Killer is Dead : mes premières impressions
10 sept. 2013Sexy, stylé, hyper violent, drole, Suda51 c'est un peu tout cela Killer is Dead
Killer is Dead !
C’est le nom d’un jeu.
C’est le nom d’un jeu produit par le studio Grasshopper Manufacture.
Grasshopper Manufacture est un studio qui développe des jeux vidéo et Suda 51 en est l’homme clef.
Killer is Dead est un jeu de Suda 51.
J’aime les jeux de Suda 51
Suda 51 est un des rares auteurs du jeu vidéo.
Killer is Dead est un jeu d’auteur.
Ceci n’est pas un test, pas une critique, pas une promotion de Killer is Dead. Cet article relate simplement mes premières impressions après mes premières heures de jeu.
Mais je n’ai pas eu besoin de nombreuses heures de jeu pour savoir ce quoi penser de ce jeu.
Dès la première scène, j’ai su.
Dès les premières secondes de la première scène, j’ai su. Plus précisément j’ai senti, ressenti, perçu, compris que j’allais aimer ce jeu.
La première scène qui est tout à la fois l’introduction et le tutoriel se déroule dans une ruelle. Le style graphique de la scène est très fort. C’est un cel-shading très très appuyé, et très très noir. On est à la limite d’un dessin en aplat de couleur, et cela donne une esthétique très proche du roman graphique. J’ai pensé à Sin City. Le héros de Killer is Dead me fait penser à Kevin le tueur joué par Elijah Wood.
Le héros de Killer is Dead a de la classe. Malgré un prénom bizarre, Mondo Zappa, il est élégant avec son costume noir, ses lunettes auxquelles les éclairages donnent l’impression que les verres sont blancs, son katana, son bras cybernétique, sa nonchalance, son indifférence et les femmes qui tournent autour de lui.
Mondo Zappa est un homme à femmes.
Monda Zappa couche avec des femmes.
Mondo Zappa baise.
Monda Zappa est un poseur, un baiseur, un imposteur, un peu loser, un tueur, un séducteur.
Mondo Zappa est un personnage de Suda 51.
Killer is Dead est un jeu de Suda 51.
Cela vous saute aux yeux dès les premières secondes.
Killer is Dead est une somme.
Une œuvre totale, et d’une certaine façon une œuvre terminale, dans le sens où elle réunit, résume, ressasse, rassemble, toutes les obsessions de Suda 51, toutes ses névroses, toutes ses passions, tout son univers.
Quand on joue à Killer is Dead, on est interpellé par ces éléments qui nous rappellent les autres productions de Suda 51.
Le titre évoque inévitablement aux anciens Killer 7 le jeu qui a fondé la légende de Suda 51. L’esthétique en aplat, cel-shading et en traitement psychédélique de la couleur, rappelle aussi les productions de Suda 51. On trouve beaucoup d’autres choses encore. C’est flagrant quand on joue ; héros à katana, esprits maléfiques, la place de la musique dans la narration, l’aspect parodique, le gore, l’humour, les femmes, les tueurs, le télescopage de plusieurs réalités, la pop culture, l'hybridation, l’apparat, l’esthétisation, le sérieux, Killer 7, Shadow of the Damend, Lollipop Chainsaw, Black Knight Sword, No More Heroes, etc. C’est un savoir faire, mieux encore c’est un style Suda 51.
Le jeu en rappelle aussi d’autres qui n’ont pas été produits par Grasshopper Manufacture.
Ce jeu est une somme comme peuvent l’être d’autres jeux. Je pense surtout à The Last of Us qui compile lui aussi énormément de références. Mais Killer is Dead est un jeu d’auteur quand The Last of Us est un blockbuster.
Le premier repose sur les obsessions conceptuelles d’une personne, son auteur.
Le second repose sur la volonté de produire un jeu calibré pour plaire au plus grand nombre.
Les deux jeux réussissent dans leurs ambitions divergentes.
Killer is Dead est vénéneux.
C’est un des plus beaux jeux disgracieux qu’il m’ait été donné de voir.
Je le regarde, je l’aime et je souffre.
C’est un jeu donne envie d’y revenir. Au moment où l’on est entrain de traverser un niveau on éprouve par avance le plaisir d’y revenir.
Un jeu empoisonné, biscornu, visionnaire, paresseux et éclairé au sens de lucide.
Un jeu lucide sur lui-même ; une claque.
Killer is Dead est conscient de sa nature de série B, un jeu d’action. Et il n’hésite pas à le dire. Il le revendique, le clame. Il va jusqu’à le faire dire par son héros.
Je crois que c’est à la fin de l’épisode deux, ou trois. Le héros disserte avec le boss avant de l’affronter. Le boss propose au héros de s’allier à lui pour régner sur le monde. C’est là que Mondo Zappa rétorque au boss que ça n’intéresse pas le joueur qui est là pour un jeu d’action.
Une claque.
L’irrévérence de Suda 51.
L’irrévérence et l’absurdité que l’on retrouve dans les phases de séduction judicieusement nommée mode gigolo. Dans ces phases-là Mondo Zappa doit séduire une fille. Pour arriver à ses fins il faut lui offrir des cadeaux. Les cadeaux Mondo les achètent avec les primes qu’il obtient en terminant les différents épisodes du jeu. Avant d’avoir le courage d’offrir un cadeau à une fille Mondo doit faire monter sa jauge d’audace en mattant discrètement la fille avec la gigolo-vision ; nuque, gorge, décolleté, jambe, etc, selon la zone mattée la jauge monte plus vite. Mais attention à ne pas être trop lourd sous peine de se voir éconduire. Mais si Monde parvient à ses fins il couchera avec la belle qui en retour lui offrira une nouvelle arme ou un nouveau costume. Délicieux, absurde, inutile, essentiel.
J’aime Killer is Dead.
Dès le début j’ai aimé Killer is Dead.
Je ne comprends rien au scénario.
Je ne comprends rien à l’univers.
Je fais un peu exprès de me laisser berner, cela décuple les sensations.
Killer is Dead c’est de la drogue.
Killer is Dead est un bon trip.
Devant un level design ouvertement poussif et passif et derrière un gameplay simpliste à deux boutons se trouve pourtant une expérience de jeu assez jouissive, nerveuse et mine de rien plutôt technique.
Je n’ai pas fini Killer is Dead.
Je vais finir Killer is Dead.
Je reviendrai à Killer is Dead.
J’écrirai une critique complète de Killer is Dead pour dire tout le bien que je pense de la radicalité dans le jeu vidéo, l’importance de la notion d’auteur, les rapports entre Suda 51 et « le quatrième mur » du jeu vidéo, je parlerai du jeu, de ce que je n’ai pas encore vu, ressenti ou comprit.
Killer is Dead est un bon jeu parce que en y jouant on est souvent entrain de réfléchir, penser, comprendre des choses et j’aime cela.