeu mérite d’être le jeu de l’année / de l’été -.
Pourtant au départ j’étais plus que dubitatif au sujet de ce jeu que je ne connaissais pas ; attendez, je remets les choses dans le bon ordre.
Au départ, je ne savais pas que ce jeu existait. Je n’avais donc aucun avis ni négatif, ni positif à son sujet et le monde était beau. J’aimais les jeux vidéo avec une passion d’esthète qui me faisait penser que je valais un peu plus que les autres, j’aimais Tetris, Bejewelel et les toutes sortes de casse brique et je croyais mon sens critique aussi affûté qu’il était possible de l’être. Un jour il y a quelques mois, je vois à la télévision une publicité pour Candy Crush Saga, un jeu Facebook aussi disponible sur IO et Android. Je me rappelle très bien qu’au moment où j’ai vu cette publicité pour ce jeu Facebook « gratuit » j’ai tout de suite voulu écrire un article du genre « ça y est les jeux vidéo sont tombés bien bas » dans lequel j’aurai fustigé la pompe à fric casual que les médias veulent nous faire passer pour du jeux vidéo. Mais je suis d’un naturel paresseux doublé d’un grand procrastinateur j’ai donc remis cet article à plus tard ; j’ai eu aussi envie de rédiger un statut Facebook cinglant et drolatique sur le même sujet mais je n’ai pas trouvé de tournure adéquate alors j’ai abandonné l’idée.
L’époque où j’ai découvert cette publicité c’est aussi celle où je découvrais les joies de ma tablette et du jeu tactile. En bon vieux joueur un peu réac’ et un peu paresseux quand il s’agit de faire bouger ses repères je voyais les jeux tablettes comme des sous jeux qui ne méritaient pas que l’on paie pour eux ; j’étais donc intéressé par les jeux gratuits et même si la publicité pour Candy Crush Saga m’avait inspiré un sentiment de répulsion je n’allais pas cracher sur un jeu gratuit. Je l’ai donc - un peu honteusement - téléchargé et j’ai me suis lancé dans ma première partie avec la conviction que j’allais désinstaller le jeu dans un quart d’heure.
J’ai attaqué le jeu avec un véritable a priori négatif, jeu gratuit, jeu mobile, jeu facebook, tout était réuni pour donner lieu à un objet vidéoludique vérolé, avant tout orienté pour faire payer les joueurs et propager l’application à grands coups d’interactions nécessaire pour avancer. Pour ceux qui l’ignorent j’ai été pendant longtemps accro à CityVille et ce fut une expérience douloureuse qui m’a laissé méfiant et de prime abord critique avec les jeux sur Facebook. C’est donc sans me connecter à Facebook que je me suis lancé dans Candy Crush Saga, par pudeur, par dignité et par habitude. Les premières minutes de jeu ont, sans effort, balayé d’un revers de main tous mes a priori sur ce jeu. C'était l'été, j'avais du temps, de l'oisiveté à revendre ; le temps du chômage, du soleil et de ces heures passées dans le transat la tablette en main pour tuer le temps. Les niveaux se sont enchaînés, le temps de passer les premiers niveaux d'adaptation que me voilà sur des niveaux excitant par leur difficulté. Sans m'en rendre compte je passe déjà des heures à jouer.
Pourquoi ? Comment ? Parce que Candy Crush Saga est une machine de guerre parfaitement huilée, une mécanique vidéoludique savamment pensée pour plaire aux joueurs, à tous les joueurs, à tout le monde, au monde entier et justement je suis un joueur, je suis les joueurs, je suis le monde entier ! La contrepartie de ces parti pris de blockbuster, c’est une absence totale d’originalité. Sur ce point-là Candy Crush Saga rejoint The Last Of Us : 100% recyclage des bonnes idées des autres et 0% prise de risque et originalité. Mais les deux jeux sont si « professionnels », si bien calibrés pour être des blockbusters, le gameplay si bien pensé pour être au cœur de l’expérience, que le joueur se fout bien de savoir si c’est original.
