P - Press Start

Il existe pour l’ensemble des jeux vidéo une seule grande dichotomie qui permet de les scinder en deux catégories distinctes et fondamentalement opposées. Il y d’un coté les jeux dont l’écran titre affiche une inscription « Appuyez sur Start » ou une de ses variations autour de Press Start et de l’autre côté il y a les jeux dont l’écran titre affiche « Appuyez sur un bouton » ou un de ses déclinaisons autour de la pression d’un bouton.

 

Appuyez sur Start vs Appuyez sur un bouton c’est la grande lutte du jeux vidéo. Les jeux qui proposent une inscription appuyez sur un bouton ont cette indéniable qualité qu’est le pragmatisme de l’honnêteté. Ce sont des jeux à qui l’on peut faire confiance ; bien sûr c’est moins noble et prestigieux que « appuyez sur Start » mais on sait, quand on est devant cette phrase, qu’elle ne peut pas nous mentir. Effectivement réduire la complexe et intuitive interface homme-machine à un simple bouton manque d’élégance, de visée métaphysique et de force poétique, mais c’est efficace. Appuyez sur un bouton c’est la confrontation directe et frontale à d’un utilitarisme qui nierai presque toute la dimension culturelle du jeu vidéo.

Vous pensez peut-être que je vais faire l’éloge des jeux qui ordonnent d’appuyer sur Start parce qu’ils ont la noblesse de la tradition et l’élégance du jargon d’initié, oui je pourrais vous faire cette éloge mais pas tout de suite parce qu’à ce stade de ma rhétorique le nœud gordien du problème n’est pas prêts pour être dévoilé. Mais oui il y a un problème. Parmi la confrérie prétendue noble des jeux qui affichent « Appuyez sur Start » une majorité tolère que le joueur appuie sur n’importe quelle touche : Appuyez sur Start est devenu un odieux mensonge qui se répand comme la peste sur le moyen âge ; une trahison vis-à-vis de la noblesse de cette formule qui cherche à lui voler de son prestige.

Mon dieu, pourquoi ont-ils trahi la rigueur d’appuyez sur Start ? Est-ce là le signe irréversible de la casualisation du jeu vidéo ? Faut-il comprendre que dans le doute qu’un joueur mainstream ne sache pas où se trouve le bouton start les développeurs lui laissent des portes de sorties aussi nombreuses que les touches sur un pad de consoles next-gen ? À la lueur de cette hypothèse je suis obligé de réévaluer, ces jeux qui ne mentent à personne en demandant d’appuyer sur un bouton.

Aujourd’hui je peux dire que les jeux vidéo se divisent en deux catégories, ceux qui mentent et ceux qui assument leur condition pragmatique ; bien sûr dans les jeux honnêtes il reste une poignée d’authentique Appuyez sur Start qui refusent de réagir si le joueur appuie sur un autre bouton, quand je tiens un de ces jeux j’éprouve une émotion sincère teintée de plaisir à appuyer sur croix et voir qu’il ne se passe rien. Mais si c’est pour mentir pourquoi afficher Appuyez sur Start ? Est-ce pour gratter un peu de cette aura rétro du temps où il fallait effectivement appuyer sur Start pour lancer le jeu, cette époque où le bouton Start valait plus que les autres mais si c’est pour cela pourquoi alors ne pas aussi afficher insert coin à l’écran histoire de donner aux joueurs l’impression d’une borne d’arcade ?

Alors que ces deux grandes familles du jeu vidéo se débattent pour exister entre mensonges et réalité je dois avouer qu’il existe un futur, voir un présent alternatif ; il existe ces jeux sur tablettes et écrans tactiles qui annoncent une autre chose, qui mettent en place une rhétorique nouvelle que je trouve dégoûtante en vieux joueur réac’. Ces jeux demandent au joueur de toucher l’écran ; vu que l’écran est le pad autant imaginer une console qui demande au joueur de toucher son pad ; touche ton pad, touche ton cul, c’est la même chose, c’est d’une grande vulgarité et c’est une tautologie absurde parce que bien sûre que si je veux jouer je touche mon pad. Il est déjà douloureux de voir ces jeux qui affichent Appuyez sur Start mais qui tolèrent que l’on appuie n’importe quel bouton alors je vous en prie ne laissons pas les Touchez l’écran prendre du pouvoir.

P - Press Start ou la grande dichotomie du jeu vidéo
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