Bonne année le jeu vidéo

Et voilà, c’est la bonne année ; bonne année le jeu vidéo. Ça fait combien de temps que l’on est là toi et moi à tourner les pages du calendrier ? Ce n’est pas la peine de me répondre, ceci est une pure question rhétorique, et puis, en plus, je ne suis pas dupe, le jeu vidéo c’est juste un concept, une idée, un loisir, un média, un hobbit, une névrose, une passion, bref en aucun cas une personne en mesure de me répondre même s’il était advenu que ma question ne soit pas une pure question rhétorique.

Ceci étant dit ça en fait du temps que je passe des hivers et des années avec toi, et là, au pied du futur, parce que 2015 c’est le futur, c’est indéniablement le futur, je ne sais pas quoi te souhaiter. C’est un peu comme avec un enfant trop gâté, pourri gâté, à qui on ne sait plus quoi offrir parce qu’il a tout, à moins que je ne sois dans la peau de cette tante gentille mais éloignée et qui ne sait pas - ou plus - ce qui ferai plaisir à son neuve parce qu’elle n’a pas su avancer avec son temps ; voilà, c’est moi, ma posture, ma position, je suis ta vieille tante éloignée ou ton oncle bien gentil mais qui ne comprend plus rien à rien parce qu’il a laissé filé le temps oublié d’ancrer ici et là dans le temps présent quelques intérêts personnels, culturels, générationnel.

Bravo, je venais te souhaiter la bonne année, et voilà que tu me traite de vieux con, et le pire c’est que tu n’as certainement pas tort. Et en même temps, qu’est-ce que je pouvais te souhaiter ? Du succès ? Parce que le succès c’est le nerf de la guerre et c’est ce qui te poussera à surpasser tes parents, partenaires, concurrents qui sont tous tes ancêtres, littérature, cinéma, art, ces aïeuls que tu regardes avec envie toi le petit dernier qui cherche encore à s’émanciper et qui suppose que c’est par le succès que tu vas gagner l’indépendance. Je pourrais te le souhaiter si je croyais vraiment que cela puisse avoir un lieu. Mais non. Alors quoi ? Des clients, nouveaux passionnés, des fidèles, les lieutenants, bons ou mauvais, de la marche forcenée que tu as débuté pour dominer le monde - sans limite - du divertissement ? Peut-être, peut-être qu’ainsi je me sentirai moins seul, moi que tu as abandonné au bord de la route du progrès. Mais les possibles sont nombreux et moi, je pourrais te souhaiter une nouvelle mode, une nouvelle case pour ranger tes fans, une nouvelle étiquette pour mieux encadrer les frontières de ta récréation, un nouvel engouement et une manière d’enrober le passé pour en faire le fruit d’un présent qui devrait, normalement, avoir le goût du futur.

Mais c’est peut-être cela que je vais te souhaiter. Pour aujourd’hui, pour cette année et pour les mois à venir, les années aussi, je vais te souhaiter jeu vidéo de parvenir à inventer le futur ; et peut-être même le devancer.  C’est là que je voudrais te voir, te savoir, en avance sur ton temps et le nôtre par extension, te voir entrain de renverser nos certitudes, de bousculer nos habitudes et de donner naissance à un monstre, un concept hors-norme, extra-consensuel comme d’autres peuvent être extra-terrestre et avec lui, terrasser la culture. Créer la force de faire table rase du présent pour dessiner le futur.

Nous y sommes, toi, moi, tous les autres, les humains, les concepts, et les machines, nous sommes devant le futur, au pied de cet Everest tant de fois désiré, et c’est la course à celui  qui saura le gravir au plus vite, le créer, l’intuiter, et ce futur, ce 2015, j’ai toujours cru que ce serai toi qui allait le créer, prendre la suite de la littérature de Science-Fiction et réussir là où le cinéma s’essouffle empesé de trop d’enjeux d’argent. Mais tu es comme lui, tu veux devenir comme lui, quel dommage, si près du but, du futur, de la réalité virtuelle et de tous connectés à la matrice ; tu n’avais plus qu’à cueillir les fruits fictionnels issus de ce graines essaimées depuis le siècle dernier à travers la pop culture. Tu étais là avant eux, avant tous, tu étais là dans les romans, dans les esprits, à l’avant-garde du futur qui allait arriver.

Nous y sommes. Pour cette année 2015, entend bien les chiffres, l’an deux mille quinze, je te souhaite de parvenir à incarner le futur.

Bonne année à toi le jeu vidéo.

Bonne année le jeu vidéoBonne année le jeu vidéo

Et un jour viendra où tu réaliseras que tu as laissé passer le temps, que tu n'as plus le temps d'être à la page, et celles qui te restera se seront les pages cornées et jaunies d'un objet culturel, vieux, et il sera trop tard.

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