Vous remarquez que je n'ai fais aucunes allusion à ce vieux monsieur qui offre des bonbons à une petite fille seule et blonde ... décidément je suis rouillé
Candy Crush Saga commence comme un Bejeweled en remplaçant les gemmes par des bonbons, alignez trois bonbons et ils disparaissent, alignez-en quatre et vous aurez un super bonbon, cinq en L et vous obtenez un bonbon explosif et enfin cinq en ligne et vous aurez une bombe sélective - détruisant tous les bonbons de la couleur choisie -. Avec ce mécanisme vu et revu mille fois vous devez obtenir un certain nombre de points en un nombre de coup limité pour passer au niveau suivant. Il y a d’autres types de niveaux, ceux où il faudra faire le nombre de points requis en un temps limité, ceux où il faudra faire disparaître la gélatine autour de certains bonbons et ceux où il faudra évacuer à travers le niveau un certains nombres de noisettes et de cerises. Candy Crush Saga décline ces trois modes de jeu les nuançant avec différentes sortes de difficultés et d’obstacles. Contrairement à d’autres puzzles game dans Candy Crush Saga il n’y a jamais deux fois le même niveau, jamais deux fois un challenge identique. Cela permet de garder l’intérêt du joueur en éveille en lui évitant la lassitude. Grosso modo, tous les dix niveaux le jeu intègre une nouvelle difficulté ou une nouvelle variation ; bonbon prisonnier, téléporteur, obstacles mobiles en forme de réglisse, bonbons bombes, carreaux de chocolat qui contamine les bonbons, etc. Et c’est là que l’on voit toute la force de ce jeu, il n’invente jamais rien, mais il parvient à intégrer avec un grand sens de la justesse les éléments déjà présents dans d’autres jeux. Mais c’est si savamment distillé dans l’habillage liquoreux du jeu que l’on oublie qu’il n’y a rien de neuf et on joue.
L’autre force du jeu, et à mon sens sa grande qualité première, c’est le judicieux dosage de sa difficulté. La difficulté de Candy Crush Saga n’est pas simplement linéaire partant du très simple et en grimpant linéairement vers l’infernal. Bien sûr, les premiers niveaux sont globalement plus simples que les niveaux avancés, mais au sein de cette progression du challenge il y a de très louable variation. Le jeu n’hésite pas à proposer aux joueurs des challenges complexes assez rapidement dans la progression. Et quand je joueur parvient à surmonter ce pic de difficulté le jeu lui offre souvent des niveaux plus simples ou des niveaux plus funs - le genre de niveau qui va faire plein de combos avec de jolis effets et une musique sympa - ; la bonne vieille technique de la carotte et du bâton est toujours autant efficace quand elle est bien faite. Cette progression non linéaire de la difficulté elle aussi évite que le joueur s’enferme dans une routine ou pire encore dans la lassitude.
Le dernier élément propre aux jeux Facebook et qui évite que le joueur tombe dans la lassitude c’est le nombre de vies limité. Quand on lance commence à jouer, on a 5 vies. Chaque fois que l’on échoue dans un tableau, on perd une vie. Quand on a perdu toutes ses vies soit on paie pour en avoir d’autres, mais si on est radin on patiente 30 minutes pour récupéré une vie. On va donc se retrouver à jouer entre 10 minutes et 30 minutes jusqu’à perdre ses 5 vies puis on arrête et on laisse passer quelques heures le temps de renouveler ses vies. On pose le jeu, on passe à autre chose, on vit sa vie et quelques heures après on revient à Candy Crush Saga avec une motivation neuve et un appétit nouveau. Mine de rien, je trouve qu’en empêchant ses joueurs de jouer jusqu’à l’overdose Candy Crush Saga réussi un petit tour de force d’une en démontrant qu’une dose de frustration est parfois nécessaire pour tenir un joueur et de deux que l’on peut s’attacher une communauté de fans importantes sans que le joueur soit connecté sans cesse à son jeu.
Parce que au-delà de tout ce que j’ai pu dire la particularité absolue de ce jeu qui lui vaut son titre de jeu de mon été c’est certainement son aspect populaire. Et notez bien que je dis populaire et non casual. Tout le monde joue à Candy Crush Saga, il suffit d’avoir un compte Facebook et de voir combien de nos amis nous sollicite pour jouer. C’est la force de la viralité, il y a quelque chose de plaisant dans le fait de partager une expérience commune les autres, ses proches, ses amis, sa famille et c’est d’autant plus vrai quand il s’agit de partager une expérience de jeux vidéo avec ses proches ou sa famille quand en temps normal ils ne sont pas joueurs. Ma sœur a commencé Candy Crush Saga sur Facebook, elle y a invité ma mère, je m’y suis un sur ma tablette quelque temps après elles et cela peut sembler con, mais j’apprécie de partager cela avec elle ; recevoir un texto de sa mère où elle te dit qu’elle vient de passer le niveau où tu es bloqué c’est une chose stimulante. Et ce qui est vrai avec sa mère fonctionne aussi avec sa nièce de huit ans, Candy Crush Saga est un jeu écuménique.
Évidemment il y a une face sombre à ce si fameux jeu ; qui dit jeu gratuit et application facebook, sous entend interactions sociales nécessaires pour avancer dans le jeu. Quand on a synchronisé son jeu et son compte Facebook c’est vrai ; si on veut de nouvelles vies, si on veut des bonus, si on veut franchir les étapes il faut inviter ses amis. Toujours plus, toujours plus, c’est comme ça que le jeu se répand sur la toile depuis des mois. Cette facette du jeu est réelle et a priori très rentable parce que si on ne veut pas polluer ses amis, on peut toujours compenser en achetant ce que nos amis ne nous offrent pas à coup de 0.89€ ; c’est le principe des modèles économiques dits « gratuit ». Mais ce que j’aime dans ce jeu, c’est que si l’on décide de jouer hors ligne, loin de facebook, sans afficher à tout le monde que l’on passe son temps sur « un jeu de chômeur » - je suis sûr que l’on peut mener une enquête sociologique à travers le temps que passent les gens sur les jeux gratuits de Facebook par rapport à leur activité professionnelle - et même si on refuse de payer pour jouer et bien on n’est pas réellement pénalisé. On peut jouer gratuitement à Candy Crush Saga sans que ce soit problématique ; pas de publicité mensongère. Le seul handicap c’est quand on a terminé un monde on doit franchir une « étape » avant de commencer le suivant. Les joueurs Facebook pour passer au suivant doivent quémander trois autorisations à leurs amis, vu le nombre de joueur ça va vite, mais les joueurs hors lignes doivent réussir trois missions spéciales, elles ne sont pas très difficiles, par contre on ne peut en faire qu’une toute les 24 heures. Mis à part ce détail jouer hors ligne est même une bonne option selon moi.
Encore une fois je voudrais le dire, le redire : non, Candy Crush Saga n’est pas un jeu casual mais un jeu populaire. Il suffit de l’essayer pour s’en rendre compte. Tant par la qualité de l’habillage - surtout sur tablette où je trouve les graphismes plus fins et la prise en main plus souple - que par l’honnêteté de la difficulté et la justesse des mécanismes de jeu Candy Crush Saga offre une véritable expérience de jeu vidéo. Un vrai challenge pour tous les joueurs amateurs de casse brique et de puzzle game. J’en suis le premier surpris et certainement pas le dernier accro. Ce jeu n'est pas comme tous ces autres jeux Facebook, ces sous jeux, jeux mineurs souvent minables. Avec Candy Crush Saga on est devant un véritable jeu, et j'ose penser que le succès retentissant de ce titre tient à cela, un gameplay de qualité qui puise chez ses prédécesseurs leurs meilleurs idées et un habillage mignon formaté pour plaire au plus grand nombre. C'est d'ailleurs l'aspect le plus casual de ce jeu, mais en même temps dans un puzzle game l'esthétique est souvent secondaire.
Même si j’ai joué à Candy Crush Saga tout l’été l’idée d’écrire dessus ne m’est pas venue facilement. Et au final le sujet n’est pas si simple à traiter ; que dire ? L’article part bien parce qu’il raconte une histoire, une histoire vraie : la mienne. Par la suite, je trouve que l’article s’enlise dans des détails moins intéressants. Je tenais pourtant vraiment à souligner que le dosage de la difficulté est vraiment bien foutu, mais j’ai trop utilisé le terme linéaire et je crois que j’ai assez mal retranscrit l’intérêt de cette variation dans la difficulté. Après j’ai aussi écrit cet article avec un petit esprit rebelle. Au moment où tout le monde parle PS4, XBoxOne, parler d’un simple jeu tablette en utilisant l’idée de jeu de l’été je trouvais ça amusant, comme de le comparer à The Last Of Us. Cela ne m’a pas empêché d’être sérieux et sincère et comme toujours trop long. Bref un article de reprise. Il ne manquait plus qu'un titre pour parfaire cet article et je n'ai jamais été doué pour les titres. Quand il faut écrire une tartine immense ça oui il y a quelqu'un mais pour trouver une formule choc, drôle ou spirituelle et suffisamment intriguante pour motiver quelques clics alors il n'y a plus personne. Du coup pour choper ce titre j'ai triché et je suis allé fouiner sur Twitter - honte à moi - puis j'ai un peu retouché cette formule que je trouvais drôle.